Depuis la mi-mai, des cas de variole du singe ont été détectés en France. Aujourd’hui, « il y a 912 cas confirmés en France », indique Clément Lazarus, l’adjoint à la sous-direction de la Direction générale de la santé (DGS).
Devant la commission des Affaires sociales du Sénat, Clément Lazarus a dressé un état des lieux de cette variole « simienne ». L’âge médian des personnes contaminées est de 36 ans, cette variole touche principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, et les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels.
« Ce n’est pas une maladie des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes »
« Ce n’est pas une maladie des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, mais actuellement l’épidémie que nous connaissons dans les pays de l’hémisphère nord et en Europe est centrée sur cette communauté », a insisté Clément Lazarus. L’épidémie pourrait donc se répandre au-delà. Il précise également que « ce n’est pas une infection sexuellement transmissible au sens propre » même si cela « s’en rapproche ».
L’adjoint à la sous-direction de la Direction générale de la santé (DGS) a aussi mis en avant le travail effectué par ses services et ceux de Santé publique France. Telle que la mise en place d’un numéro vert « Monkeypox Info service » (0801-90-80-69) accessible de 8 heures à 23 heures et sept jours sur sept, pour informer le public de l’épidémie et de la vaccination. « On est parmi les premiers pays à faire de la vaccination préventive, nous avons plus de 70 centres de vaccination référencés », a également avancé Clément Lazarus.
L’infectiologue Xavier Lescure a également apporté son éclairage. « Actuellement, sur un panel de plus de 500 patients (hôpital Bichat et Pitié-Salpêtrière), on a plus de 25 hospitalisations. Ce n’est pas complètement négligeable mais ce sont des patients qui ne sont pas en réanimation », souligne l’infectiologue. Si « la gravité est faible » et qu’aucun décès n’a été signalé dans les pays du nord, certains éléments interrogent.
Xavier Lescure pointe notamment la « transmission interhumaine assez dynamique », les « éruptions cutanées » et « les lésions génitales ou péri génitales » particulièrement douloureuses.
Les sénateurs de la commission des Affaires sont néanmoins restés cois face au discours de l’adjoint à la sous-direction de la DGS qui a invoqué le secret-défense pour justifier la non-communication sur les doses de vaccins disponibles.
Bernard Jomier, sénateur socialiste et médecin de formation, a ainsi évoqué « un discours bien lissé qui ne correspond pas à la réalité des faits ». Le problème, selon lui, est que la France accuse un retard sur la livraison des vaccins. « A la fin mai, nous avions le premier avis de la Haute autorité de santé sur le vaccin. C’est le moment où l’Allemagne, elle, commandait 240 000 vaccins pour sa population », a-t-il pointé.
« Quand et combien de vaccins avez-vous commandés ? », a aussi interrogé Bernard Jomier. « Sur le nombre de vaccins disponibles pour la population, on ne peut pas opposer le secret-défense, ça ne ressort pas de la sécurité nationale », s’est indigné le sénateur socialiste. La sénatrice écologiste, Mélanie Vogel, a renchéri sur cette question : « Les remontées qu’on a nous indiquent qu’il n’y a pas de rendez-vous disponibles pour la vaccination, donc la question c’est pourquoi et à quel terme on peut résoudre le problème ? »
« On a des niveaux de stocks suffisants et des commandes supplémentaires sont faites », assure Clément Lazarus
« Ce stock de vaccin antivariolique a été constitué dans le cadre du « plan variole ». Le plan variole est piloté par le secrétariat de la défense et de la sécurité nationale et donc le secret lui appartient », a répondu Clément Lazarus. Et de préciser les sanctions encourues s’il divulguait des données couvertes par le secret-défense : « 5 ans de prison et 100 000 euros d’amende ».
L’adjoint à la sous-direction de la DGS a néanmoins renseigné le nombre de doses livrées sur le terrain. « On a déjà déstocké 7 500 doses et on a 5 000 doses qui sont prévues pour la semaine prochaine et la semaine suivante. Et on livrera en fonction des besoins », assure-t-il en précisant que ce vaccin est fourni par un laboratoire Danois, le Bavarian nordic.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles la France n’a pas participé à la commande européenne, Clément Lazarus explique que « la priorité a été donnée à des pays qui n’avaient pas de stocks ».
D’autres questions se posent autour de la durée d’isolement particulièrement longue : 21 jours. Le représentant de la DGS assure que l’accompagnement sera renforcé pour les personnes placées à l’isolement.
L’infectiologue Xavier Lescure a lui reconnu qu’il y avait des délais d’attente encore trop longs pour la vaccination. Il y a des centres qui sont référencés mais qui ne sont pas encore actionnés. Il y a une forte demande et on a beaucoup de difficultés à prioriser le préventif et la post-exposition », a-t-il expliqué. « Il faut être très modeste avec cette maladie », a également appuyé Xavier Lescure en indiquant qu’il restait de nombreuses inconnues.