Vous n’avez rien compris à la désignation du candidat LR ? On vous explique
Les adhérents LR sont appelés à décider ce samedi du mode de désignation du candidat de la droite à la présidentielle. Ils doivent choisir entre une primaire ouverte et un congrès fermé aux militants. Xavier Bertrand se dit maintenant prêt à participer, si l’option congrès est retenue. Mais reste à voir sous quelles conditions…
Pendant que les écolos terminent leur primaire, qu’Anne Hidalgo commence sa campagne, qu’Eric Zemmour n’en finit plus d’être quasi candidat et qu’Emmanuel Macron multiplie les annonces, la droite et les LR en sont encore à choisir comment ils vont… choisir leur candidat à la présidentielle. Pour ceux qui n’auraient pas tout suivi – on ne les en blâmera pas – on essaie de vous expliquer où en sont les LR. Attention, accrochez-vous.
Choix entre primaire ouverte et désignation par les militants LR en congrès
Depuis plusieurs mois, les partisans d’une primaire semi-ouverte bataillent pour faire entendre cette voie. Le patron des LR, Christian Jacob, hostile au principe des primaires, a finalement ouvert cette perspective. Mais il renvoie la décision aux 80.000 adhérents. Ils sont appelés ce samedi à se prononcer, lors d’un congrès en ligne. Ils doivent donc choisir le mode de désignation du candidat de la droite et du centre.
Au choix : soit une primaire ouverte aux sympathisants, soit une désignation lors d’un congrès le 4 décembre, où le vote sera réservé aux seuls adhérents LR. Ce dernier point a fait débat. Les soutiens de Valérie Pécresse, comme le sénateur Roger Karoutchi, mais aussi le président du Sénat, Gérard Larcher, ont plaidé pour que la désignation par congrès soit ouverte aux adhérents des partis amis, comme les centristes de l’UDI et du Nouveau centre, Force Républicaine de Bruno Retailleau, et bien évidemment les mouvements Libres ! de Valérie Pécresse et La Manufacture de Xavier Bertrand. Mais lors d’un vote en bureau politique, instance dirigeante des LR, les tenants de cette option n’ont obtenu qu’une vingtaine de voix. Insuffisant.
Pour le député Robin Reda, proche de Valérie Pécresse, il aurait été « normal » que ces partis « soient associés au processus de sélection ». « Je crains qu’en excluant les partis alliés, on ait du mal, ensuite, à travailler tous ensemble », ajoute le sénateur LR Philippe Mouiller, autre soutien de Valérie Pécresse. Reste que les proches de la présidente de l’Ile-de-France défendent avant tout l’idée d’une primaire « semi-ouverte ».
Pour le président du groupe LR de l’Assemblée, Damien Abad (voir vidéo ci-dessus), si « on fait un congrès, il est statutairement et forcément réservé aux adhérents LR, pour éviter toute usine à gaz et les feuilletonnâtes », nous a expliqué jeudi le député, en marge d’une réunion au Sénat rassemblant députés et sénateurs LR sur la question des finances publiques (lire notre article). C’est aussi une histoire de gros sous. Le parti va soutenir financièrement le candidat désigné, à hauteur de plusieurs millions d’euros. Certains soulignent qu’il serait étonnant de voir les militants UDI ou d’autres partis participer à ce choix qui engage le parti.
Si l’option primaire est retenue, les LR parlent de primaire semi-ouverte. Manière de se rassurer. Car l’idée est de ne pas voir des personnes de gauche venir influencer le résultat, comme lors de la primaire de 2016. La primaire, en ligne, se fera donc par « un vote en deux tours de l’ensemble des adhérents et des citoyens qui se reconnaissent dans les valeurs de la droite et du centre et qui acceptent de figurer dans un fichier nominatif qui restera propriété du mouvement et du candidat désigné » stipulent les nouveaux statuts, soumis en même temps au vote des militants samedi. Pour les LR, la création de ce fichier pourrait suffire à freiner l’entrisme… Reste qu’il paraît excessif, en réalité, de parler de primaire semi-fermée. Elle est bien en définitive ouverte à tous.
Selon un responsable des LR, favorable à l’option primaire, le simple fait de demander aux militants de décider ne laisse pas de doute quant au résultat de samedi. « Quand on demande aux militants s’ils veulent avoir le contrôle sur le mode de désignation, la réponse s’imposera… » prédit-il. Autrement dit, ce serait le congrès.
Xavier Bertrand ne veut pas de primaire mais accepte de participer à un congrès
Le président des Hauts-de-France le répète depuis des mois : il n’entend pas se prêter au jeu de la primaire ouverte. Mais lors du bureau politique cette semaine, la sénatrice Dominique Estrosi Sassone, l’une des porte-parole de Xavier Bertrand, a fait une annonce : l’ancien ministre du Travail participera, si l’option congrès est retenue.
Ça y est, Xavier Bertrand est donc prêt à se soumettre au vote des militants face aux autres candidats, Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin ? Pas tout à fait, à écouter ses proches. « Dominique Estrosi Sassone a expliqué que Xavier Bertrand, dans le cadre d’un congrès, demandera officiellement au parti son soutien. Je pense que c’est ce qu’il va faire, dès lors que samedi, le vote aura penché pour le congrès », précise le sénateur Jean-François Rapin, soutien de Xavier Bertrand. Il participera aussi à la compétition face aux autres ? « Je ne peux pas m’engager là-dessus, puisqu’il est précisé qu’il y aura un comité d’organisation du congrès. […] Je n’en connais ni les tenants, ni les aboutissants », tempère le sénateur LR du Pas-de-Calais. Il ne faut pas oublier que Xavier Bertrand a aussi besoin du soutien financier de LR. Il faut donc bien trouver un moyen de raccrocher les wagons..
