Violences familiales : Laurence Rossignol reproche au gouvernement de « dévaloriser la parole publique »

Violences familiales : Laurence Rossignol reproche au gouvernement de « dévaloriser la parole publique »

La sénatrice socialiste, membre de la délégation aux droits des femmes, regrette que deux de ses propositions n’aient pas été conservées dans le deuxième budget d’urgence. Ces aides aux conjoints ou enfants, victimes de violences, traduisaient pourtant des engagements ministériels.
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Elle fait partie des 12 sénateurs qui se sont abstenus lors du vote final du deuxième projet de loi de finances rectificative ce jeudi 23 avril. La sénatrice PS Laurence Rossignol avait pourtant voté en faveur du texte sorti du Sénat, dans la nuit de mercredi à jeudi. Le compromis, trouvé à la mi-journée, entre les deux chambres du Parlement, l’a révoltée, après avoir découvert que deux de ses amendements adoptés de manière transpartisane au Sénat, n’y figuraient plus. « Ils ont été abandonnés, sacrifiés par la commission mixte paritaire, sous la pression du gouvernement de la majorité La République en marche », a-t-elle dénoncé au micro de Public Sénat, en marge du débat budgétaire. « Ces deux fonds avaient été annoncés par les ministres en charge de ces dossiers ! »

Avec des collègues de la délégation aux droits des femmes, l’ancienne secrétaire d’Etat chargée de la Famille avait décidé de prendre au mot le secrétaire d’État à la Protection de l’Enfance, Adrien Taquet notamment. Elle avait déposé, comme Annick Billon (Union centriste), un amendement instituant un fonds d’urgence de lutte contre les violences intrafamiliales, doté d’un million d’euros, afin de mettre à l’abri les femmes victimes de violences, ou de reloger le conjoint violent. Le second prévoyait un budget de 500 000 euros destiné aux familles monoparentales, dont la précarité s’est accrue pendant le confinement. Leurs enfants ne plus peuvent par exemple plus bénéficier des repas à la cantine.

Olivier Dussopt rappelle l’existence d’une réserve de précaution

L’un comme l’autre correspondait à des annonces du gouvernement. « Le fait que ces propos de ministres n’aient aucune traduction dans la loi de finances, ça dévalorise la parole publique et ça fait peser un soupçon d’insincérité sur l’ensemble de la démarche du gouvernement en cette période », a expliqué Laurence Rossignol. « Je sais que l’argent qui n’est pas inscrit dans les budgets, l’argent qui est intraçable, introuvable, invérifiable, est en fait de l’argent qui n’existe pas. »

Saluant la bouée de sauvetage pour les emplois, la sénatrice n’a cependant pas caché son scepticisme sur la tonalité de cette loi budgétaire. « Il y a beaucoup d’argent pour les entreprises, c’est un projet de loi essentiellement économique, sans aucune condition. L’argent coule à flot », selon elle.

Lors de l’ultime séance sur ce projet de loi, le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics, Olivier Dussopt, a voulu témoigner de la bonne foi du gouvernement, en rappelant qu’il existait une réserve de précaution dans le budget de l’Etat, dotée de 1,7 milliard d’euros non affectés. « Elle nous permet de faire face à l’ensemble des annonces », a-t-il tenu à rassurer.

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