Marie-George Buffet dénonce « l’entre-soi du mouvement sportif » qui bloque la lutte contre les dérives

C’était un rapport attendu pour changer les règles des fédérations sportives. Ce jeudi, la co-présidente du Comité national pour le renforcement de l’éthique et de la vie démocratique dans le sport, Marie-George Buffet, a dévoilé ses 37 propositions pour réformer la gouvernance du sport. Elections des présidents des fédérations à la proportionnelle, comité d’éthique aux prérogatives étendues, interrogée par Anne-Laure Bonnet dans l’émission Sports etc, l’ancienne ministre des sports détaille son plan d’action.
Axel Dubois

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Sexisme, racisme, homophobie, si pour Marie-George Buffet « le sport est traversé par les mêmes dérives que connait la société. Mais le mouvement sportif a une responsabilité particulière : il doit être d’autant plus exigeant d’un point de vue éthique qu’il a un rapport au corps, qu’il encadre des enfants, des jeunes athlètes, et qu’il participe à l’image de notre pays ». Pour la co-présidente, le mouvement sportif pâti encore d’une forme « d’entre-soi, d’une absence de démocratie, qui le rend incapable – voire peu volontaire – de se saisir des problèmes sociétaux, sociaux, et éthiques d’aujourd’hui ». Pour elle la solution passe, avant tout, par plus de démocratie.

 

Redonner le pouvoir aux clubs

Au fil des 37 propositions, le rapport se fixe l’objectif « d’un sport plus paritaire, plus respectueux des minorités, et plus protecteur de ses pratiquants ». Au total 170 acteurs du milieu sportif ont été auditionnés. Pour sa co-présidente, il faut avant tout que « le club, qui est le corps électoral de la fédération, soit associé à toutes les décisions prises par les instances dirigeantes ». Des instances dirigeantes qui seraient tenues de respecter la parité, avec des mandats de présidents limités à 3 et un nouveau mode d’élection : « Nous demandons qu’il y ait la proportionnelle comme dans les communes, avec une représentation des oppositions dans les instances dirigeantes, afin qu’il y ait un débat au sein des fédérations. ».

Si pour Céline Géraud, rédactrice en cheffe adjointe à Europe 1, « les lignes bougent quand même, et la plupart des fédérations ont pris le pli, c’est plus difficile pour les petites fédérations ». Marie-George Buffet, plaide ainsi pour la création d’« un comité éthique supra-fédéral » qui chapeauterait toutes les fédérations afin de « pallier les insuffisances des comités d’éthiques fédéraux ».
Enfin, pour endiguer les scandales sexuels à répétition, l’ancienne ministre des Sports de Lionel Jospin propose la création d’une : « agence indépendante pour que les victimes puissent se confier ». Pour la joueuse de tennis handisport Pauline Déroulède, invitée de l’émission, c’est une certitude : « une certaine neutralité libèrerait la parole, c’est vraiment nécessaire ».

Une proposition qui laisse sceptique le sénateur LR de l’Isère, Michel Savin : « créer des agences pour créer des agences… Le comité olympique peut aussi, dans son sein, créer une structure responsable des questions de violence sexistes et sexuelles ».

 

Des lois non-appliquées

Désormais les 37 propositions devraient faire l’objet d’une loi-cadre à l’automne prochain, pour pallier les manques de la législation actuelle. Pour Michel Savin, sénateur LR de l’Isère, la priorité est de « faire appliquer la loi de gouvernance sur le sport votée en 2022 » dans laquelle « il est déjà inscrit qu’il y a des obligations pour les fédérations en termes de gouvernance, d’éthique, et de parité. » rappelle-t-il.

La ministre des Sports Amélie Oudèa-Castéra, s’est dite “parfaitement à l’aise” avec 70% des propositions du rapport. Marie-George Buffet attend, elle, une grande « concertation du mouvement sportif pour se saisir de ces propositions ».

 

Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

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