Le chef de file des députés LR, Christian Jacob, a reproché mardi à Édouard Philippe d'avoir "contribué à la perte" de ses "anciens collègues" avec sa nomination à Matignon, défendant une opposition "exigeante" dans son intervention suivant la déclaration de politique générale.
Le départ de "votre famille politique" dans ces conditions "restera pour moi une vraie blessure", a lancé M. Jacob. "J’espère –mais, je ne me fais pas beaucoup d’illusion- qu’il vous arrive, en vous regardant dans la glace, de songer à vos anciens collègues dont votre nomination a contribué à la perte", a-t-il cinglé.
"Vous avez été nommé pour assurer une majorité parlementaire au président de la République, peut-être même –les mauvaises langues le disent- pour casser la droite française. Vous rêviez d'avoir votre groupe parlementaire charnière. Il n’existe pas. Vous n'avez guère qu'une petite partie d'un petit groupe, petit à tous points de vue", a encore grincé le président du groupe Les Républicains.
Et M. Jacob de juger que le "second objectif, casser la droite française (...) a échoué aussi".
"Nous sommes là et bien là. Fiers de pouvoir incarner une opposition républicaine solide, libre et exigeante. Déterminés à ne pas vous laisser le monopole d’une confrontation stérile et dangereuse avec l’extrême gauche et l’extrême droite", a encore clamé le député LR de Seine-et-Marne.
"Ce qu'a fait et dit le président de la République à Versailles démontre qu'il a décidé de vous tenir bride très courte. Cette pratique nous trouble. Pas seulement parce qu'elle est une humiliation pour le Premier Ministre", mais aussi "parce que le président (...) joue dangereusement avec l'esprit et la lettre de notre Constitution".
Le groupe LR et ses 100 députés seront, a clamé M. Jacob, le "fer de lance d’une opposition solide sur ses convictions et ferme sur son socle de valeurs. Une opposition qui saura vous laisser le bénéfice du doute et vous jugera sur vos actes. Une opposition qui refusera les ambiguïtés. Une opposition qui n’avancera jamais masquée et qui par conséquent ne votera pas la confiance à votre gouvernement".
Il a promis une opposition "vigilante, en particulier contre le matraquage fiscal des ménages, la dégradation des finances publiques, la perte de l’autorité de l’État, le laxisme judiciaire, les dérives du communautarisme".
Entre autres critiques, M. Jacob a qualifié l'augmentation prévue de la CSG de "lourde menace pour les retraités".
Quant au "retour de la loi El Khomri/Valls", avec "des questions que nous portons depuis toujours", il a mis en garde sur un débat "soit dans la rue, soit dans quelques mois" lors de la ratification vu le recours aux ordonnances.
Et LR soutiendra la prolongation de l'état d'urgence, sans "blanc-seing pour (...) un état d’urgence larvé qui (...) serait attentatoire aux libertés".
Il a aussi réclamé que "le Parlement fixe des quotas d’immigration" et d'"en finir avec l'appel d'air créé par un modèle social trop généreux".
Mais, a prévenu M. Jacob, "nous ne serons pas d’une aventure législative qui affaiblit le Parlement" et "si la loi de moralisation de la vie publique doit être cette aventure, nous dirons non, comme le Tiers-État a dit non au roi".