Paris: Marche blanche des infirmieres de l’Education nationale pour  sauver la sante a l’ecole

Les infirmières scolaires manifestent devant le Sénat pour revendiquer de meilleures conditions de travail

Les principaux syndicats des infirmiers et infirmières de l’éducation nationale se sont réunis, ce 23 mai en début d’après-midi devant le Sénat pour réclamer de meilleures conditions de travail. Face à une baisse d’attractivité de la profession, les infirmiers et infirmières scolaires réclament des créations massives de postes.
Henri Clavier

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L’intersyndicale des infirmiers et infirmières scolaires, composée du SNICS-FSU, du SNIES-UNSA (les deux syndicats d’infirmiers et d’infirmières scolaires), de la voix lycéenne, de l’UNEF appelaient à une « marche blanche ». Quelques centaines de personnes étaient présentes à 14 heures devant le palais du Luxembourg pour réclamer une amélioration de leurs conditions de travail. L’intersyndicale déplore l’inaction des pouvoirs publics alertés depuis plusieurs années sur le sujet. Une étude de législation comparée sur la santé scolaire avait d’ailleurs été réalisée en 2011 par le Sénat. 

Revalorisation salariale

Considérée comme un pilier de la santé à l’école, la médecine scolaire a de plus en plus de difficultés à remplir les missions qui lui sont attribuées. Un rapport parlementaire du député Robin Reda (Renaissance) illustre la baisse d’attractivité de la médecine scolaire puisque le nombre de médecins scolaire a diminué de 20 % en dix ans pour atteindre 944 équivalents temps plein. Le nombre d’infirmiers et d’infirmières est stable depuis dix ans avec, actuellement, un effectif légèrement supérieur à 7 700 personnes. Un personnel insuffisant pour couvrir les 60 000 établissements scolaires et les 18 millions de consultations demandées par an. L’intersyndicale réclame la création de 15 000 postes afin de « pouvoir avoir une infirmière pour au moins 500 élèves », affirme Saphia Guereschi, secrétaire générale de SNICS-FSU.

Pour lutter contre un double phénomène de baisse d’attractivité et de l’augmentation du nombre de déserts médicaux, la question de la rémunération est centrale. « On veut des moyens, arrêtez de nous donner des miettes. Nous voulons le CTI (complément du tarif indiciaire) et des conditions d’exercice normal et une infirmière par établissement au minimum », lance Gwenaëlle Durand, secrétaire générale SNIES-UNSA. « Nous nous battons pour l’extension au CTI à tout le personnel », déclare Frédéric Marchand, secrétaire général de l’UNSA éducation. Le CTI, créé par le « Ségur » de la santé en juillet 2020, octroie une prime mensuelle de 188,62 euros net par mois pour le personnel paramédical travaillant dans les hôpitaux et les Ehpad. Les infirmiers et infirmières scolaires réclament de pouvoir bénéficier de cette prime, de manière rétroactive, afin d’augmenter l’attractivité de la profession dont le salaire mensuel moyen est actuellement de 1816 euros net. L’intersyndicale demande également, pour l’attractivité de leur métier, une augmentation salariale afin de s’aligner sur les corps de fonctionnaire de catégorie A.

Opposition à la territorialisation de la santé scolaire

En plus du déficit d’attractivité, les infirmiers et infirmières scolaires sont également confrontés à la multiplication des déserts médicaux. Selon le rapport parlementaire de Robin Reda, le personnel médical par élève et par département est extrêmement variable. Par exemple, en 2018, on comptait en moyenne un infirmier pour 1 303 élèves. Avec cependant des réalités bien différentes selon les départements puisque l’on comptait un infirmier pour 680 élèves dans le Cantal contre un pour 2000 élèves à Mayotte.

Pour répondre à ces disparités territoriales, une décentralisation ou une déconcentration avait été envisagée dans le cadre de la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration), l’idée suscite toujours une importante opposition au sein de l’intersyndicale. « Nous sommes toujours opposés à tout projet de décentralisation ou de déconcentration », rappelle Saphia Guereschi. Concrètement, une telle démarche attribuerait la gestion de la santé scolaire à l’échelon départemental. Pour Frédéric Marchand, « ce sujet est une alerte car il y a une volonté de vous éjecter de l’éducation nationale ».

 « La réussite des élèves passera par une santé efficace »

A l’unisson, l’intersyndicale évoque une urgence au regard des signaux préoccupants en matière de santé chez les jeunes. Dans le rapport parlementaire de Robin Reda, selon les chiffres de la Direction générale de la santé, entre 10 et 20 % des 15-25 ans présentaient des signes de troubles psychiques après la pandémie de covid-19. Des chiffres confirmés par la DREES (direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques) qui rapporte une augmentation importante des troubles dépressifs chez les plus de quinze ans après le covid-19. Pour ces raisons, les représentants du syndicat lycéen « La voix lycéenne » et de l’UNEF ont martelé l’importance d’un service de santé efficace au sein de l’enseignement secondaire et supérieur. « La réussite des élèves passera par une santé efficace dont nous sommes la clef de voûte », explique Gwenaëlle Durand.

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