nazi

Vente d’objets nazis à Orléans : les sénateurs communistes déposent une proposition de loi pour sanctionner leur vente

La vente aux enchères de 200 objets militaires nazis à Orléans suscite l’émoi. Les sénateurs PCF ont déposé un texte pour prévoir des sanctions. « On va adresser un mail à l’ensemble des sénateurs pour que ça puisse être une démarche transpartisane », annonce le sénateur PCF Ian Brossat. Christophe Chaillou, sénateur PS du Loiret, a écrit à Bruno Retailleau pour lui demander d’interdire la vente, qui « participe à un phénomène de banalisation », alors que les actes « racistes et antisémites » se multiplient.
François Vignal

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est une vente aux enchères qui ne passe pas inaperçue. Une collection de 10.000 objets militaires a commencé, jeudi, à Orléans. Rien d’anormal jusqu’ici, si ce n’est que ce qui était une collection privée compte 200 pièces nazies. On trouve notamment des médailles, des insignes, des casques, des casquettes, ceinturons et habits, ou encore des « livres allemands patriotiques ». A noter qu’un lot « Philippe Pétain », avec « plâtre avec profil » est aussi proposé à la vente, au milieu d’objets français, américains ou italiens.

Mais c’est bien la vente d’objets nazis qui concentre l’attention. La Licra du Loiret a demandé, en vain, l’annulation de l’événement. Au Sénat, le groupe CRCE (communiste) s’est emparé du sujet. Il a déposé une proposition de loi pour « sanctionner la vente d’objets liés au nazisme ». Alerté par des militants communistes du département, c’est notamment le sénateur PCF de Paris, Ian Brossat, qui est à la manœuvre.

« Contexte particulièrement dangereux, avec le week-end dernier une manifestation néonazie à Paris »

« Il est scandaleux qu’on puisse se faire de l’argent avec des objets nazis. Faire de ces objets une source de profit heurte profondément », pointe du doigt le sénateur communiste, qui alerte : On voit bien qu’on est dans un contexte particulièrement dangereux. On a eu le week-end dernier une manifestation néonazie à Paris avec des énergumènes qui ont fait des saluts hitlériens. On a partout dans le monde une montée des idéologies d’extrême droite. A un moment donné, il faut réagir ».

Si le texte est pour l’heure signé des seuls sénateurs communistes, l’idée est de l’ouvrir aux signatures. « On va adresser un mail à l’ensemble des sénateurs pour que ça puisse être une démarche transpartisane. Je pense que sur un sujet comme celui-là, on peut se retrouver au-delà des clivages politiques classiques », espère Ian Brossat. Pour renforcer peut-être leur chance de trouver des signataires au-delà des groupes de gauche, les communistes partent d’une proposition de loi similaire, datant de 2014, qui avait été déposée par un ancien sénateur UMP, Jacques Legendre.

Les communistes vont trouver au moins un appui du côté du sénateur socialiste du Loiret, Christophe Chaillou. Le sénateur PS confirme la volonté de faire un texte qui rassemble gauche et droite. « Comme on est plusieurs à vouloir déposer un texte, l’idée, c’est d’en faire une démarche transpartisane. Ce n’est pas anodin », soutient le socialiste.

« Cela suscite une grande émotion à Orléans »

« Cela suscite une grande émotion à Orléans. J’ai saisi la préfète, le ministre et j’ai proposé qu’on puisse modifier la loi », explique-t-il. Il a en effet écrit au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour lui demander d’interdire la vente aux enchères. « Le cabinet du ministre m’a dit qu’en l’état actuel de la législation, en lien avec la préfète, on ne peut rien faire », nous explique Christophe Chaillou. Car « il y a un vide juridique important, qui fait que c’est légal ». « Ce qui est interdit, selon le Code pénal, c’est l’exposition, la valorisation, l’apologie de l’idéologie nazie, mais la vente, paradoxalement, ne l’est pas. Il y a une exception, sur l’exhibition, c’est pour les œuvres de cinéma, qui permet de montrer ces objets, y compris à des fins de muséographie et de mémoire », précise le sénateur du Loiret.

Pour Christophe Chaillou, il faut agir, car cette vente « participe à un phénomène de banalisation des symboles de l’idéologie nazie dans un contexte où se multiplient, y compris à Orléans, ville plutôt calme et modérée, tout un tas d’actes, qui sont racistes et antisémites. Je rappelle que le rabbin d’Orléans a été agressé en pleine rue il y a deux mois. Et depuis deux jours se multiplient un peu partout des stickers contre les musulmans et des tags antimusulmans. C’est particulièrement infect », dénonce l’élu du groupe PS.

Dans l’immédiat, la vente en enchère a commencé. Selon Le Parisien, plusieurs objets nazis sont déjà partis. De nombreux insignes, mis en vente autour de 50 euros, ont dépassé les 100 euros. Une croix de première classe de l’ordre de la Croix de Fer a quant à elle trouvé preneur pour 340 euros.

Partager cet article

Dans la même thématique

Documentaire Paris le mystère du palais disparu de Stéphane Jacques
5min

Politique

Paris, le mystère d’un palais disparu

Les promeneurs, touristes ou Parisiens qui déambulent sur le parvis de Notre-Dame, s’imaginent-ils qu’à quelques pas de là se dressait au Moyen Âge, l’une des plus somptueuses résidences d’Europe ? Et surtout, comment, six siècles plus tard, le tout premier palais de nos rois, bâti sur l’île de la Cité, au beau milieu de la capitale, a-t-il pu devenir ce fantôme de l’Histoire ? Dans son documentaire Le mystère du palais disparu, Stéphane Jacques retrace l’enquête menée par un trio de scientifiques spécialistes de la reconstitution numérique.

Le

Mericourt: Emmanuel Macron meets with  readers of the Ebra group,
11min

Politique

Face aux fake news, comment l’Elysée a opéré un « virage » dans sa communication

Suite aux « fausses informations » relayées sur le sujet de la « labellisation » des médias, l’Elysée a décidé de vite les démentir, via une vidéo sur X. Une nouvelle stratégie de communication, à l’œuvre depuis quelques mois, déjà observée lors d’une prétendue prise de cocaïne par Emmanuel Macron. Lui-même « victime » des affres des réseaux avec l’infox Jean-Michel Trogneux, il est d’autant plus sensibilisé à cet enjeu démocratique.

Le