Violences envers les médias : « Les personnels politiques ont une part de responsabilité » estime Arnaud Mercier
Invité de l’émission « On va plus loin », Arnaud Mercier, chercheur au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias, analyse l’augmentation des violences envers les médias, dans la société française.

Violences envers les médias : « Les personnels politiques ont une part de responsabilité » estime Arnaud Mercier

Invité de l’émission « On va plus loin », Arnaud Mercier, chercheur au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias, analyse l’augmentation des violences envers les médias, dans la société française.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Samedi dernier, des journalistes ont été agressés, lors de l’acte IX de la mobilisation des « gilets jaunes ». Et c’est loin d’être une exception.

Si cette haine des médias n’est pas nouvelle dans l’histoire, Arnaud Mercier, chercheur au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias, estime que « là, sous la Ve République, il y a un paroxysme » : « Il y a vraiment des étapes qui ont été franchies. »

Et il ajoute : « Tout ce qui est dans un discours de détestation exprimée comme telle, est toujours préparatoire à un possible passage à l’acte. A des actes violents. »

Pour Arnaud Mercier, cette libération de la violence envers les médias a été « boostée » par certains politiques : « C’est incontestable. Les personnels politiques ont une part de responsabilité. Ils doivent être responsables, au sens strict du terme (…) Jeter de l’huile sur le feu (…) n’a jamais trop servi la cause d’un débat démocratique serein. Dès lors que vous dites des choses, comme [Jean-Luc Mélenchon] l’a écrit sur son blog, qu’il y a « une juste haine », une haine saine en quelque sorte, des « gilets jaunes » vis-à-vis des médias, il ne faut pas s’étonner que les médias puissent être dans la situation de se faire attaquer. Parce que finalement, on a estimé que c’était légitime. »

« Ils considèrent qu’ils ont été des oubliés. »

Mais les médias ont-ils également leur responsabilité dans ce qui leur arrive ? « Oui, bien sûr. Évidemment » répond le spécialiste des médias. « Mais il y a une part de responsabilité de tout le monde. Des chercheurs, comme moi, des responsables politiques, des journalistes (…) Est-ce qu’on a tous fait ce qu’il fallait pour voir venir le malaise ? Est-ce que les uns et les autres, on a alerté ou pas ? (…) Chacun doit balayer devant sa porte. »

« Le problème avec les « gilets jaunes » et les médias, c’est un problème qui vient de loin. Les « gilets jaunes », on le voit bien, sont mobilisés parce qu’ils considèrent qu’ils ont été des oubliés. Ils ont été des invisibles (…) des hommes politiques (…) mais aussi des médias. Cette France, qu’on appellera « périphérique » pour faire simple, qui travaille (…) qui [fait] des efforts, qui essaie de s’en sortir, qui n’arrive plus à joindre les deux bouts, [ces personnes], effectivement leur situation a été invisible. Du coup, ils reprochent depuis longtemps aux médias de les avoir invisibilisés. D’où le ressentiment vis-à-vis des médias. »

Arnaud Mercier, également spécialiste des réseaux sociaux, explique la perméabilité des mauvais comportements sur les réseaux sociaux, dans la vie réelle : « Cet « ensauvagement du web », c’est-à-dire ce qui permet dans l’appropriation des réseaux sociaux et la manière dont ils fonctionnent, de s’affranchir des règles ordinaires de la courtoisie (…) peut aujourd’hui déborder dans la vie réelle. Et malheureusement, tout ce climat, parfois délétère, de dénonciations, d’injures, d’invectives etc. qui sont favorisées dans l’expression des réseaux sociaux, se traduit dans la rue. »

 

 Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec Arnaud Mercier, en intégralité :

Violences sur les journalistes. Entretien avec Arnaud Mercier, chercheur au Centre d'Analyse et de Recherche interdisciplinaires sur les médias (intégralité)
07:35

Partager cet article

Dans la même thématique

Elections legislatives, premier tour dans le gard.
4min

Politique

Municipales 2026 : la parité bouscule les petites communes

La parité s’impose désormais dans les communes de moins de 1 000 habitants. À partir des élections municipales de 2026, les listes devront respecter une stricte alternance femmes-hommes, et le panachage sera interdit. Une réforme qui, entre volonté d’égalité et réalités locales, divise fortement les élus.

Le

6min

Politique

Déploiement d’un service militaire volontaire ? « Le gouvernement s’engage dans cette voie-là », selon Hélène Conway-Mouret

Les propos du chef d’Etat-major des Armées, face au congrès des maires de France, ont fait réagir la classe politique, alors qu’il a appelé les édiles à « préparer leurs populations », à un possible conflit dans quelques années. Son discours a aussi réactivé l’idée d’un déploiement d’un nouveau service volontaire par Emmanuel Macron.

Le

Violences envers les médias : « Les personnels politiques ont une part de responsabilité » estime Arnaud Mercier
6min

Politique

Budget de la Sécu : le Sénat supprime la hausse de la CSG sur le capital, fruit du compromis avec les députés PS

Comme annoncé, la majorité sénatoriale LR et centriste a supprimé la hausse de la CSG sur le capital votée par les députés, censée rapporter 2,66 milliards d’euros. « Vous défendez le capital, le profit, de manière entêtée », a dénoncé le sénateur PS, Yan Chantrel. La rapporteure, la centriste Elisabeth Doineau, a voulu en rester aux « mesures que la majorité sénatoriale avait défendues en juillet auprès de François Bayrou ».

Le