Variole du singe : « L’Etat joue avec le feu », prévient Bernard Jomier

Variole du singe : « L’Etat joue avec le feu », prévient Bernard Jomier

La flambée des contaminations de la variole du singe en Europe inquiète l’OMS. Elus et associations appellent la France à accélérer sur la vaccination. Nombre de doses disponibles ? commandes ? L’opacité règne autour de la stratégie sanitaire comme l’avaient dénoncé les sénateurs la semaine dernière lors d’une audition.
Simon Barbarit

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Avec 50 % d’augmentation des cas en une semaine, l’épidémie de variole du singe est en train de prendre un tournant inquiétant en Europe. En France, au 13 juillet, 912 cas étaient confirmés. Une semaine plus tard, 1 453 cas étaient recensés par Santé publique France, le 19 juillet.

Cette flambée de contaminations constitue-t-elle une urgence de santé publique de portée internationale ? Soit le plus haut niveau d’alerte. C’est ce que va déterminer le comité d’urgence de l’OMS, qui se réunit ce jeudi.

En ouverture de la réunion, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’organisation internationale s’est déclaré « inquiet » de la diffusion de la maladie.

Vaccins : « On livrera en fonction des besoins »

Face à ce virus qui touche principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, et les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels, la stratégie vaccinale de la France inquiète élus et associations. La semaine dernière, lors d’une audition des représentants de Santé publique France et de la Direction générale de la santé publique, les sénateurs s’étaient vus objecter le secret-défense pour justifier la non-communication sur les doses de vaccins disponibles.

Clément Lazarus, adjoint à la sous-direction de la DGS avait tout de même fini par lâcher le nombre de doses livrées sur le terrain. « On a déjà déstocké 7 500 doses et on a 5 000 doses qui sont prévues pour la semaine prochaine et la semaine suivante. Et on livrera en fonction des besoins », avait-il expliqué.

> > Lire notre article. Variole du singe : « Sur le nombre de vaccins disponibles pour la population, on ne peut pas opposer le secret-défense », s’indigne Bernard Jomier

Ce jeudi, la Direction générale de la Santé a indiqué à franceinfo que 30 000 doses de vaccins étaient disponibles dont 20 000 déjà sur le terrain.

« Le retard pris va entraîner une diffusion du virus auprès d’autres populations »

« La politique de vaccination va beaucoup trop lentement. 20 000 vaccins alors que la population exposée est d’au moins 150 000 personnes… L’Etat joue avec le feu. Il existe un vaccin préventif qui marche. Il faut l’utiliser. Le retard pris va entraîner une diffusion du virus auprès d’autres populations », alerte le sénateur socialiste, Bernard Jomier, médecin de formation.

Pour mémoire, la Haute autorité de Santé recommande la vaccination préventive aux hommes ayant des relations sexuelles avec des personnes du même sexe, aux professionnels exerçant dans des lieux de consommation sexuelle et aux personnes se trouvant en situation de prostitution. La vaccination est aussi proposée aux adultes ayant eu un contact à risque avec un malade. « Je peux vous assurer qu’en lien avec les Agences régionales de Santé, le ministère est en train de finaliser toutes les mesures nécessaires pour que cette vaccination (préventive) puisse débuter dès le début de la semaine prochaine (le 11 juillet) », assurait, il le 8 juillet, le ministre de la Santé, François Braun.

Le 13 juillet, le gouvernement mettait en place une ligne téléphonique dédiée au virus.

Mais depuis les associations LGBTQ + constatent les difficultés pour obtenir un rendez-vous.

AIDES, l’association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales, appelle ce jeudi le gouvernement à mettre en place « une campagne de vaccination coup de poing ». L’association demande que des « doses soient mises à disposition dans les pharmacies de ville et que les médecins libéraux volontaires puissent être des piliers de cette campagne de vaccination ».

L’Entreprise danoise Bavarian Nordic, l’unique laboratoire produisant un vaccin autorisé contre la variole du singe, informait mardi, avoir reçu d’un pays européen, dont le nom n’a pas filtré, une commande d’1,5 million de doses, majoritairement livrées en 2023. Les Etats-Unis ont quant à eux commandé 2,5 millions de doses supplémentaires.

Vers une commission d’enquête ?

Si la variole du singe guérit généralement d’elle-même au bout de deux ou trois semaines, elle a néanmoins « un impact très lourd sur la vie quotidienne des personnes contaminée », rappelle Bernard Jomier. Le virus se caractérise par des éruptions cutanées sur les organes génitaux ou dans la bouche. Elle peut s’accompagner de poussées de fièvre, de maux de gorge ou de douleurs au niveau des ganglions lymphatiques.

« Le fait que ce virus n’est pas à proprement parler mortel n’est pas une justification pour le gouvernement. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. La commission des affaires sociales a été très réactive en organisant une audition la semaine dernière. Si nécessaire, nous nous pencherons de manière plus approfondie sur la manière dont l’Etat a répondu à cette maladie », indique le sénateur qui n’exclut pas l’hypothèse d’une commission d’enquête à l’image de celle sur la gestion du Covid-19, fin 2020.

 

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