Violences en banlieue : la réaction d’Edouard Philippe critiquée à droite
Après l’incendie d’un chapiteau en banlieue parisienne, Edouard Philippe a dénoncé une « petite bande d’imbéciles ». Propos qu’une partie de la droite critique pour leur faiblesse. Mais pour la sénatrice LR des Yvelines, Sophie Primas, « il ne faut pas monter non plus dans la surenchère ».

Violences en banlieue : la réaction d’Edouard Philippe critiquée à droite

Après l’incendie d’un chapiteau en banlieue parisienne, Edouard Philippe a dénoncé une « petite bande d’imbéciles ». Propos qu’une partie de la droite critique pour leur faiblesse. Mais pour la sénatrice LR des Yvelines, Sophie Primas, « il ne faut pas monter non plus dans la surenchère ».
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Les violences urbaines qui ont éclaté samedi soir à Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines, où un chapiteau de cirque a été incendié et des policiers pris pour cible, sont unanimement condamnées par la classe politique. Mais la manière de le faire ne fait pas, elle, l’unanimité.

Le premier ministre Edouard Philippe a exprimé un message de « fermeté à l’égard de la petite bande d’imbéciles et d’irresponsables qui pensent que tout casser est une façon de faire avancer les choses ». « Nous sommes parfaitement conscients que lorsque nous bousculons les trafics de stupéfiants, ça crée des tensions, des dérèglements » ajoute le premier ministre, alors que ces violences seraient liées à un programme de rénovation urbaine qui « dérange l'économie souterraine », affirme à l’AFP une source policière.

Peu de temps après cette réaction, une partie de la droite n’a pas tardé à tomber sur Edouard Philippe pour lui reprocher la faiblesse de ses propos. Pour Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat, « les incendiaires de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas des imbéciles et des irresponsables comme le dit Edouard Philippe. Ce sont des criminels qui veulent affaiblir la République » lance-t-il, dénonçant des réponses politique et pénale « faibles ». « Imbéciles et irresponsables peut-être, mais d’abord voyous et délinquants ! » a ajouté Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine.

Catherine Procaccia, sénatrice LR du Val-de-Marne, dénonce pour sa part « le laxisme des gouvernements ». « Si en France, on avait eu depuis longtemps l’attitude de Rudolph Giuliani de tolérance zéro, à New York, on n’en serait pas là » pense l’élue de droite.

« A Chanteloup, c’est un grand sentiment d’injustice »

Mais sur cette question sensible des banlieues, la sénatrice LR des Yvelines, Sophie Primas, n’est en revanche pas choquée par les propos du premier ministre. « Il ne faut pas monter non plus dans la surenchère. Il y a un moment de colère. Il faut punir les fautifs, être ferme dans la réaction » réagit Sophie Primas, qui souligne que « le président du département a parlé lui de crétin. On est là-dedans ». Pierre Bédier, président LR du conseil départemental des Yvelines, a en effet affirmé qu’« il n'est pas question de céder devant la folie de quelques crétins ». Il a promis que le chapiteau sera reconstruit « dans moins d’un an ».

Sophie Primas pointe en revanche la question financière. « Il faut juste que l’Etat soit attentif à ne pas couper ce soutien de proximité. Or, à Chanteloup, c’est dur au niveau des dotations. La maire, Catherine Arenou (divers droite), ne peut plus faire l’accompagnement qu’elle faisait avant pour les associations » souligne la sénatrice des Yvelines. Il n’en reste que Sophie Primas ne cache pas son incompréhension face aux événements. « A Chanteloup, c’est un grand sentiment d’injustice. Comme dans beaucoup de communes du Val-de-Seine, vous avez des maires qui sont à l’avant-garde de la rénovation urbaine, de l’accompagnement social, de la volonté d’offrir à chaque citoyen de ces communes une vraie égalité des chances par plus d’éducation, d’accompagnement, d’insertion ». La sénatrice pense aussi qu’« il y a un petit business bien installé qui est perturbé », « tout ça bouillonne ».

Les violences de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas les seules

Les violences de Chanteloup-les-Vignes ne sont pas les seules, ces derniers temps, dans le pays. A Béziers, jeudi soir, une école primaire a été incendiée. Des jeunes ont affronté la police à Mantes-la-Jolie fin octobre. Au mois de septembre, c’est Brest qui est touché par une série d’actes. Comment sortir de ces accès de violences, qui, à intervalles plus ou moins réguliers, émaillent la vie de zones sensibles ?

« Nous savons que la situation est difficile dans certains quartiers. Par endroits, la République a trop abandonné certains territoires et il faut les reconquérir » a reconnu lundi matin sur Public Sénat le sénateur LREM de Paris, Julien Bargeton. Mais il souligne l’utilité du « grand plan du gouvernement pour la Seine-Saint-Denis, notamment par un renforcement de policiers, de nouveaux commissariats et de l’investissement ». « Ça passe aussi par l’éducation » ajoute Julien Bargeton, saluant « le succès » du dédoublement des classes de CP et CE1.

Sentiment de « no futur » dans les banlieues

Le sénateur PS du Val-d’Oise, Rachid Temal, « condamne » aussi les actes du week-end et rappelle que « les premières victimes, ce sont les habitants ». « Globalement, ça fait trop longtemps que ça dure, malgré les efforts. Il faut une politique de sécurité ferme. Et en réalité, ce que les banlieues attendent, c’est d’abord et avant tout la République, l’égalité républicaine. Et ce n’est pas le cas » regrette le sénateur PS. Il ajoute : « On n’attend pas un plan mais la République. Pourquoi sur la question du logement, de l’emploi, du transport, la situation est inférieure dans ces quartiers ? Il y a un sentiment d’abandon ».

Si après son élection, Emmanuel Macron avait « fait un constat juste, sur le besoin de donner du positif, de l’espoir », deux ans et demi après, « beaucoup de Français ont le sentiment qu’on vit moins bien », selon le socialiste. « Dans le Val-d’Oise, où la très grande partie est aussi rurale, il y a le sentiment que la République nous abandonne, qu’il n’y a pas d’avenir. On revient à l’idée du « no futur ». Et ce n’est pas en cassant le modèle social, sur l’assurance chômage, les retraites, qu’on avancera » dénonce Rachid Temal.

Pour Sophie Primas, si beaucoup de choses restent à faire pour les quartiers, les coupables ne sont pas les plans banlieue successifs. « Les plans de rénovation urbaine sont très souvent critiqués car on dit « on met des milliards et ça ne marche pas ». Mais ils sont indispensables » soutient la sénatrice LR, qui se rappelle au bon souvenir du « plan Borloo. Aujourd’hui, on a des beaux quartiers, beaucoup plus humains ». Mais la sénatrice des Yvelines reconnaît que « ça ne suffit pas, il faut continuer l’accompagnement social, davantage d’éducation et, à côté, être exigeant en termes de sécurité et de respect de la loi ».

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