ZAD de Gonesse : « Cette gare est inutile », juge Julien Bayou
L’évacuation de la Zad de Gonesse, mardi, est vécue comme une victoire par la droite. A gauche, les élus soutiennent presque tous les militants qui protestent contre la construction d’une gare de métro du Grand Paris Express. Les socialistes du département avaient soutenu le projet contesté d’Europacity.

ZAD de Gonesse : « Cette gare est inutile », juge Julien Bayou

L’évacuation de la Zad de Gonesse, mardi, est vécue comme une victoire par la droite. A gauche, les élus soutiennent presque tous les militants qui protestent contre la construction d’une gare de métro du Grand Paris Express. Les socialistes du département avaient soutenu le projet contesté d’Europacity.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

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La première ZAD (zone à défendre) d’Île-de-France aura tenu 17 jours, elle a été évacuée ce mardi 23 février. Les militants du collectif pour le triangle de Gonesse protestent contre la construction d’une gare de métro du Grand Paris Express sur des terres agricoles. « On va poursuivre la lutte et demander au gouvernement de décider sur ce chantier de gare », promet Siamak Shoara, membre de l’association Carma qui porte un projet alternatif de transition écologique au triangle de Gonesse.

L’association se bat contre l’artificialisation de ces terres et « propose de conserver la vocation agricole du Triangle, en consacrant l’espace aux cultures permettant de répondre aux besoins des habitants de la région. Le Triangle conserverait aussi une fonction de « réfrigérateur » pour la zone, face aux canicules de plus en plus fréquentes », plaide Bernard Loup, le président du Collectif pour les terres de Gonesse.

L’avenir de ces 300 ha de terres agricoles divise depuis un certain temps déjà. En 2019, le président de la République annonçait l’abandon d’Europacity, un mégacomplexe commercial et de loisirs que combattaient tant les écologistes que les petits commerçants. A l’époque, le sénateur socialiste du Val d’Oise, Rachid Temal, s’était ému de cette décision et avait demandé des comptes au gouvernement (lire ici). Il demandait alors un rapport pour évaluer l’impact financier de l’annulation du projet pour le département.

Aujourd’hui, le dossier revient sur la table dans un contexte particulier : celui des prochaines élections départementales et (surtout) régionales. On a notamment pu voir Clémentine Autain, tête de liste La France insoumise et PCF, se déplacer dans le département en soutien au collectif pour le triangle de Gonesse. Elle reproche à la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, d’avoir engagé des poursuites contre les militants qui ont occupé le terrain : « C’est une question politique qui n’a pas à se traiter au commissariat. Je demande un débat public », a enjoint Clémentine Autain.

Julien Bayou, tête de liste pour Les Verts aux régionales, soutient également les militants de Gonesse. « On appelle la présidente de région à cesser sa guérilla judiciaire à l’encontre du collectif pour le triangle de Gonesse. On appelle le gouvernement à abandonner cette gare », déclare le candidat (voir la vidéo ci-dessus). Pour l’écologiste, « cette gare est inutile, elle est en plein champ, elle est sur une ligne 17 qui doit relier le Bourget à Roissy, alors que finalement on ne va pas faire le terminal 4 et augmenter encore la capacité de Roissy ».

Si les positions de Valérie Pécresse et celles de Clémentine Autain et Julien Bayou sont claires, celle d’Audrey Pulvar, tête de liste soutenue par le PS paraît moins limpide. Dans une série de tweets à la forme interrogative, la candidate laisse entendre qu’elle soutient le projet agricole de l’association Carma sans réellement se prononcer sur la construction de la gare de la discorde (voir ces tweets ci-dessous). Ses opposants se sont empressés de rappeler le soutien des socialistes au projet Europacity.

Le sénateur communiste de Seine-Saint-Denis, Fabien Gay, a lui, fait le déplacement auprès des militants. « En 2019, il y a l’abandon du projet Europacity mais le maintien de la création d’une gare de métro du Grand Paris Express sur le tracé de la ligne 17 laisse penser qu’ils veulent construire un complexe de moindre ampleur », soulève Fabien Gay. En janvier dernier, le préfet du Val d’Oise, Amaury de Saint-Quentin, s’est en effet prononcé dans un rapport rendu au Premier ministre pour l’aménagement de 110 ha de la ZAC du Triangle de Gonesse. Le site pourrait accueillir une extension de la BNF, des équipements sportifs ou la Philharmonie des enfants.

Le sénateur précise qu’il n’est pas contre la ligne 17 en soi, les problèmes d’enclavement étant réels dans le département, mais il estime qu’il faut a minima revoir son tracé. Cette ligne doit relier Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) à l’aéroport de Roissy - Charles-de-Gaulle en 2030, en passant par le Triangle de Gonesse, où elle devait initialement desservir EuropaCity.

Pour le sénateur RDPI (LREM) du Val d’Oise, Alain Richard, la mobilisation de ces écologistes n’a même pas lieu d’être : « Ces revendications s’inscrivent dans une philosophie de décroissance, j’y suis très hostile et je souligne leur faible représentativité ». Pour lui, « cet endroit est très propice au développement d’entreprises et d’emplois mais aussi aux groupements d’intérêts publics comme l’implantation d’une antenne universitaire ».

La présidente de la commission des Affaires économiques est sur la même ligne que son collègue. Pour Sophie Primas (LR), ce dossier « est assez symptomatique d’un projet tendant à la glaciation de notre pays plutôt qu’à sa transformation ». Le maire socialiste de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, qui s’est réjoui de l’évacuation de la ZAD, appelle le gouvernement à s’exprimer rapidement sur le sujet, « il doit prendre ses responsabilités et ajouter à la sécurité juridique une sécurité politique pour le projet », insiste l’élu auprès du Parisien. Un arbitrage ministériel est en cours à Matignon et le Premier ministre doit communiquer son plan d’urgence pour le Val-d’Oise.

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