Véronique Reille-Soult :  #Balancetonporc c’était de la dénonciation, #MeToo non, il a brisé l’omerta
Depuis la parution du livre de Camille Kouchner qui dénonce des relations incestueuses qu’aurait entretenu son beau-père, Olivier Duhamel avec son frère, une deuxième vague #MeToo s’est levée sur les réseaux sociaux. Entre accusations de crimes sexuels et témoignages, dans Hashtag, Hélène Risser et ses invités analysent ce second souffle, décryptent ces nouveaux hashtags et les comparent avec le mouvement originel de 2017.

Véronique Reille-Soult : #Balancetonporc c’était de la dénonciation, #MeToo non, il a brisé l’omerta

Depuis la parution du livre de Camille Kouchner qui dénonce des relations incestueuses qu’aurait entretenu son beau-père, Olivier Duhamel avec son frère, une deuxième vague #MeToo s’est levée sur les réseaux sociaux. Entre accusations de crimes sexuels et témoignages, dans Hashtag, Hélène Risser et ses invités analysent ce second souffle, décryptent ces nouveaux hashtags et les comparent avec le mouvement originel de 2017.
Public Sénat

Par Nils Buchsbaum

Temps de lecture :

4 min

Publié le

2017, année d’une rupture historique dont les effets se font encore sentir. Aux Etats-Unis, un scandale éclate, l’Affaire Weinstein du nom d’un producteur de cinéma que des dizaines d’actrices accusent d’agressions sexuelles. Dans la foulée des millions de femmes à travers le monde témoignent elles aussi, avec le hashtag #MeToo, comprenez #MoiAussi, des violences qu’elles ont vécues et qu’elles continuent de subir au quotidien.

Avec #MeToo, « la modernité comme à prendre en compte une promesse d’égalité »

En 2018, le sociologue Raphaël Liogier publie « Descente au cœur du mâle », un ouvrage dans lequel il inscrit la vague #MeToo dans l’Histoire des luttes contre le système patriarcal « qui gouverne les sociétés modernes ». Selon lui, ce mouvement est le signe que « la modernité, finalement, commence à prendre en compte sa promesse d’égalité, des choses qui étaient tolérables il y a quelques années, aujourd’hui ne le sont plus ».

Dans la foulée, la France voit apparaître #BalanceTonPorc que certains critiquent, voyant derrière ce hashtag la possibilité de dérives permettant d’accuser sans preuve et de se substituer à la justice. Pour Raphaël Liogier cela s’explique par le fait qu’il existe deux temporalités : « D’un côté la temporalité du social, qui a été encore accélérée avec Internet et de l’autre côté la justice qui théoriquement suit son cours de façon plus lente. Ce phénomène a toujours existé, à travers la presse par exemple, mais la différence est qu’avec Internet et l’instantanéité des réseaux sociaux, ce processus s’accélère et devient viral ».

LIRE AUSSI // Violences conjugales : « La justice n’est pas faite pour les victimes »

Toujours selon le philosophe, « tout le monde est entraîné dans ce processus ». « Ma peur c’est que la justice elle-même soit entraînée dans ce processus. Je suis tout à fait favorable à ce qui est en train de se passer, qui est juste, la promesse originelle de la modernité qui aboutit. Mais je suis contre la justice expéditive », déclare-t-il.

Véronique Reille-Soult, spécialiste de la communication sur les réseaux sociaux, abonde dans ce sens : « Ce n’est pas si nouveau en effet, le temps court des médias et le temps long -ndlr : de la justice- ça a toujours existé. Ce qui est nouveau c’est effectivement que ce qui se passe sur les réseaux sociaux devient une ressource pour l’attaque et pour la défense mais aussi pour les médias. Cela devient aussi une ressource pour le juridique, pour identifier des témoins » ajoute-t-elle.

« Internet a ici une fonction positive en étant le lieu d’une expression cathartique, thérapeutique qui permet une certaine forme de progrès social ».

Le fait de s’exprimer aide aussi à soigner, selon Véronique Reille-Soult. « MeToo est un hashtag qui est très particulier parce qu’il est dans le soutien. MeToo, signifie je suis avec les autres, je ne suis pas toute seule ou tout seul dans mon malheur. Tout comme #MeTooGay et #MeTooInceste qui sont apparus ces derniers mois et ont en commun de briser une sorte d’omerta. Des personnes célèbres ont été associées mais en termes de volume, le plus important ce sont les gens qui témoignent ».

La spécialiste du net conclut : « Balance ton porc en revanche, c’était essentiellement de la dénonciation. MeToo non, c’est du partage d’expérience, c’est de la psychothérapie de groupe et ainsi, beaucoup de femmes se sont dit « je n’avais pas réalisé que j’avais été violée ».

Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

Dans la même thématique

MORMANT SUR VERNISSON : FAR RIGHT BIG VICTORY PARTY MEETING
7min

Politique

Au milieu des champs du Loiret, le RN réunit l’extrême droite européenne pour défendre le soldat Le Pen

Reportage - Le Rassemblement national et ses alliés européens, Viktor Orban, Matteo Salvini ou encore Santiago Abascal, se sont rassemblés ce lundi 9 juin dans une ferme du Loiret pour célébrer le premier anniversaire de leur percée aux élections européennes. Un soutien affirmé de ces leaders nationalistes à la candidature, plus qu’incertaine, de Marine Le Pen à la prochaine présidentielle.

Le

Paris: Seance questions au gouvernement Assemblee nationale
9min

Politique

Un an après la dissolution, un bilan législatif « très faible »

Depuis la dissolution, la majorité très relative à l’Assemblée ne permet plus au gouvernement de porter de grandes réformes. Plutôt que des projets de loi, il s’appuie sur les propositions de loi, texte d’origine parlementaire. Si de nombreux textes sont adoptés, la plupart n’ont qu’une portée limitée.

Le

Agirc et Arrco  retraite complementaire
6min

Politique

Age de départ à la retraite : le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) jette un nouveau pavé dans la mare

Alors qu’il doit être validé en plénière du Conseil d’orientation des retraites (COR) ce jeudi, le rapport annuel du COR table sur un déficit moins important que prévu à court terme, mais qui se creuse à long terme. La préconisation par l’organisme indépendant d’un nouveau recul de l’âge légal à 66,5 ans a été vivement critiquée par les syndicats.

Le