Benoît Hamon qui a rendu visite mercredi à des femmes victimes de violence dans un foyer parisien a promis de créer 4.500 places supplémentaires en centre d'hébergement et de faire de ces "tragédies", une "grande cause nationale".
Accueilli autour d'un verre et d'une part de quiche maison dans un foyer parisien accueillant 60 jeunes femmes de 18 à 25 ans, le candidat socialiste à la présidentielle a dit son "humilité" à écouter le parcours et surtout les aspirations de ces victimes.
Premier problème soulevé par un grand nombre d'entre elles: les papiers, qui leur manquent ou, plus souvent, qui leur ont été confisqués par leur famille ou leur conjoint violent. Dans un engagement qu'elles lui ont demandé de signer après plus d'une heure d'échanges, il a promis "la régularisation des femmes victimes de violence prise en charge par des associations".
"Les politiciens sont tous des beaux-parleurs donc on s'est concertées pour vous faire une proposition de contrat entre vous et nous", a exposé Sarah, détaillant "ce qu'on veut quand vous serez élu".
Autre difficulté: "l'errance" décrite par la directrice du centre d'hébergement, Marie Cervetti, dans laquelle sont jetées ces jeunes filles en situation précaire. Nuits dans la rue, "prostitution de survie", parfois "séquestration" ou "entrée dans la drogue".
Une jeune Marocaine raconte que maltraitée par son mari, elle ne se repérait pas dans Paris et ne pouvait pas prendre le métro. Recueillie par les pompiers, elle évoque son passage par un hôtel social et finalement, son arrivée dans ce foyer dont on lui avait parlé.
Beaucoup de ses jeunes victimes ne connaissent pas les réponses existantes à leur problème, comme le numéro d'urgence 39 19 ou des associations d'aide aux victimes car "les campagnes de sensibilisation mettent en scène des femmes plus mûres", a expliqué Mme Cervetti.
M. Hamon leur a promis de créer des places d'hébergements et d'accompagnement supplémentaires spécifiquement pour les moins de 25 ans mais aussi de mieux former magistrats et policiers, alors qu'il y a encore des inégalités criantes sur le territoire en matière d'accueil et de traitement des femmes victimes.
"Même si c'est joyeux ce soir, la réalité, c'est que ces femmes sortent toutes d'une tragédie et que ces tragédies sont insupportables dans la République", a-t-il expliqué à l'issue de la rencontre.
"Elles ont des tragédies personnelles qui ont toutes un point commun: des hommes les ont frappées, se sont sentis libres de le faire en toute impunité", a-t-il détaillé. "Quand on voit ce qui se passe en Russie où finalement aujourd'hui on autorise dans l'intimité de la sphère familiale les coups des hommes sur les femmes, on voit que sur ces questions, il y a encore énormément de tabous à faire tomber", a poursuivi le candidat.