Reçus par Michel Barnier, les responsables communistes ont rappelé au nouveau Premier ministre leurs lignes rouges, alors que la majorité des membres du Nouveau Front populaire annonce déjà vouloir censurer le futur gouvernement. Interrogée par Public Sénat, Cécile Cukierman, présidente du groupe communiste au Sénat, reconnaît néanmoins des « diagnostics partagés » avec le nouveau locataire de Matignon sur la situation du pays.
Valls n’apportera son parrainage ni à Hamon… ni à Macron
Par Public Sénat
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Que fera Manuel Valls au soir du premier tour de la présidentielle ? Le Parisien/Aujourd’hui en France affirme dans son édition de mardi que l’ancien premier ministre va appeler à voter Macron dès le soir du premier tour, citant des proches. Affirmation vite démentie, dès lundi soir, par Manuel Valls auprès de l’AFP.
L’ex-locataire de Matignon affirme en revanche lui-même, dans un autre article publié dans Paris Match, qu’il ne « peut pas apporter (son) parrainage à Benoît Hamon ». Mais que le candidat du PS se rassure (un peu), Manuel Valls ne donnera pas pour autant sa signature au candidat d’« En marche ! » « Manuel Valls n’apportera pas son parrainage à Emmanuel Macron » affirme à publicsenat.fr un très proche de l’ancien premier ministre. « La seule information fiable, c’est qu’il ne donnera son parrainage à personne » confirme le député PS Olivier Dussopt, porte-parole de Manuel Valls pendant la primaire.
Principe de réalité
Quinze jours après une première réunion, Manuel Valls va à nouveau rassembler ce soir ses soutiens à l’Assemblée nationale. Sa parole sera attendue. S’il n’apportera pas son parrainage à Emmanuel Macron, rien ne dit qu’il ne lui apporte pas son soutien à l’avenir, avant tout pour faire barrage au FN.
L’article du Parisien peut surprendre au premier abord. L’ancien ministre de l’Economie a fait de l’ombre aux ambitions de l’ex-premier ministre à la fin du quinquennat. Aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui incarne la recomposition que Manuel Valls défendait avant lui avec l’idée d’une « maison commune des progressistes ». L’OPA du leader d’En marche ! sur ce terrain est jusqu’ici couronnée de succès. Mais même face à son meilleur ennemi, le principe de réalité prend le dessus. Il y a deux semaines, devant ses amis, Manuel Valls n’avait pas fermé la porte à un possible soutien à Emmanuel Macron (voir notre article). Il faut « se demander quel est le meilleur candidat à gauche pour être au second tour et battre Le Pen » avait-il affirmé, selon un participant… Sur le fond, il est aussi plus proche d’Emmanuel Macron que de Benoît Hamon, notamment sur les questions économiques.
« Son objectif est d’empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir et il ne veut pas que les Français soient confrontés à un choix mortifère entre François Fillon et Marine Le Pen, qui échappe étonnamment aux effets des affaires mais qui a un programme encore plus dangereux que celui de François Fillon » confirme aujourd’hui Olivier Dussopt.
Comme il y a 15 jours, où il estimait que « tout ce qui est fait depuis la primaire aboutit à poser un problème stratégique », Manuel Valls est toujours mal à l’aise avec la campagne de Benoît Hamon. « Hamon ne suscite pas d'engouement » dit-il à Paris Match. L’accord avec les écologistes n’est toujours pas digéré. « Je ne pourrais pas assumer autant de contradictions » confie-t-il encore à l’hebdomadaire.
« Il estime que Benoît Hamon devrait parler au cœur de l’électorat socialiste, c’est évident, aux gens qui ont voté Hollande en 2012 et qui sont aujourd’hui éparpillés. Hamon doit trouver les mots, les formules et les signes » selon un proche. D’autant qu’« il n’y a pas de voix à prendre chez Mélenchon, mais plus à aller chercher de l’autre côté, chez Macron ».
« Mais tôt ou tard, Manuel Valls reparlera »
Des signes, c’est pourtant ce que semble faire le candidat PS. Après avoir affirmé que la règle européenne des 3% de déficit était un « non-sens », Benoît Hamon s’est engagé vendredi à rester « en dessous des 3% » de déficit public à la fin de son quinquennat. « C’est bien, il faut continuer » estime un fidèle. « C’est un peu tard » pour un autre des soutiens de Manuel Valls, qui s’étonne qu’il faille « attendre une demi phrase un mois et demi après la primaire. Celui qui est responsable de l’unité, c’est le gagnant de la primaire. On ne peut pas dire que les gestes soient suffisants ».
Pour certains vallsistes, la « question » est de savoir s’il faut parler avant le premier tour ou après, et le cas échéant, appeler à voter Macron contre Le Pen si le second tour prenait cette configuration. Tous ne semblent pas d’accord sur le sujet. On voit de plus en plus les soutiens de Manuel Valls divisés. L’ancien ministre de l’Intérieur les avait pourtant appelés à rester rassemblés. Mais certains pressent quand d’autres demandent d’attendre. « Le 23 avril au soir, on verra ce qui se passe. Mais aujourd’hui, on n’est pas au soir du premier tour. Attendons de voir ce qui va se passer » estime ainsi ce proche, qui ajoute que « Manuel Valls ne s’exprimera pas publiquement dans les jours qui viennent. Mais tôt ou tard, il reparlera ».