Veaux, vaches, cochons et coups de pression: la cause animale à l’Assemblée
Veaux, vaches, cochons ou poules et "50 mails par heure": temps fort ces derniers jours à l'Assemblée nationale sur la cause...

Veaux, vaches, cochons et coups de pression: la cause animale à l’Assemblée

Veaux, vaches, cochons ou poules et "50 mails par heure": temps fort ces derniers jours à l'Assemblée nationale sur la cause...
Public Sénat

Par Charlotte HILL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Veaux, vaches, cochons ou poules et "50 mails par heure": temps fort ces derniers jours à l'Assemblée nationale sur la cause animale, qui s'invite dans le débat politique, avec associations et stars en soutien face à des éleveurs éberlués.

Le sujet du bien-être animal, inclus dans un volet du projet de loi agriculture et alimentation, et auquel le ministre Stéphane Travert s'est dit "particulièrement attentif", a été propulsé au devant de la scène ces dernières années par la diffusion de vidéos choc.

Ces derniers jours, pour peser sur les débats en première lecture, des célébrités sont venues en renfort, telles Brigitte Bardot et Sophie Marceau. La première a plaidé pour la vidéosurveillance dans les abattoirs avec des images de cochons ou moutons égorgés. La seconde a interpellé, vidéo de l'association L214 à l'appui, les députés sur le "supplice vécu chaque année par 33 millions de poules pondeuses" en cage.

Sur les réseaux sociaux, les associations ont interpellé les élus avec des messages en cascade: "J'attends de (Untel, NDLR) des actions contre la #SouffranceAnimale".

Le sujet s'est aussi invité samedi dans les manifestations contre la politique du gouvernement avec, par exemple, des pancartes "libérez les poules ou on vous casse les œufs" d'EELV.

Les députés sont "inondés de mails", selon Marc Fesneau (MoDem). Le vice-président du groupe LREM Gilles Le Gendre a fait état de "50 mails par heure" sur le bien-être animal, qui suscite une "sensibilité aiguë" au sein de son groupe.

- "Reniement" -

L'Assemblée a donné son feu vert à un doublement des sanctions en cas de mauvais traitements sur les animaux (portées à un an d'emprisonnement et à 15.000 euros d'amende), et à la création d’un nouveau délit visant à réprimer les mauvais traitements commis dans les transports et les abattoirs.

Des amendements d'Insoumis, de LR ou de non-inscrits visant à interdire la castration à vif des porcelets, le broyage des poussins mâles, les cages pour l'élevage des lapins et encore les "fermes-usines" ont été rejetés.

L'interdiction de l’installation de tout nouvel établissement d’élevage de poules pondeuses en cage a en revanche recueilli l'unanimité.

Mais, au grand dam de plusieurs députés y compris LREM, aucune date d'interdiction pour la vente des oeufs de poules en cage n'a été fixée, alors que le candidat Macron s'y était engagé pour 2022. Stéphane Travert a rappelé l'"engagement" de la filière en faveur de 50% d'oeufs coquilles issus d'élevages alternatifs à cet horizon.

Des flots de tweets critiques de militants de la cause animale ont accueilli dans la nuit le vote d'une simple expérimentation de la vidéosurveillance dans les abattoirs, alors que le candidat Macron avait laissé entendre qu'elle serait obligatoire, dans la lignée d'une proposition de loi d'Olivier Falorni votée par l'Assemblée (mais pas définitivement) en janvier 2017.

"Régression et reniement", a accusé sur Twitter le député. L'Assemblée nationale "préserve l’opacité des abattoirs", a critiqué L214.

Pour le CIWF, association dédiée au bien-être des animaux d'élevage, globalement "les députés sont restés frileux" et l'heure est aux "demi-mesures". "L'interdiction des élevages de poules en cage pour les nouveaux élevages est symboliquement importante" a admis une responsable, Claire Hincelin, "mais rien n'est fait pour les 33 millions de poules en cage actuellement".

Devant les campagnes de militants aguerris aux réseaux sociaux, et souvent, comme pour L214, vegans et partisans d'une abolition pure et simple de l'élevage, la présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole, s'est déclarée "inquiète" du ton pris par le débat.

Il émane souvent de gens "loin de l'agriculture et de ses réalités" qui "ne tiennent pas du tout compte des difficultés actuelles des éleveurs", a-t-elle dit à l'AFP.

"Heureusement, l'amendement sur l'interdiction des lapins en cage a été repoussé. La France ne produit déjà que 30% des lapins qu'elle consomme. Avec un tel amendement, c'était la voie ouverte aux lapins chinois, qui eux, arrivent sans aucun détail sur leur mode d'élevage" a-t-elle dit à l'AFP.

Optimiste, Pascal Canfin, directeur-général de WWF, a voulu voir dans l'expérimentation des caméras dans les abattoirs une possible "avancée culturelle", en notant que "ce n'était pas du tout un sujet il y a encore 6 à 12 mois".

chl-sac-reb-im/mat/mm

Partager cet article

Dans la même thématique

Veaux, vaches, cochons et coups de pression: la cause animale à l’Assemblée
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le

5min

Politique

Budget : des sénateurs souhaitent assouplir le droit des successions pour favoriser les dons aux associations

Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.

Le

Senat- Questions au gouvernement
11min

Politique

« Sa détermination reste totale » : de retour au Sénat, Bruno Retailleau retrouve sa « base arrière »

L’ancien ministre de l’Intérieur fait son retour au Sénat, après que les LR ont claqué la porte du gouvernement. Si certains y ont vu une sortie ratée, ses soutiens estiment au contraire que les événements lui donnent raison. Bruno Retailleau, qui se représentera aux sénatoriales de septembre 2026, se partagera entre la Haute assemblée et la présidence du parti. Il entame un tour de France et a lancé un « travail de fourmi » pour préparer le projet de 2027.

Le