La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
YouTube nouveau terrain de campagne ?
Par Public Sénat
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Un YouTube, des YouTubeurs
Le 8 octobre dernier, Jean-Luc Mélenchon inaugurait sa revue de presse hebdomadaire. Filmée à la va-vite, « dans des conditions techniques déplorables » selon Antoine Léaument, en charge de la communication digitale de Jean-Luc Mélenchon, la première vidéo reprend les codes des YouTubeurs : regard face caméra, dialogue direct avec les internautes, cadrage webcam. Et ça marche puisqu’en six mois, le nombre d’abonnés à sa chaîne a été multiplié par dix. De quoi donner des idées aux autres candidats et à leurs soutiens. Depuis, tour à tour, Florian Philippot, Marine Le Pen ou encore Emmanuel Macron se sont prêtés à l’exercice.
Mais attention, chacun son style et sa culture politique. « Ils ne s’adressent pas au même public, prévient Anaïs Theviot, politologue spécialiste de la participation politique en ligne. Il y a l’idée de faire pareil tout en marquant sa personnalité d’autant que les cibles sont différentes ». Antoine Léaument approuve. Ce proche de Jean-Luc Mélenchon explique: « On a pris certains codes pour parler aux gens qui ont l’habitude de YouTube et d’autres non, car on estimait qu’ils auraient pu être bloquant. On ne s’attend pas à ce qu’une personnalité politique joue à faire YouTube. Dans la vidéo de Philippot, par exemple, la musique forte rend difficile l’écoute des propos ».
Pascal Grégoire, communiquant et coprésident de l’agence La Chose note, lui aussi, une fracture entre les candidats : « La plupart des hommes politiques considèrent qu’Internet est un média de plus. Regardez Macron, il est encore dans la télé des années 70. Il n’est pas dans l’interaction. La grande force de Mélenchon, c’est qu’il a compris que c’était un média en soi. C’est le premier homme politique YouTubeur et c’est lui qui fait l’interaction. Quant au Front National, la vidéo de Philippot a été très décriée, mais elle rentre parfaitement dans la logique de dédiabolisation du parti ».
Internet et médias traditionnels : une relation compliquée
Depuis qu’il a débarqué avec fracas dans la campagne présidentielle de 2007, Internet bouleverse la domination des médias traditionnels, au point de devenir le numéro 1 de l’information ? Possible, mais pas tout de suite, répond la sémiologue Mariette Darrigrand: « Internet reste, aujourd’hui, un média alternatif, peut-être que pour la prochaine campagne ce sera le média dominant ». Communiquer sur internet « est le meilleur moyen de montrer qu’on est un candidat hors-système » ajoute Pascal Grégoire.
Pourtant, les supports de l’information classique et les médias numériques peuvent être complémentaires. « L’objectif : c’est aussi de faire parler de soi dans les médias traditionnels. Ça ne s’oppose pas forcément », décrypte Anaïs Theviot. Pour Antoine Léaumant, Internet permet aussi d’approfondir des sujets abordés à la télévision : « C’est une logique de dépassement des filtres médiatiques. Il y a deux filtres : un temporel, car vous êtes limités en temps pour vous exprimer ; et un filtre thématique ».
En fait, l’ampleur de cette bataille d’Hernani version XXIe siècle serait à minimiser, car les deux médias n’ont pas la même cible. « Il n’y a pas d’opposition fondamentale, ce ne sont pas les même publics. Tout simplement. La moyenne d’âge du JT de TF1 c’est 59 ans, 60% des gens qui regardent les vidéos de Jean-Luc Mélenchon ont moins de 34 ans », conclu Antoine Léaument.
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