Village olympique en Seine-Saint-Denis : en attendant les bienfaits, les inquiétudes
Édouard Philippe a symboliquement posé la première pierre du village olympique des JO de Paris 2024. Des infrastructures qui s’étalent sur 51 hectares dont devraient profiter les habitants à l’issue des JO. Mais en attendant, c’est toute une zone qu’il va falloir raser et ça ne se fait pas sans inquiétudes.

Village olympique en Seine-Saint-Denis : en attendant les bienfaits, les inquiétudes

Édouard Philippe a symboliquement posé la première pierre du village olympique des JO de Paris 2024. Des infrastructures qui s’étalent sur 51 hectares dont devraient profiter les habitants à l’issue des JO. Mais en attendant, c’est toute une zone qu’il va falloir raser et ça ne se fait pas sans inquiétudes.
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« Il faut que tout ça dure. Il faut qu’il reste quelque chose ». Cinq ans avant les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, le Premier ministre, Édouard Philippe était en Seine-Saint-Denis, ce lundi, pour défendre « l’héritage » du futur village olympique. Le chantier est prévu sur trois ans sur un site de 51 hectares à cheval entre Saint-Denis, Saint-Ouen et L'Ile-Saint-Denis. 15 000 athlètes et officiels pourront y être accueillis pendant les 4 semaines d’olympiades.

Edouard Philippe : "Il faut qu'il reste quelque chose"
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« Ce sera un véritable quartier de ville avec toutes les fonctions humaines que ça implique »

Et ces infrastructures n’ont pas vocation à disparaître « au moment où la flamme olympique va s'éteindre » comme l’a assuré Édouard Philippe. « Ce sera un véritable quartier de ville avec toutes les fonctions humaines que ça implique. Et pas uniquement des logements » insiste Patrick Braouezec, président PCF de Plaine commune, (établissement public territorial regroupant Aubervilliers, La Courneuve, Épinay-sur-Seine, L'Île-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine, Saint-Denis, Saint-Ouen, Stains et Villetaneuse). « On a envie de logements qui soient forcément éco-conçus (...) Il y aura des écoles, une crèche, ce n'est pas juste des logements coupés de tout le reste, mais c'est vraiment la volonté de réaménager la ville de demain et de pouvoir l'utiliser pendant les Jeux » a précisé à l’AFP, Tony Estanguet, Président du Comité d'organisation des JO-2024.

« Il y aura forcément quelques tracas »

En attendant que sorte de terre ce nouveau « éco-quartier, c’est une zone accueillant plus d'une vingtaine d'entreprises, trois écoles, un hôtel, une résidence étudiante et un foyer de travailleurs étrangers, qu’il va falloir raser. « Un tel projet ne se fait pas sans difficultés. Il y aura forcément quelques tracas » reconnaît le sénateur centriste de Seine-Saint-Denis, Vincent Capo-Canellas. « Nous allons régler de manière tout à fait digne ces problèmes transitoires » assure Patrick Braouezec qui insiste sur la « vétusté » du foyer de travailleurs amené à être détruit dans quelques mois.

En remplacement, deux nouvelles résidences doivent voir le jour en 2022. Mais les résidents refusent le relogement provisoire proposé par la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), l'établissement public chargé des chantiers des JO.

Interrogé par l’AFP, Boubacar Diallo, représentant des résidents du foyer de travailleurs étrangers de Saint-Ouen, s’alarme de cette solution de remplacement trouvée par les pouvoirs publics, située, selon lui, « dans un minuscule bout de terrain, coincé entre Saint-Denis et Saint-Ouen ». « Qu'ils nous trouvent des logements dignes pendant la durée des travaux et ensuite, avec un retour sur notre site, parce qu'on parle d'éco-quartier, nous aussi on a besoin d'habiter dans le quartier neuf, rénové » demande-t-il.

Pour Gilbert Roger, sénateur socialiste de Seine-Saint-Denis, « toutes ces inquiétudes sont légitimes ». « C’est au moment où le périmètre du chantier du village olympique a été acté, qu’il aurait fallu construire la première pierre des solutions de remplacement ».

Loi relative à l’organisation des JO : « une addition de dérogations au code de l’urbanisme, au code de l’environnement, au code civil »

Pour mémoire, la loi relative à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, votée en mars 2018, permet d’accélérer et de simplifier les règles d’urbanisme en ce qui concerne la construction des villages des athlètes et des médias et celui d’un centre aquatique en Seine-Saint-Denis. « On peut dire que ce texte est une addition de dérogations au code de l’urbanisme, au code de l’environnement, au code civil, nécessaires pour être fin prêt en 2024 » expliquait à publicsenat.fr Jean-Jacques Lozach, sénateur PS, vice-président du groupe d’études sur les pratiques sportives et les grands évènements (voir notre article).

« Il faut créer les conditions pour rendre ces nuisances acceptables »

Si les élus locaux se félicitent de voir un tel investissement pour la Seine-Saint-Denis, du côté des riverains, on s’inquiète des nuisances d’un chantier qui va durer des années. La future piscine olympique, la plus grande gare du Grand Paris, l'enfouissement des lignes à haute tension, le mur anti-bruit de l'A86 et l'aménagement des berges de Seine vont sortir de terre d’ici 2024. « Il faut créer les conditions pour rendre ces nuisances acceptables pour la population. Ça passe par un maximum de coordination, une bonne information et une stratégie d’évitement comme les déviations » détaille Patrick Braouezec.

Enfin, en ce qui concerne les retombées économiques pour le département, le président de Plaine commune rappelle la charte sociale des jeux Olympiques approuvée par Solidéo. Elle prévoit que 25 % des marchés seront attribués aux TPE et PME et que 10 % des heures travaillées seront destinées à des publics en insertion.

Pour en savoir plus, voir ou revoir le débat de l'émission «  On va plus loin » du 4 novembre 2019

Débat: chantier des Jeux Olympiques, une aubaine pour la Seine-Saint-Denis ?
23:49

 

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