Woerth, parlementaire respecté, déjà trois fois relaxé et à nouveau mis en examen
Eric Woerth, mis en examen dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en...

Woerth, parlementaire respecté, déjà trois fois relaxé et à nouveau mis en examen

Eric Woerth, mis en examen dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en...
Public Sénat

Par Baptiste PACE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Eric Woerth, mis en examen dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, est un parlementaire respecté, réputé pour son calme en toutes circonstances, qui avait déjà été inquiété, et relaxé, dans l'affaire Bettencourt.

Depuis 2015, M. Woerth était devenu l'archétype du dirigeant inquiété par la justice et finalement mis hors de cause au terme d'un long calvaire médiatique. Comme un avertissement lancé aux commentateurs et aux opposants dès qu'une nouvelle affaire politico-financière est portée sur la place publique.

Réélu député de l'Oise en 2017, Eric Woerth a connu deux fois ce scénario. Il a d'abord été inquiété dans l'affaire de la vente contestée de l'hippodrome de Compiègne révélée par le Canard enchaîné en 2010 et soldée par un non-lieu de la Commission d'instruction de la Cour de justice de la République. Un "torrent de boue" de quatre ans, avait-il commenté à l'époque.

Il fut ensuite doublement relaxé dans l'affaire Bettencourt en 2015 après "cinq ans d'accusations malveillantes et mensongères, parfois instrumentalisées par des femmes et des hommes politiques sans scrupules", selon ses termes.

La justice soupçonnait M. Woerth et Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, d'avoir conclu un arrangement selon lequel le premier aurait remis la légion d'honneur au second. En échange, M. De Maistre était soupçonné d'avoir fait embaucher en 2007 l'épouse du député, Florence Woerth.

L'ancien maire de Chantilly (1995-2017) avait également été relaxé de l'accusation de "recel" d'une somme qui lui aurait été remise par M. de Maistre alors qu'il était trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy. "La démonstration" n'en avait pu être faite malgré "une forte suspicion de remise d'argent", avait alors dit le président du tribunal, Denis Roucou.

- "Premier cercle" des donateurs -

C'est toujours comme trésorier de cette campagne présidentielle victorieuse de 2007 que M. Woerth est à nouveau inquiété par la justice, alors que Nicolas Sarkozy lui-même a été mis en examen fin mars sur fond de soupçons de financements occultes par le régime de l'ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

Selon son avocat, les enquêteurs reprochent à M. Woerth le versement d'environ 11.000 euros en liquide aux collaborateurs de la campagne. Lui et son trésorier adjoint Vincent Talvas ont soutenu que ces fonds provenaient de dons anonymes par courrier.

"Je l'affirme catégoriquement: je n'ai rien à voir avec cette affaire libyenne", a assuré M. Woerth mardi sur Twitter.

Cet épisode judiciaire est un nouveau coup dur pour ce parlementaire respecté de ses pairs, élu en juin 2017 président de la prestigieuse commission des Finances de l'Assemblée nationale, un poste dévolu à un responsable de l'opposition.

Expert en finances, diplômé de HEC et de Sciences-Po, ancien de chez Arthur Andersen France, Pechiney et Bossard, M. Woerth (62 ans) fut en politique d'abord un pilier de la Chiraquie: trésorier de la campagne de 1995 puis conseiller parlementaire d'Alain Juppé à Matignon.

Mandataire financier de l'UMP naissante en 2002, puis trésorier du parti sous le magistère de Nicolas Sarkozy, il devient secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat dans le gouvernement Raffarin de 2004 à 2005.

Il prend une part active à la conquête du pouvoir de M. Sarkozy en gérant notamment le "premier cercle" des importants donateurs et devient ministre du Budget (2007-2010), puis du Travail et de la Fonction publique (2010) avant d'être contraint de quitter le gouvernement après les révélations autour de l'affaire Bettencourt.

Soutien de Nicolas Sarkozy lors de sa vaine tentative de retour, puis réélu député dans le marasme ambiant des Républicains en 2017, M. Woerth ferraille régulièrement contre les choix budgétaires de la majorité d'Emmanuel Macron comme sur l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais "chez lui, il n'y a jamais d'agressivité politique, de virulence", relève une députée de l'actuelle majorité.

Dans la même thématique

Woerth, parlementaire respecté, déjà trois fois relaxé et à nouveau mis en examen
3min

Politique

« Les politiques parlent des migrants comme si c’étaient tous des sauvages » s’insurge Louis Chedid

C’est un nom, une voix, des textes et des mélodies qui nous accompagnent depuis 50 ans. S’il chante l’amour, l’absence, et la mélancolie, parfois aux côtés de ses enfants, il reste d’abord un homme engagé contre les discours de haine. Auteur d' « Anne, ma sœur, Anne », ce descendant d’immigrés chrétiens libanais, réfugiés en Egypte, refuse que les populations immigrées soient caricaturées et instrumentalisées. Cette semaine, Louis Chedid est l’invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard.

Le

Woerth, parlementaire respecté, déjà trois fois relaxé et à nouveau mis en examen
3min

Politique

Un an après la dissolution : « Les Français ont le sentiment que la France fait la planche » selon le politologue Brice Teinturier

Un an après la dissolution voulue par Emmanuel Macron, le paysage politique français semble avoir évolué vers un blocage institutionnel. A l’Assemblée, l’absence de majorité empêche les textes d’être votés. Pire, des motions permettent d’enjamber l’examen à l’Assemblée pour que le débat soit tranché en commission mixte paritaire. Comment la dissolution a-t-elle modifié le fonctionnement des institutions ? C’est la question à laquelle répondent les invités de Rebecca Fitoussi et Jean-Pierre Gratien dans cette émission spéciale sur la dissolution, un an après.

Le

Woerth, parlementaire respecté, déjà trois fois relaxé et à nouveau mis en examen
4min

Politique

Un an après la dissolution, Gérard Larcher estime que « c'est la présidentielle qui redonnera le nouveau souffle dont nous avons besoin »

Invité de Public Sénat ce vendredi 6 juin, le président du Sénat est longuement revenu sur la situation du pays. À ses yeux, seule la prochaine présidentielle permettra de mettre fin au blocage politique lié à la dissolution. Evoquant également l’urgence budgétaire, il estime que « l’année blanche est une piste sérieuse ».

Le