Virage à droite toute de Valérie Pécresse ? « Nous avons un électorat partagé en deux, qu’on le veuille ou non », pour Julien Aubert (LR)
Invité de notre matinale, Julien Aubert est revenu sur la polémique autour de l’utilisation du terme « grand remplacement » par Valérie Pécresse, en contestant une « reprise des thèses » par la candidate. Si, d’après le député du Vaucluse, l’électorat LR est bien tiraillé entre Emmanuel Macron et Éric Zemmour, Valérie Pécresse veut faire l’union.

Virage à droite toute de Valérie Pécresse ? « Nous avons un électorat partagé en deux, qu’on le veuille ou non », pour Julien Aubert (LR)

Invité de notre matinale, Julien Aubert est revenu sur la polémique autour de l’utilisation du terme « grand remplacement » par Valérie Pécresse, en contestant une « reprise des thèses » par la candidate. Si, d’après le député du Vaucluse, l’électorat LR est bien tiraillé entre Emmanuel Macron et Éric Zemmour, Valérie Pécresse veut faire l’union.
Louis Mollier-Sabet

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« Est-ce qu’on a le droit d’utiliser des mots dont on conteste le fondement ? » s’agacerait presque Julien Aubert. Il faut dire que depuis le meeting de dimanche, l’état-major LR est perpétuellement tenu de justifier l’emploi par Valérie Pécresse d’un concept très fortement associé à Éric Zemmour : « Dans 10 ans, serons-nous encore la septième puissance du monde ? […] Face à ces questions vitales, pas de fatalité. Ni au grand remplacement, ni au grand déclassement. » Julien Aubert estime – comme Bruno Retailleau hier – que Valérie Pécresse a bien utilisé ce terme, mais pour le contester : « Elle a tout simplement expliqué qu’elle ne reprenait pas cette expression. Evidemment qu’elle est connotée, c’est même pour ça qu’elle l’utilise, pour dire qu’elle ne se résout pas à la petite France d’Éric Zemmour. »

» Lire aussi : Utilisation du terme de « grand remplacement » par Valérie Pécresse : « Il n’y a pas de tabou » pour Bruno Retailleau

Le député LR du Vaucluse dénonce une instrumentalisation, dont les ficelles sont grosses : « Il y a eu une instrumentalisation concertée par les proches du Président de la République. J’ai vu sortir des sarcophages la vieille gauche qui donne des leçons de République. Madame Hidalgo utilise une reductio ad Le Penum. Moi, je lui dis ‘souvent, vous n’êtes pas républicains à la mairie de Paris donc laissez-nous tranquille’. Quand vous êtes alliés à des écologistes et qu’il y a des débats pour nommer une rue Samuel Paty… » Pourtant, les critiques ne viendraient pas que de la gauche et de la majorité présidentielle. Xavier Bertrand et Jean-François Copé auraient aussi exprimé leur mécontentement après le meeting de dimanche en réunion du comité stratégique des LR.

« C’est pour ça que je n’aime pas le ‘grand remplacement’, le vrai sujet est culturel »

« Non ça ne s’est pas exactement passé comme ça, nous avons fait le point, chacun a exprimé un diagnostic sur le meeting », rectifie Julien Aubert, qui livre son impression de l’épisode : « On était en train de discuter de détails techniques et Xavier Bertrand a effectivement dit qu’il voulait retrouver la Valérie Pécresse du Congrès et qu’il ne fallait pas écouter tout le monde. Compte tenu de la polémique qui a surgi, il faut être très clair pour éviter de laisser entendre, parce qu’on voit bien le piège tendu sur cette expression. […] L’intervention de Jean-François Copé est passée plus inaperçue, j’ai surtout retenu qu’il a rappelé ce qu’il avait fait sur la burka, la droite décomplexée, je n’ai pas souvenir de ce passage. »

Sur le fond, c’est un faux problème pour Julien Aubert, qui concède que la droite et l’extrême droite parlent parfois des mêmes sujets, mais pas avec la même vision : « Si c’est pour les combattre, une reprise des mots n’est pas une reprise des thèses. Entre la droite et l’extrême droite, vous parlez de la Nation, mais vous avez une vision de la Nation blanche où l’immigré est rejeté par sa couleur de peau. C’est pour ça que je n’aime pas le ‘grand remplacement’qui dit ‘regardez autour de vous’, alors que le vrai sujet est culturel. Moi je ne dis pas ‘préférence nationale’, dans ma rue un Macédonien se lève à 5h du matin tous les jours, je le respecte beaucoup plus que des Français depuis Vercingétorix qui ne veulent pas aller travailler. »

« Valérie Pécresse veut rassembler toute la droite »

Si Julien Aubert dresse une frontière entre LR et l’extrême droite sur la question de la Nation, il est tout de même obligé de convenir que l’électorat de LR est tiraillé entre les deux options : « C’est normal qu’Éric Ciotti ait de l’influence, il a fait 40 % des voix au Congrès. Nous avons un électorat partagé en deux, qu’on le veuille ou non. Une partie est attirée par Emmanuel Macron et l’autre est attirée par Éric Zemmour. »

Mais pour le député LR du Vaucluse, circulez, il n’y a rien à voir, Valérie Pécresse arrivera à rassembler cet électorat « partagé en deux » : « Nous sommes le seul parti à proposer une solution de concorde à des Frances qui ne se parlent plus. Sur la politique sociale, tout ce qu’elle déroule sur la hausse des salaires, on renoue avec une tradition gaulliste sociale. Valérie Pécresse veut rassembler toute la droite, de Jean-Christophe Lagarde ou Hervé Morin jusqu’à Laurent Wauquiez et Éric Ciotti. »

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