Violences envers les médias : « Les personnels politiques ont une part de responsabilité » estime Arnaud Mercier

Violences envers les médias : « Les personnels politiques ont une part de responsabilité » estime Arnaud Mercier

Invité de l’émission « On va plus loin », Arnaud Mercier, chercheur au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias, analyse l’augmentation des violences envers les médias, dans la société française.
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Samedi dernier, des journalistes ont été agressés, lors de l’acte IX de la mobilisation des « gilets jaunes ». Et c’est loin d’être une exception.

Si cette haine des médias n’est pas nouvelle dans l’histoire, Arnaud Mercier, chercheur au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias, estime que « là, sous la Ve République, il y a un paroxysme » : « Il y a vraiment des étapes qui ont été franchies. »

Et il ajoute : « Tout ce qui est dans un discours de détestation exprimée comme telle, est toujours préparatoire à un possible passage à l’acte. A des actes violents. »

Pour Arnaud Mercier, cette libération de la violence envers les médias a été « boostée » par certains politiques : « C’est incontestable. Les personnels politiques ont une part de responsabilité. Ils doivent être responsables, au sens strict du terme (…) Jeter de l’huile sur le feu (…) n’a jamais trop servi la cause d’un débat démocratique serein. Dès lors que vous dites des choses, comme [Jean-Luc Mélenchon] l’a écrit sur son blog, qu’il y a « une juste haine », une haine saine en quelque sorte, des « gilets jaunes » vis-à-vis des médias, il ne faut pas s’étonner que les médias puissent être dans la situation de se faire attaquer. Parce que finalement, on a estimé que c’était légitime. »

« Ils considèrent qu’ils ont été des oubliés. »

Mais les médias ont-ils également leur responsabilité dans ce qui leur arrive ? « Oui, bien sûr. Évidemment » répond le spécialiste des médias. « Mais il y a une part de responsabilité de tout le monde. Des chercheurs, comme moi, des responsables politiques, des journalistes (…) Est-ce qu’on a tous fait ce qu’il fallait pour voir venir le malaise ? Est-ce que les uns et les autres, on a alerté ou pas ? (…) Chacun doit balayer devant sa porte. »

« Le problème avec les « gilets jaunes » et les médias, c’est un problème qui vient de loin. Les « gilets jaunes », on le voit bien, sont mobilisés parce qu’ils considèrent qu’ils ont été des oubliés. Ils ont été des invisibles (…) des hommes politiques (…) mais aussi des médias. Cette France, qu’on appellera « périphérique » pour faire simple, qui travaille (…) qui [fait] des efforts, qui essaie de s’en sortir, qui n’arrive plus à joindre les deux bouts, [ces personnes], effectivement leur situation a été invisible. Du coup, ils reprochent depuis longtemps aux médias de les avoir invisibilisés. D’où le ressentiment vis-à-vis des médias. »

Arnaud Mercier, également spécialiste des réseaux sociaux, explique la perméabilité des mauvais comportements sur les réseaux sociaux, dans la vie réelle : « Cet « ensauvagement du web », c’est-à-dire ce qui permet dans l’appropriation des réseaux sociaux et la manière dont ils fonctionnent, de s’affranchir des règles ordinaires de la courtoisie (…) peut aujourd’hui déborder dans la vie réelle. Et malheureusement, tout ce climat, parfois délétère, de dénonciations, d’injures, d’invectives etc. qui sont favorisées dans l’expression des réseaux sociaux, se traduit dans la rue. »

 

 Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec Arnaud Mercier, en intégralité :

Violences sur les journalistes. Entretien avec Arnaud Mercier, chercheur au Centre d'Analyse et de Recherche interdisciplinaires sur les médias (intégralité)
07:35

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