Les ministres LR François-Noël Buffet et Bruno Retailleau
Les ministres LR François-Noël Buffet et Bruno Retailleau

Vote de confiance : les LR se préparent déjà à l’après-Bayrou

Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, également président des LR, affiche le soutien de sa famille politique à François Bayrou malgré des divergences sur les pistes budgétaires. Mais en interne, beaucoup estiment le sort du Premier ministre déjà scellé, et s’interrogent sur l’intérêt de maintenir la coalition avec les macronistes.
Romain David

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Les LR se mettent en ordre de bataille. Le président des Républicains, Bruno Retailleau, a réuni autour de lui, ce mardi matin, les principaux cadres de son parti. La veille, le Premier ministre a pris de court l’ensemble de la classe politique et son propre gouvernement en annonçant vouloir demander un vote de confiance à l’Assemblée nationale, le 8 septembre prochain, pour acter l’urgence budgétaire. « Voter pour la chute du gouvernement, ce serait voter contre les intérêts de la France », estime le patron des LR, également ministre de l’Intérieur, dans un communiqué publié juste après cette réunion.

Rejetant les orientations budgétaires présentées au début de l’été, l’ensemble des partis de gauche et le Rassemblement national ont déjà fait savoir leur intention de ne pas accorder leur confiance au gouvernement, ce qui semble devoir solder l’avenir de François Bayrou à Matignon. En revanche la droite, membre du bloc gouvernemental, entend jouer la carte de la stabilité. « Cohérente et constante, la droite française ne peut s’associer au cartel du déni et aux démagogues qui refusent de voir la réalité en face. Nous sommes entrés au Gouvernement pour éviter le chaos et l’extrême gauche, il serait irresponsable de précipiter le pays dans une crise financière majeure dont les conséquences atteindraient d’abord les plus fragiles », écrit Bruno Retailleau.

Un vote consultatif au Sénat ?

« Entre la stratégie du chaos et le choix de l’inconséquence, nous choisissons toujours l’esprit de responsabilité », décrypte Mathieu Darnaud, le président du groupe LR au Sénat. Selon nos informations, certains sénateurs de droite souhaitent solliciter auprès de Gérard Larcher, le président du Sénat, la tenue d’un vote le 8 septembre, en même temps que celui des députés.

Le gouvernement de François Bayrou serait quasi assuré de décrocher une majorité de soutien au sein de la Chambre haute, mais ce scrutin n’aurait qu’une portée symbolique dans la mesure où les sénateurs n’ont pas le pouvoir de renverser l’exécutif. « Seul le gouvernement peut demander un vote du Sénat, même si celui-ci peut le solliciter à cet effet. Mais qu’y gagnerait le Sénat alors que le sort à l’Assemblée nationale est scellé ? », interroge le sénateur LR des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi.

Un soutien de façade

À droite, malgré le soutien affiché par la direction du parti, quelques voix menacent pourtant de se joindre à celles des oppositions. « Sur les boucles WhatsApp et Telegram, ça râle du côté des militants et certains parlementaires demandent que l’on ne vote pas la confiance », confie un cadre LR, qui ajoute, amusé : « Il y a toujours eu, chez LR, un anti-bayrouisme structurel à fleur de peau ». Autant de haines recuites qui remontent aux critiques répétées de François Bayrou contre Nicolas Sarkozy.

Ce ressentiment a été entretenu ces derniers mois par plusieurs « coups de canifs » de la part du Premier ministre, notamment sur la proportionnelle ou le changement du mode de scrutin pour les municipales à Paris, Lyon et Marseille, deux réformes auxquelles la droite est fermement opposée.

À cela s’ajoutent des orientations budgétaires qui n’ont pas vraiment convaincu les LR : la suppression de deux jours féries et l’effort de 5,3 milliards d’euros demandé aux collectivités territoriales constituent deux pierres d’achoppement pour la droite sénatoriale.

Sortir du gouvernement

« Le vrai sujet pour LR, aujourd’hui, c’est ce que l’on fera après la chute de François Bayrou. Faut-il continuer de participer à une éventuelle coalition avec les macronistes ? », ajoute le cadre cité plus haut. « Cela dépendra, bien sûr, de son successeur. Mais si l’on reste, il faudra renouveler nos conditions. On a bien vu que François Bayrou et Emmanuel Macron avaient fini par s’émanciper du cadre de l’accord mis en place sous Michel Barnier ». La question devrait occuper un bureau politique prévu mercredi en fin de journée, initialement prévu pour plancher sur la refonte des statuts du parti, mais qui ne devrait pas manquer d’être bousculé par l’actualité politique.

Ces derniers mois, Les Républicains, après des années de marasme, ont pu profiter d’une certaine dynamique, alimentée notamment par la popularité dont bénéficie leur nouveau président, Bruno Retailleau, depuis sa nomination place Beauvau. Mais à un an de la présidentielle, certains s’interrogent sur les gains politiques que peut encore apporter une participation au gouvernement, et appellent « à couper le cordon avec un bloc central de plus en plus compliqué. »

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