La décision de François Bayrou de solliciter un vote de confiance a pris de court nombre d’états-majors politiques. Le pari du Premier ministre, d’obtenir le 8 septembre une majorité sur le sujet sur la nécessité de « rééquilibrer nos comptes publics », a peu de chances d’être gagné, gauche et RN ayant d’ores et déjà annoncé leur refus laisser un nouveau sursis au gouvernement.
Ce nouvel épisode dans la crise politique ouverte depuis la dissolution de juin 2024 amène son lot de nouvelles interrogations sur la suite, y compris chez les Républicains, qui réunissaient leur bureau politique ce 27 août, dans l’après-midi. Initialement, il était convoqué pour valider les nouveaux statuts du parti, dirigé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau. Le coup de théâtre venu de Matignon a finalement occupé la moitié de la réunion de deux heures.
« Il y a eu des échanges, mais pas de réponses toutes faites »
« Il y a eu un débat, pas très animé, sur le thème : que faisons-nous après le 8 septembre ? Il est probable qu’il n’y ait plus de gouvernement. Mais y aura-t-il une dissolution ? Participons-nous au gouvernement suivant ? Allons-nous poser de nouvelles conditions ? Il y a eu des échanges, mais pas de réponses toutes faites », relate un parlementaire, qui a assisté au bureau politique.
Selon cette source, l’instance a soutenu la position de Bruno Retailleau, exprimée hier dans un communiqué, même si aucun vote formel n’a toutefois eu lieu sur ce point. « Voter pour la chute du gouvernement, ce serait voter contre les intérêts de la France », avait fait savoir le document diffusé au lendemain de l’annonce surprise de François Bayrou. Tout en précisant que cette position ne constituait pas un soutien pour la totalité des pistes budgétaires présentées par le Premier ministre, le président du LR souligne que « la droite française ne peut pas s’associer au cartel du déni et aux démagogues qui fusent de voir la réalité en face ».
Tous les députés LR ne seraient toutefois pas prêts à joindre leur vote à un gouvernement auquel leur parti est pourtant membre. Hier, leur patron, Laurent Wauquiez, avait d’ailleurs demandé « d’attendre la position du groupe LR à l’Assemblée nationale ». Ces derniers mois, plusieurs dossiers défendus par le Premier ministre sont venus détériorer les relations avec la droite, comme la réforme du scrutin pour les municipales à Paris, Lyon et Marseille, ou encore le projet d’instauration d’une dose de proportionnelles aux législatives. « Il a été dit que quelques députés ne voteraient pas la confiance. Ils seront peut-être une dizaine [sur 49, ndlr]. Cela n’a pas provoqué d’échanges particuliers entre nous », relate un participant du bureau politique.
« On ne peut pas y aller à n’importe quel prix »
Le parti de droite va cependant devoir affiner rapidement sa stratégie dans l’optique, très probable, où le gouvernement échouerait à obtenir la confiance du palais Bourbon. « Bruno Retailleau a clairement dit que dans les jours qui viennent, il faut que l’on ait des affirmations assez nettes sur des propositions financières et budgétaires qui, soit seraient les demandes pour participer au gouvernement suivant, soit des propositions dans la perspective du débat budgétaire », détaille un parlementaire LR. Le Sénat, dominé par la droite et les centristes, se veut le laboratoire de ces idées, et de nouvelles réunions seront l’occasion d’affiner la copie de la majorité sénatoriale.
«Si nous devions participer au gouvernement, ce serait au moins en réassurant clairement nos garanties. Et en faisant comprendre que ce n’est pas optionnel, que c’est à prendre ou à laisser. Ça peut être une option de ralliement pour le plus grand nombre, entre ceux qui ne veulent plus y aller et ceux qui veulent rester au gouvernement car nous avons retrouvé des couleurs. Mais on ne peut pas y aller à n’importe quel prix », explique le sénateur Max Brisson, qui n’a pas pu participer à ce BP.
François Bayrou aura l’occasion d’aborder ces différents points au cours de la semaine prochain avec les ténors des Républicains. Il s’est dit prêt ce mercredi à rencontrer dans les prochains jours les chefs de partis en amont du vote de confiance.