Violences et outrages: 6 mois avec sursis requis contre Jean-Vincent Placé

Violences et outrages: 6 mois avec sursis requis contre Jean-Vincent Placé

"Comportement de soudard" ou attitude simplement "déplacée"? Une peine de six mois avec sursis a été requise mercredi à l...
Public Sénat

Par Pierre ROCHICCIOLI

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"Comportement de soudard" ou attitude simplement "déplacée"? Une peine de six mois avec sursis a été requise mercredi à l'encontre de l'ex-secrétaire d'État Jean-Vincent Placé, poursuivi pour "violences, injures à caractère racial et outrages à agents" lors d'une soirée alcoolisée.

La condamnation réclamée s'accompagne d'une mise à l'épreuve de deux ans comprenant une obligation de soigner son addiction à l'alcool et de rembourser ses victimes. Mille euros d'amende ont également été requis pour l'injure raciale.

Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 10 septembre.

Cet éphémère membre du gouvernement sous François Hollande avait été interpellé ivre le 5 avril à la sortie d'un bar du VIe arrondissement de Paris, dont il venait d'être expulsé par un videur après un incident avec une cliente.

L'ancien sénateur écologiste est jugé pour des violences envers la jeune femme. Il lui est également reproché d'avoir proféré des injures racistes à l'encontre du portier de l'établissement qui s'est interposé, et d'avoir outragé les policiers qui sont intervenus.

"Toutes ces infractions troublent gravement l'ordre public et la politique pénale du parquet s'agissant de la violence faite aux femmes et de la lutte contre le racisme", a dénoncé le procureur dans ses réquisitions.

Pour le magistrat, l'ancien sénateur a exprimé dans ce dossier une forme de "désinhibition due à l'alcool mais aussi l'expression d'une forme de supériorité, de toute-puissance".

"Ce que M. Placé appelle +avoir été lourd+, nous appelons cela des violences légères, un choc psychologique", a expliqué le représentant du ministère public à propos de la manière dont le conseiller régional aurait violemment tiré à lui par le bras une jeune femme qui dansait.

"Elle ne s'attendait pas à ce qu'un homme politique ait un comportement de soudard", a-t-il lancé.

- "Cuirasse" -

A la barre, l'ancien secrétaire d’État, costume et chemise bleus, a reconnu un comportement inapproprié mais s'est défendu de toute violence. "J'ai été rigolard, arrogant, prétentieux, peut-être même hautain. J'ai été extrêmement insistant et mon comportement était déplacé mais je n'ai pas été violent et n'ai pas prononcé de propos sexistes ni insultants", a-t-il plaidé.

Le vigile, un colosse de près de deux mètres, ancien de la Légion, a expliqué à l'audience avoir entendu l'élu proposer à la jeune femme "de la thune" pour qu'elle danse pour un sénateur avec lequel il se trouvait et même lui fasse "une gâterie", avant de la traiter de "pute" face à son refus, ce que M. Placé a formellement contesté. La jeune femme, une étudiante de 20 ans, n'a pas souhaité venir témoigner.

Concernant les injures raciales rapportées par un videur, d'origine maghrébine mais surnommé "Vladimir" et pouvant passer pour un citoyen d'Europe de l'Est, le procureur a estimé que M. Placé avait surtout "cherché à offenser, à humilier" cet homme qui osait s'interposer.

Selon le portier, l'actuel conseiller régional d'Ile-de-France lui aurait dit: "On n'est pas au Maghreb ici, tu sais pas qui je suis, je vais te descendre en Afrique, moi".

Endossant le rôle de Jean-Vincent Placé, le procureur a lancé, cinglant: "Je suis un homme politique qui trouve devant moi un fâcheux qui n'est pas de ma condition et n'a pas une tête de Français, alors je mets entre nous la distance qui sépare le boulevard Saint-Germain de l'autre rive de la Méditerranée".

"Ce n'est pas possible de tenir ces propos racistes à quelqu'un qui se présente comme Vladimir et a son physique", s'est défendu l'ancien sénateur, qui a accusé l'homme de l'avoir frappé.

Le procureur a enfin jugé regrettable qu'un élu qui a parlé au nom du gouvernement ait pu se laisser aller à insulter des policiers auxquels il avait notamment lancé: "Espèce de tocards, vous ne savez pas qui je suis!".

A la barre, l'ancien secrétaire d'État a expliqué son addiction à l'alcool par un sentiment de solitude, sa difficulté à supporter une image publique d'opportuniste ambitieux. "Un jour la cuirasse a commencé à se fendre", a-t-il lâché, soulignant que son éloignement des "feux de la rampe" lui avait fait du bien.

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