« J’ai déjà fait 300 km dans une seule journée pour aller chez l’ophtalmologue et l’endocrinologue » raconte une jeune femme. 

87% des Français vivent dans un désert médical. Dans ces conditions, trouver un médecin généraliste ou spécialiste devient un vrai parcours du combattant. Les menaces sur la santé sont bien réelles. Sur le plateau de l’émission Dialogue citoyen, deux Français ont accepté de témoigner de leurs situations.
Agathe Alabouvette

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« Sans médecin généraliste, l’état de santé de ma mère se dégrade »

À Saint-Quentin-Sur-Le-Heaume, dans la Manche, Alain Thomasse vient de raccrocher sa casquette de conseiller principal d’éducation. Mails il est loin de couler une retraite tranquille, confronté à une double difficulté :  retrouver un médecin généraliste pour lui-même et sa mère de 90 ans.

Il lui aura fallu solliciter quinze médecins, avant qu’un seizième n’accepte de le prendre parmi sa patientèle, mais à la condition de ne pas se « présenter plus de deux fois par an » au cabinet.

Pour sa mère en revanche, la situation patine. Après le départ à la retraite de son médecin généraliste, impossible de trouver un nouveau praticien. Depuis, elle erre de soignants en soignants. Atteinte d’Alzheimer, d’hypertension, elle doit prendre une vingtaine de médicaments par jour et faire l’objet d’un suivi régulier.

« En attendant, les médecins de l’hôpital de Bayeux renouvellent ses ordonnances. Ils constatent que son état s’est profondément dégradé depuis janvier », alerte Alain Thomasse. « Elle a déjà été transportée à l’hôpital par le SAMU pour une cystite. C’était une femme curieuse, alerte, aujourd’hui elle a du mal à saisir ce qu’il se passe autour d’elle. »

« J’habite à 80 kilomètres du spécialiste le plus proche ».

Les risques que font planer le manque de médecin sur la santé, Clélia Touzeri les connaît bien. Cette formatrice de 33 ans, habite dans l’Allier et est atteinte de diabète. Une affection qui l’oblige à faire un suivi global de son corps et consulter régulièrement « un gynécologue, un cardiologue, un endocrinologue », énumère-t-elle. « Ce suivi je ne peux pas le faire dans sa totalité », déplore Clélia Touzeri. « Les spécialistes ne sont pas tous présents dans ma région. Ceux qui s’y trouvent sont à 80 voire 120 kilomètres de chez moi ».

Vivre dans un désert médical lorsque l’on est diabétique peut vite virer au cauchemar. « J’ai déjà fait 300 kilomètres dans une seule journée pour aller chez l’ophtalmologue et l’endocrinologue en urgence. Je souffrais de micro-anévrysmes au niveau de l’œil. Sans prise en charge j’aurais pu perdre la vue » raconte Clélia Touzeri.

Pour atténuer l’éloignement, la trentenaire a recours à la télémédecine. « Ça améliore beaucoup la situation », concède-t-elle. Mon endocrinologue n’a pas hésité à me proposer cette solution pour me prescrire en urgence de l’insuline. Elle m’a dit : Sans ça vous risquez de finir à l’hôpital. »

En colère, la jeune femme tire la sonnette d’alarme. « Je ne suis pas un cas isolé. La situation est en train de se banaliser. Je suis jeune, battante, mais il y a des gens dans des situations bien plus difficiles que la mienne. La santé de la population, ça devrait être une priorité. »

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici.

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