Son sort est presque scellé, mais François Bayrou a promis de « se battre comme un chien » pour obtenir la confiance des députés. Pour cela, il lui faut notamment faire oublier pendant un temps son plan d’économies budgétaires de près de 44 milliards d’euros, rejeté par l’opposition et par l’opinion. Il veut éviter à tout prix, que le vote du 8 septembre, ne porte sur le rejet ou non de ce budget. « Il y a deux étapes distinctes. La première c’est de dire si on est d’accord ou non sur le constat. Est-ce qu’on peut dire qu’on est écrasés par la dette ou pas ? Ensuite on parlera des mesures. »
Pour tenter de survivre à ce vote, il dramatise aussi l’enjeu et en fait un nouveau moment de « clarification », comme l’avait fait Emmanuel Macron au moment de la dissolution. « Dans les 13 jours qui viennent, les Français vont choisir et influencer leurs représentants pour qu’ils choisissent et disent s’ils se placent du côté du chaos ou du côté de la conscience et de la responsabilité. C’est un moment de bascule. »
Oui mais voilà, la France insoumise, le Rassemblement national et le Parti socialiste ont déjà fait savoir qu’ils ne voteraient pas la confiance. Pourtant, le Premier ministre ne s’avoue pas vaincu. « Il y a très longtemps que je suis habitué à la rapidité pour dire « non » et lenteur pour dire « oui ». On a le droit de remettre en question les réflexes spontanés qu’on veut avoir. Et je me demande comme beaucoup de Français, quel sera le lendemain avec une alliance entre LFI et le RN. Où est-ce que cela conduira la France ? On peut craindre une crise politique. »
Un effort spécifique demandé aux hauts revenus
Pendant 13 jours, le Premier ministre entend aussi rectifier l’image d’un budget qui ne concerne pas assez les hauts revenus. Lors de son intervention devant la CFDT, François Bayrou a promis qu’un effort spécifique serait demandé aux plus aisés et que les niches fiscales qui leur profitent seraient supprimées « à chaque fois qu’elles sont jugées injustes. »
Le chef du gouvernement tend aussi la main aux syndicats : en promettant d’inscrire leurs propositions sur le travail des femmes et les carrières longues dans le budget ; il propose aussi un changement de cap, en confiant aux partenaires sociaux, la gestion des assurances chômage ou vieillesse « à condition de respecter un équilibre financier fixé dans la loi. »
Mais Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT n’est pas dupe : « Il a dit des choses qui nous plaisent, mais au-delà des grandes déclarations nous attendons des actes. Quant à la gestion des assurances chômage et vieillesse, oui, mais seulement si nous fixons aussi les règles du jeu. »
En attendant, François Bayrou poursuit son chemin de croix pour sa survie ; avec une nouvelle étape jeudi face au patronat, pour la rentrée du MEDEF.