Congé pour enfant malade : le Sénat remplace le certificat médical par une attestation sur l’honneur

Dans un amendement à la proposition de loi Valletoux sur l’accès aux soins, les sénateurs ont retiré l’obligation pour un salarié de présenter un certificat médical pour justifier de son congé pour enfant malade. Cette disposition permettrait, selon eux, de libérer du temps médical. Contre toute attente, le gouvernement a souhaité donner sa chance à l’amendement sénatorial.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

C’est une mesure de simplification qui devrait bénéficier aux familles tout comme à la communauté médicale. En première lecture de la proposition de loi sur l’accès aux soins, du député Frédéric Valletoux (Horizons), les sénateurs ont intégré une nouvelle disposition en adoptant un amendement signé par une partie du groupe LR, avec le soutien de la commission des affaires sociales.

Dans un contexte de pénurie de médecins généralistes, ces derniers ont inscrit dans le texte la fin du certificat médical permettant à un salarié de justifier son absence au titre d’un congé pour enfant malade. L’article adopté par le Sénat remplace le certificat médical par la présentation d’une attestation sur l’honneur. Pour les auteurs de l’amendement, cette disposition « correspond à l’attente des médecins en termes de réduction des certificats médicaux inutiles ». 200 médecins généralistes, dans une tribune publiée sur l’Express en janvier, ont fait de ce point l’un des premiers exemples concrets de simplification à mettre en œuvre.

Défavorable en juin, le gouvernement exprime une nouvelle position

En juin, des amendements similaires avaient été soutenus par les députés, sur de nombreux bancs (LR, FN, LFI ou encore dans la majorité présidentielle) mais ils n’avaient pas été adoptés. La commission des affaires sociales et le gouvernement, par la voix du ministre en poste à l’époque, François Braun, avaient exprimé tous les deux un avis défavorable.

Cette fois, le gouvernement a rendu un « avis de sagesse », c’est-à-dire qu’il s’en est remis à la volonté des sénateurs, donnant ainsi une chance à l’amendement de prospérer dans la suite de la navette parlementaire. « Il nous faut travailler absolument ces mesures, tout d’abord avec le Medef, tous les dirigeants. On ne peut pas prendre une mesure comme ça, elle aurait des implications importantes », a tempéré Agnès Firmin-Le Bodo. La ministre chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé a néanmoins reconnu qu’il y avait un sujet : « Sur les certificatifs médicaux, nous devons avancer car ils représentent un gain potentiel de temps médical. »

De son côté, la rapporteure Corinne Imbert (LR) a estimé que l’amendement ne présentait pas « de risque de détournement excessif pour les entreprises, compte tenu de la limitation à trois jours par an du congé pour enfant malade, de surcroît non rémunéré ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Congé pour enfant malade : le Sénat remplace le certificat médical par une attestation sur l’honneur
7min

Santé

Hébergement des données de santé : « C’était Microsoft ou rien […] On ne m’a donné aucun choix », affirme Agnès Buzyn sous serment

Face à une commission d’enquête sénatoriale, l’ancienne ministre de la Santé a dû s’expliquer ce 10 juin sur la genèse de la Plateforme des données de santé, plus connue sous le nom de Health Data Hub. Elle repose depuis le début sur une solution d’hébergement de l’américain Microsoft, une option embarrassante qui pose des enjeux de souveraineté numérique.

Le

« Aucune mesure n’est taboue » : au Sénat, la quête d’économies pour réduire le trou de la Sécu ne fait que commencer
9min

Santé

« Aucune mesure n’est taboue » : au Sénat, la quête d’économies pour réduire le trou de la Sécu ne fait que commencer

Les rapporteurs de la commission des affaires sociales entament un difficile travail pour formuler des propositions susceptibles de redresser les comptes dégradés de la Sécu. La rapporteure générale veut cheminer avec le souci de créer une majorité suffisante pour permettre au futur projet de loi de financement de passer toutes les haies parlementaires.

Le

Visite de l’usine Perrier a Vergeze
6min

Santé

Scandale des eaux en bouteille : la commission d'enquête sénatoriale épingle la « stratégie de dissimulation » du gouvernement face aux dérives de Nestlé Waters

Le Sénat présente ce lundi les conclusions de sa commission d’enquête sur « les pratiques des industriels de l'eau en bouteille ». Ce travail fait suite à une série de révélations sur le contournement de la réglementation des eaux minérales par plusieurs géants du secteur. Le rapport des élus, consulté par Public Sénat, vise tout particulièrement Nestlé Waters, mais brocarde également l’absence de réactivité des pouvoirs publics, informés de la situation depuis plusieurs années.

Le

La sélection de la rédaction