Nouvelle étape dans le tour de France gouvernemental. Jean Castex a réalisé son 24e déplacement depuis sa prise de fonction, le 3 juillet dernier, en se rendant sur les terres viticoles du Cher.
Le Premier ministre y venait annoncer un renforcement des aides financières en faveur d'une filière durement touchée par la crise du coronavirus : 80 millions d’euros supplémentaires seront accordés aux viticulteurs, en plus des 170 millions déjà débloqués par le précédent locataire de Matignon, Edouard Philippe.
« J'ai demandé à ce que ces aides puissent être distribuées le plus rapidement possible car les besoins en trésorerie [...] sont forts », a assuré Jean Castex. Le Premier ministre a indiqué que ces nouvelles aides étaient le prélude du plan de relance, prévu pour la fin août.
« C'est une fausse annonce », commente Nathalie Delattre, membre du groupe d'études Vignes et vin au Sénat. « C'est déjà ce que nous avions obtenu lors de la discussion sur le projet de loi rectificatif. »
Le Premier ministre, accompagné du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, a commencé sa visite par une exploitation bio à Menetou-Salon, au nord-est de Bourges. Avant d'y déguster la production, il s'est fait présenter la petite chaîne d'embouteillage opérée par deux ouvriers, la cave et le chai de stockage. Il s’est ensuite rendu à la maison des vins de Sancerre, pour une rencontre avec des professionnels locaux.
Une filière victime d'une chute des échanges commerciaux internationaux
« Globalement l'agro-alimentaire a été moins impacté que d'autres par le Covid (...) mais cela cache des différences importantes selon les secteurs », explique Matignon, en soulignant que la viticulture, « dépendante de la restauration » et soumise à une reprise de l'activité touristique « hétérogène », figure parmi les plus touchés.
Dans le même temps, « il y a eu aussi une contraction assez forte des échanges commerciaux », alors que la France « exporte entre 30 et 40% de sa production », note Matignon.
La sénatrice (RDSE), Nathalie Delattre, estime que le gouvernement « n'est pas à la hauteur des attendes de la filière viticole » : « Nous sommes très loin du compte. Les vins et spiritueux représentent le deuxième poste d'exportation après l'aéronautique. L'aérien a touché 7 milliards d'aides... Et nous, 250 milllions. Mais il nous faudrait un milliard pour redresser la barre ! »
Au total, les viticulteurs estiment que la crise sanitaire a engendré un manque à gagner d'au moins 1,5 milliard d'euros en raison de la mise à l'arrêt des bars, restaurants, rassemblements festifs et du tourisme.