Le député PS Luc Carvounas s'est dit mardi "extrêmement inquiet" après le recadrage du chef d'état-major Pierre de Villiers par Emmanuel Macron, qui "en dit long" selon lui sur "le fonctionnement des institutions" vu par le président, censé en être "le garant".
"Qu'est-ce que c'est que cette histoire inventée pour les enfants ?", a lancé M. Carvounas sur Sud Radio et Public Sénat, qui lui demandaient si M. de Villiers avait manqué de respect au chef de l'Etat.
"Je voudrais porter le débat sur l'aspect institutionnel". "On a le chef d'état-major des Armées qui se rend où ? A la commission de Défense de l'Assemblée nationale, qui est une des commissions permanentes. Dans un huis-clos avec qui ? Les représentants de la Nation. Encore heureux: le Parlement est censé contrôler l'exécutif. C'est notre rôle. J'ai bien compris que le président de la République souhaiterait être aujourd'hui seul sur tous les leviers de commandement mais en France il y a une Ve République, des institutions", a poursuivi le député du Val-de-Marne.
En pleines festivités du 14 Juillet, le chef de l'Etat a reproché sans le nommer au général, qu'il vient pourtant de prolonger pour un an, d'avoir mis de façon "indigne" une polémique budgétaire "sur la place publique". Le général avait, devant la commission de la Défense à l'Assemblée, émis de sérieuses réserves au sujet des 850 millions d'euros d'économies réclamées cette année aux armées.
"Déjà, je trouve le contexte totalement inapproprié". Et "ça envoie quoi comme message pour tous les autres futurs auditionnés à huis-clos de la commission Défense ? Que si le ton de l'échange avec les parlementaires censés contrôler l'exécutif ne convient pas au président, c'est peut-être, on va le savoir dans quelques jours, une sorte de limogeage habillé ?", a accusé M. Carvounas.
"Dans ce cas là je vais demander à ce que les futures auditions devant la commission défense se fassent publiquement", a-t-il ajouté.
"Ca en dit long sur la verticalité, et ça en dit long aussi sur le fonctionnement des institutions vécu par celui qui est censé en être le garant. Et on n'est qu'au début du mandat", a conclu M. Carvounas.
M. de Villiers sera reçu vendredi par M. Macron. Il déjeunera auparavant avec Edouard Philippe en compagnie des chefs d'état-major de l'Armée de terre, de la Marine et de l'Armée de l'air, selon l'agenda de Matignon. Un Conseil de défense est par ailleurs programmé mercredi matin.