La messe est dite. Comme attendu, l’Assemblée nationale a voté contre la confiance au gouvernement de François Bayrou par 364 voix contre, 194 pour et 15 abstentions. Conséquence immédiate de ce vote de confiance perdu par le premier ministre : François Bayrou va devoir remettre sa démission à Emmanuel Macron. Charge au président de la République de nommer un nouveau premier ministre.
Dans le détail, le groupe LR s’est montré comme prévu divisé, mais peut-être encore plus qu’imaginé. Sur les 49 membres du groupe présidé par Laurent Wauquiez, 27 ont voté pour, pas moins de 13 ont voté contre et 9 se sont abstenus, soit 22 qui n’ont pas voté la confiance, alors que le président du parti, Bruno Retailleau, a encore appelé à voter pour, la veille, lors d’un congrès des LR, à Port-Marly.
Dès l’annonce par le premier ministre du vote de confiance, à la surprise générale, le 25 août dernier, le RN et le PS avaient annoncé vouloir voter contre, scellant le sort du Béarnais. Les discussions entamées la semaine dernière, à Matignon, puis son discours de politique générale, ce lundi, n’y ont rien changé. Personne n’a voulu sauver le soldat Bayrou, accusé d’avoir fait les choses à l’envers, négociant après avoir annoncé le vote.
Nouvelle page d’instabilité pour le pays
Ses proches assurent que son objectif était d’alerter sur la dette et de partager le constat sur la situation. Mais face à l’incompréhension qui s’est dégagée face à ce pari, voire ce qui a pu paraître comme une certaine naïveté ou simplement une erreur d’analyse politique, certains y ont vu quelques arrière-pensées pour celui qui s’est déjà présenté trois fois à la présidentielle : face à une censure qui devait arriver tôt ou tard, une manière de contrôler sa sortie, dans une posture de responsabilité face aux déficits, et ainsi s’ouvrir des perspectives pour son destin personnel, autrement dit, permettre, si les planètes s’alignent, une éventuelle candidature à la présidentielle, en 2027… Dans l’immédiat, après neuf mois passés à Matignon, François Bayrou pourra revenir à la mairie de Pau, dont il avait conservé le siège de maire.
Une chose est sûre : la chute du gouvernement Bayrou ouvre une nouvelle page d’instabilité pour le pays. C’est le deuxième gouvernement en un an, après celui de Michel Barnier. Son fusible perdu, la pression retombe maintenant sur le chef de l’Etat, qui va devoir choisir un nouveau premier ministre. Et si le Président nous a donné l’habitude de se présenter en maître des horloges et de faire durer le suspense, pour ne pas dire le supplice, le temps presse en réalité car la France doit se doter d’un budget avant la fin de l’année.
Premier ministre de gauche, du bloc central, dissolution ou démission : plusieurs options s’offrent à Emmanuel Macron
Plusieurs options s’ouvrent à Emmanuel Macron : nommer un premier ministre de gauche, comme le demandent le PS et ses alliés, hors LFI, avec qui la rupture est consommée. Il respecterait ainsi le sens du vote des législatives 2024, où le bloc du Nouveau front populaire est arrivé en tête. Mais dans ce cas, il perdra les LR. Autre hypothèse, sûrement la plus probable : renommer un premier ministre issu du bloc central, susceptible de vraiment négocier avec le PS. Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, la solution risque d’entraîner une nouvelle censure à terme, repoussant le problème de quelques semaines. Emmanuel Macron pourrait aussi mettre en place un gouvernement technique, mais l’idée n’est pas dans les tuyaux.
Autre option, moins probable, mais pas totalement à exclure : une nouvelle dissolution. Elle aurait l’avantage de redonner la parole au peuple, pour tenter de sortir du blocage politique dans lequel le pays est empêtré. Mais au regard des rapports de force et des sondages, un retour aux urnes ne serait pas susceptible de changer fondamentalement les équilibres d’une Assemblée fragmentée et balkanisée, ne réglant rien au bout du compte. Enfin, dernière option : une démission d’Emmanuel Macron, à laquelle personne ne croit.