Vie étudiante : Frédérique Vidal annonce « une rentrée en présentiel », mais ne ferme pas totalement la porte à l’enseignement à distance

Vie étudiante : Frédérique Vidal annonce « une rentrée en présentiel », mais ne ferme pas totalement la porte à l’enseignement à distance

Entendue par la mission d’information sur les conditions de la vie étudiante, la ministre de l’Enseignement supérieur est revenue sur les mesures prises par le gouvernement pour accompagner les étudiants durant la crise.
Public Sénat

Par Jules Fresard

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« Il est rare que dans une mission d’information, l’essentiel du groupe soit encore là à la fin. Ce qui montre l’intérêt que porte le Sénat à ce sujet », s’est félicité dans son propos introductif Pierre Ouzoulias, sénateur communiste et président de la mission d’information sur les conditions de la vie étudiante.

Cette dernière, créée à la demande du groupe centriste, auditionne depuis mars différents acteurs liés au monde universitaire et étudiant. Afin de mesurer les réformes à prendre sur le sujet, rendues nécessaires par les lacunes qu’a mis en lumière la crise sanitaire. « L’objectif est de porter une réflexion bien plus systémique de la vie étudiante que ce qu’a pu mettre en avant la crise pandémique », a avancé le sénateur communiste. Et en attendant la publication de son rapport, la mission d’information a tenu à entendre Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, ce mercredi 16 juin.

Un inventaire des mesures gouvernementales

Celle qui fût, avant de rejoindre le gouvernement, présidente d’université, s’est d’abord réjoui que le sujet de la vie étudiante face l’objet « d’échanges constructifs » à la Haute Assemblée, en lien avec l’adoption la semaine dernière de la PPL concernant le ticket-restaurant étudiant. Le Sénat a en effet adopté le 10 juin la création d’un tel dispositif, destiné aux étudiants dont le campus serait dépourvu de lieux de restaurations universitaires.

Mais la ministre a également avant tout tenu à défendre son bilan en la matière, en faisant un inventaire complet des mesures prises par le gouvernement depuis le début du quinquennat. « C’est une conviction (le bien-être étudiant, ndlr) que je porte depuis 2017, car j’estime que c’est un déterminant essentiel dans la réussite des études » a-t-elle fait savoir.

L’occasion donc pour Frédérique Vidal de revenir sur l’affiliation des étudiants au régime général de la Sécurité sociale actée par le gouvernement, « qui a diminué le coût des études », mais aussi « de nouvelles actions pour transformer les services de santé universitaire en véritables centres de santé », « en matière de logement, la levée de l’obstacle de la caution avec la garantie Visale », ou encore la fin des chambres de 9 m2 dans les résidences étudiantes, et le paiement des bourses sur critères sociaux à date.

La ministre a également vanté les mesures prises par le gouvernement pendant la période de crise sanitaire avec le « gel des frais d’inscription », la « compensation de la perte des petits jobs », et « un accès facilité aux produits de première nécessité ». Frédérique Vidal a toutefois regretté l’invisibilisation de certains dispositifs face à leur multiplication, ayant pour conséquence un non-recours parfois important de la part des concernés. Afin de donner aux étudiants plus de clarté concernant les aides auxquelles ils sont éligibles, le gouvernement a ainsi lancé « un simulateur commun à tous les dispositifs sur la plateforme 1jeune1solution.gouv.fr ».

Vers une quatrième vague à la rentrée ?

« Nous préparons une rentrée en présentiel » a également tenu à faire savoir la ministre. Avec une note d’attention tout de même. « Il faut soutenir l’hybridation des formations ». « La technologie numérique peut enrichir les enseignements. Il faut former mieux et plus les enseignants-chercheurs qui veulent développer cette pédagogie » a-t-elle souligné.

Une rentrée en présentiel donc, mais où le numérique n’aura pas dit son dernier mot. D’autant que comme l’a fait savoir Frédérique Vidal, « concernant une quatrième vague à la rentrée, et comme le pire n’est jamais loin, autant y être préparé ».

La ministre a également profité de son audition pour annoncer un « plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles présentes sur les campus ».

Les défaillances pointées par les sénateurs

Face à la politique gouvernementale, les sénateurs et sénatrices de la mission d’information ont néanmoins tenu à souligner certaines défaillances dans les dispositifs développés. À l’instar de la sénatrice de la Gironde Monique de Marco, actant des annonces ministérielles, tout en se demandant « mais quel est le calendrier ? Quelles sont les nouvelles mesures, quelles sont celles que vous allez conserver ? ». L’élue écologiste a tenu à alerter sur la détresse mentale des étudiants, « sachant que le dispositif des chèques psys est inefficace, puisque seulement 900 étudiants y ont eu recours au mois de mars sur une population de plus de 2 millions d’étudiants ».

Sonia de La Prôvoté et Hussein Bourgi, respectivement sénatrice centriste du Calvados et sénateur socialiste de l’Hérault ont, eux, attiré l’attention de la ministre sur la situation des étudiants en médecine. Ces derniers connaissent une réforme importante de leur formation, qui vise à assurer aux étudiants recalés en première année une issue de secours, en s’inscrivant dans une licence parallèle. Le gouvernement entend également ne plus autoriser les redoublements en première année, et abandonner le fameux numerus clausus, remplacé par un numerus apertus, c’est-à-dire un nombre minimum d’admis en dessous duquel les facultés ne peuvent descendre.

Et en cette année transitoire, de nombreux ratés ont été soulignés par les deux sénateurs. Sonia de La Prôvoté a évoqué « des dysfonctionnements dans les facs, certains étudiants n’ayant pas reçu leur convocation pour les oraux, des retards d’annonces… » et Hussein Bourgi évoquant « une réforme des études de santé qui arrive à un mauvais moment ». D’autant que des recours ont été déposés devant le Conseil d’Etat pour faire annuler la réforme. En avril dernier, l’institution du Palais Royal avait déjà suspendu l’arrêté qui fixait le nombre d’étudiants de PACES à poursuivre leurs études à la rentrée 2021. En cause, un timing trop serré, poussant Frédérique Vidal à reprendre un arrêté quasi-identique dans la foulée.

Face à ces critiques, Frédérique Vidal a tenu à se montrer inflexible. « Il faut faire attention, sur ce que disent les gens et la réalité, qui est factuelle et vérifiable ». Et concernant les recours déposés devant le Conseil d’Etat, elle répond : « En arriver à certains acteurs qui disent espérer que le Conseil d’État va casser le nouveau système… Il faut le dire aux 2 000 jeunes de plus qui vont accéder aux études de santés cette année ». Fermez le ban.

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