Vers l’indépendance de la Catalogne ?
Invité de l’émission « On va plus loin », l’historien spécialiste de l’Espagne, Christophe Barret, analyse la situation en Catalogne où un référendum d’autodétermination doit être organisé le 1er octobre, contre l’avis de Madrid.

Vers l’indépendance de la Catalogne ?

Invité de l’émission « On va plus loin », l’historien spécialiste de l’Espagne, Christophe Barret, analyse la situation en Catalogne où un référendum d’autodétermination doit être organisé le 1er octobre, contre l’avis de Madrid.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Lundi 11 septembre, les Catalans se sont réunis en masse pour la « Diada », la fête nationale de la Catalogne. L’occasion de marquer le coup, à quelques jours du référendum  unilatéral d’autodétermination du 1er octobre, en faveur de l’indépendance de la région et ce alors que Madrid y est opposé : « Le gouvernement central [le] refuse au nom de la constitution et au nom de la légalité » explique Christophe Barret, historien spécialiste de l’Espagne. « Donc il y a deux légitimités qui s’affrontent : une légitimité historique, disent les uns : celle de la Catalogne et de ses droits historiques. Et celle de l’Espagne démocratique d’aujourd’hui, que la France reconnaît ».

« Ce que reproche les Catalans à Madrid c’est un petit peu d’être mal aimés, d’être (…) des citoyens de seconde zone. Avec une politique qui se décide à Madrid et pas trop chez eux » ajoute l’historien.

Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy a déclaré partout qu’il empêchera ce référendum coûte que coûte : pour cela, « il dispose de plusieurs mesures » poursuit Christophe Barret. « Il y a des mesures qui consistent à mobiliser la justice (…) et surtout [des mesures] judiciaires. Il a « l’arme atomique » qui est la suspension de l’autonomie de la Catalogne ».

Toutefois, selon Christophe Barret, le « oui » au référendum ne serait pas prêt d’être remporté « selon l’état actuel des sondages » même si « le mouvement a pris de l’ampleur ».

Quant à un accord possible entre les indépendantistes catalans les plus durs et Madrid, Christophe Barret est catégorique : « Aucun accord. Parce que les principaux responsables, le président du gouvernement catalan, la présidente du parlement catalan, peuvent se retrouver en prison en lendemain du 1er octobre, s’ils organisent ce référendum. Donc il va peut être falloir attendre l’émergence de nouveaux acteurs, comme la maire de Barcelone, Ada Colau, issue du mouvement des Indignés (…) qui peut essayer de reprendre le dessus en essayant d’avoir une position un peu panachée, qui dit, il faut un référendum, mais un référendum dont on respecte les conséquences (…) y compris l’indépendance s’il le faut. Mais qui soit reconnu par l’Etat ».

Si la Catalogne parvenait un jour à obtenir son indépendance, il y aurait possiblement  « des conséquences chez nous » selon l’historien : « Il y a un sentiment irrédentiste. C'est-à-dire que quand vous regardez certaines cartes publiées par des indépendantistes catalans, vous voyez le Languedoc-Roussillon qui est inclus dans cette Catalogne. Il y a aussi d’autres régions espagnoles : les Baléares, le pays de Valence… des frontières entre la France et l’Espagne qui ont été fixées en 1659, pourraient être remises en cause. Pas demain, mais sait-on ? »

Catalogne : interview OVPL en intégral de Christophe Barret, historien
09:46

Interview de Christophe Barret en intégral

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le