Un autre soutien du candidat picard explique le rêve du camp Bertrand : « Si c’est l’option congrès, le plus logique, c’est que tout le monde se rassemble derrière un candidat. Ce serait un congrès d’adoubement ». Pour Xavier Bertrand bien entendu.
La grande étude commandée par LR favorable à Bertrand
La grande étude d’opinion commandée par LR est venue conforter Xavier Bertrand. Il en sort mieux placé que Valérie Pécresse, sans tuer le match pour autant. « Ce sondage confirme sa solidité. Dans tous les items, il est en tête, et notamment pour être en mesure de remporter le deuxième tour de la présidentielle », note la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier, autre porte-parole. Jean-François Rapin insiste lui sur la faiblesse de la marge d’erreur, avec 15.000 sondés. Autrement dit, pour lui, il n’y a plus débat.
Du côté des soutiens de Valérie Pécresse, certains faisaient grise mine après le bureau. Un dîner de l’amicale gaulliste du Sénat a suivi la réunion, mercredi soir. L’un des participants raconte : « L’ambiance était un peu surréaliste. Ceux qui ne sont pas pour Bertrand étaient énervés. La décision sur le congrès fermé crispe les pros Précresse. Il y a une conjonction d’événements à son détriment. Et le fait de ne pas trancher encore, ça énerve ».
Un congrès d’adoubement pour Bertrand est-il imaginable ?
Un congrès d’adoubement est-il possible ? L’idée passe mal chez certains opposants de Xavier Bertrand. « On a été cocu et il veut qu’on paie la chambre ! » s’agace une parlementaire. Christian Jacob assure que ce n’est pas l’optique. « Non, personne n’a dit ça. Il y aura un, deux, trois, quatre candidats, et les militants choisiront », soutient Christian Jacob, qui ajoute : « Il n’y a pas d’ambiguïté ». A moins que les candidats ne s’entendent d’ici le congrès prévu le 4 décembre… « S’ils arrivent à s’entendre, c’est tant mieux. Mais je n’y crois pas beaucoup », confie dans les couloirs du Sénat le président de LR.
D’autres cadres du parti n’ont pourtant pas la même vision. Aurélien Pradié, secrétaire général de LR, n’écarte pas que les candidats soient « capables de se mettre d’accord d’ici le 4 décembre. D’ici là, il y aura une réalité qui s’impose à tout le monde », « une réalité darwinienne »… Qui pourrait favoriser le candidat du Nord. Un responsable du parti ajoute : « La question n’est pas de savoir si Xavier Bertrand acceptera de se confronter à Pécresse et Barnier, mais si Pécresse et les autres accepteront de se confronter à Bertrand ».
Damien Abad, soutien de Bertrand, avance dans le même esprit. Il espère « un congrès de rassemblement, qui crée une dynamique, pas un congrès d’affrontement ». Gérard Larcher, qu’on sait proche de Valérie Pécresse, ne le voit pas de cette oreille. « Ce n’est pas une affaire d’adoubement. Il y aura un choix entre plusieurs candidats. Et celui ou celle qui sortira, deviendra notre candidat, et chacun s’engagera pour le soutenir », soutient le président du Sénat (voir vidéo ci-dessous). Chaque étape après l’autre. Il faut pour l’heure attendre le choix des militants ce week-end.
Les hausses d’impôt ciblées sur les grandes entreprises et les plus fortunés, annoncées par Michel Barnier, continuent de diviser la majorité relative. Frondeur en chef, Gérard Darmanin continue de profiter de sa liberté retrouvée en jouant sa propre partition, au risque d’affaiblir le premier ministre. Tous ne ferment pourtant pas la porte à la hausse de la fiscalité.
Le Premier ministre a indiqué que la réforme constitutionnelle sur le corps électoral de Nouvelle-Calédonie, élément déclencheur des violences dans l’archipel, « ne sera pas soumise » au Congrès. Si cette annonce a soulevé la colère de certains membres du camp présidentiel, de nombreux élus, indépendantistes ou loyalistes, saluent la volonté d’apaisement affichée par le nouveau gouvernement.
Les sénateurs Les Républicains vont publier une tribune en soutien à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, après la polémique sur l’Etat de droit qui ne serait « pas intangible, ni sacré ». Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, l’a co-signée. Pour lui, l’Etat de droit « n’est pas immuable » et « l’expression populaire peut le faire évoluer ».
Depuis un forum à Berlin, Emmanuel Macron a estimé mercredi qu’une « taxation exceptionnelle sur les sociétés », telle qu’annoncée par le gouvernement de Michel Barnier, était « bien comprise par les grandes entreprises » mais qu’elle devait être « limitée ». La veille, Michel Barnier avait annoncé aux députés, lors de son discours de politique générale, qu’une participation serait demandée aux « grandes entreprises qui réalisent des profits importants » et aux « Français les plus fortunés », au nom de la « justice fiscale ». Cette taxation exceptionnelle a été confirmée par le Premier ministre au Sénat, ce mercredi. A la sortie du discours de politique générale, le président du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard reste prudent. « On verra le montant et l’orientation de cette mesure. Mais une taxation sur les superprofits, c’est quelque chose qu’on a portée et qu’on continue à porter. Que de temps perdu pour se rendre compte qu’on avait besoin d’un peu de justice fiscale », a-t-il regretté sur le plateau de Public Sénat. A ses côtés, la présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman s’interroge sur le rôle joué par Emmanuel Macron en cette période inédite. « Ce qui est étonnant, c’est que le Président donne son avis sur un débat qui doit se dérouler entre le gouvernement et le Parlement. Ce serait bien qu’il ne commente pas chaque mesures qui n’ont pas été encore votées d’ailleurs et qui laisse le Parlement faire son travail ».