Les pharmacies font front commun ce jeudi 18 septembre. Près de neuf sur dix gardent leur rideau baissé d’après les syndicats. La raison derrière leur colère ? L’arrêté du 4 août dernier, porté par le gouvernement de François Bayrou, fixant le nouveau cadre relatif aux remises applicables aux médicaments génériques. Une « menace » contre « la viabilité économique de nombreuses officines », dénoncent-ils dans un communiqué en date du 3 septembre.
Pourquoi les pharmacies se mobilisent-elles ?
Depuis le 1er septembre, le gouvernement a mis en application un arrêté visant à réduire le taux maximum des remises accordées par les laboratoires aux pharmacies sur les médicaments dits « génériques ». A compter de cette date, elles n’ont plus le droit de dépasser 30 % du prix du générique, un montant plafonné à 40 % jusqu’à présent. Ce plafond est supposé diminuer davantage dans les années à venir, afin de descendre à 20 % en 2027.
L’objectif de cette mesure ? La baisse du prix de vente pour le grand public, afin que l’Assurance maladie ait moins à rembourser. En effet, pour encourager la distribution de génériques, au lieu des médicaments sous brevet qui coûtent bien plus cher à la Sécurité sociale, les laboratoires accordent des remises aux pharmacies. Ces rabais sont déclarés à l’Assurance maladie, ce qui permet à l’État d’identifier les industriels qui les mettent en place, pour ensuite les pousser à des baisses de prix, afin de réduire les dépenses de santé.
La Sécurité sociale remboursant les médicaments au plein tarif aux pharmacies, le montant autorisé des remises représente un élément central de leur rémunération, c’est ce qui constitue le point essentiel de leurs crispations.
Les pharmacies alertent sur « la dégradation du système de santé »
Une décision « unilatérale » pour l’intersyndicale qui dénonce un « choix de la rentabilité de l’industrie pharmaceutique et de la dégradation du système de santé » privant « des millions de patients d’une offre de soins de proximité ». Et alerte sur « la mort prochaine de 1 000 officines »
Un nombre de fermetures qui pourrait grimper jusqu’à 5 000 ou 6 000, d’après Béatrice Clairaz, porte-parole de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO), qui s’inquiète du risque de « déserts pharmaceutiques ». Interrogée hier sur France Inter, elle explique que « ces remises commerciales » sont indispensables à la survie économique des officines qui, d’après elle, vendent « 80 % de médicaments remboursés et notamment 80 % de génériques ».
Les estimations sur les pertes par pharmacie divergent, de 4 000€ pour le gouvernement à 30 000€ pour les syndicats, selon le média Les Moniteurs des pharmacies.
98 % des pharmacies mobilisées
Ce sont 98 % pharmacies qui garderont leurs portes closes ce jeudi 18 septembre, d’après l’USPO, un chiffre basé sur les déclarations des adhérents au syndicat. Dans plusieurs départements, les préfets ont toutefois prévenu que plusieurs d’entre elles sont réquisitionnées pour « assurer un service minimum », celles concernées sont recensées sur les sites des Agences régionales de santé.