« Notre initiative apporte une présence médicale dans des territoires où il n’y a plus personne », se félicite ce généraliste.

Et si la solution pour en finir avec les déserts médicaux venait de la société civile ? Un médecin généraliste en est convaincu. Avec son association, Médecins solidaires, il propose solution innovante pour endiguer le phénomène. Il témoigne cette semaine sur le plateau de Dialogue citoyen.
Agathe Alabouvette

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

A 33 ans, Martial Jardel est médecin de famille en Haute-Vienne. Le phénomène de désert médical, le jeune praticien l’a découvert à la fin de ses études. « En 2021, après mon internat, je suis parti pendant cinq mois avec mon camping-car, faire dix remplacements de quinze jours dans des déserts médicaux. Ça m’a donné une vision plus éclairée de l’état de la médecine générale. Ce qui se passe est grave. Les médecins généralistes doivent se saisir de ce sujet.»

Un médecin différent toutes les semaines dans un centre médical de l’association

Cette prise de conscience motive le généraliste à agir. « Ça fait 30 ans que l’on bloque sur la question du médecin de famille qui ne veut pas s’installer dans certains territoires. L’installation complète, c’est trop d’engagement. On ne peut pas en demander beaucoup à peu mais peu à beaucoup », juge Martial Jardel.

Il a alors l’idée de fonder Médecins solidaires en 2022. Si les communes ne peuvent faire venir de médecins, un médecin viendra à la commune. « À tour de rôle, les médecins de l’association se relaient pour assurer chacun une semaine de consultation, dans l’un des cinq centres de santé de Médecins solidaires » décrit-il. Les critères d’implantation ? « On travaille avec l’ARS pour identifier les foyers les plus brûlants, les territoires où il n’y a plus de présence médicale », précise Martial Jardel. À la clé, rémunération et hébergement dans un gîte de caractère pour le médecin.

Un bénéfice à ces regards croisés

Côté patients, Martial Jardel reconnaît qu’à ses débuts, l’initiative a pu générer une forme de défiance. « Les gens se demandaient quelle serait la qualité des soins, comment serait-assuré le suivi des dossiers d’un médecin à l’autre. »Sans remettre en cause la pratique de la médecine de famille, il y a un bénéfice « à ces regards croisés », souligne Martial Jardel.

Le médecin en est convaincu : « On ne peut plus faire comme avant et s’appuyer sur des méthodes anciennes pour en finir avec les déserts médicaux. La mise en cause des politiques publiques, ça ne fait pas avancer le schmilblick. Nous sommes la seule initiative qui apporte une présence médicale dans des territoires où il n’y a plus personne. »

Retrouvez l’intégralité de l’émission en replay ici.

Partager cet article

Dans la même thématique

« Notre initiative apporte une présence médicale dans des territoires où il n’y a plus personne », se félicite ce généraliste.
7min

Santé

Hébergement des données de santé : « C’était Microsoft ou rien […] On ne m’a donné aucun choix », affirme Agnès Buzyn sous serment

Face à une commission d’enquête sénatoriale, l’ancienne ministre de la Santé a dû s’expliquer ce 10 juin sur la genèse de la Plateforme des données de santé, plus connue sous le nom de Health Data Hub. Elle repose depuis le début sur une solution d’hébergement de l’américain Microsoft, une option embarrassante qui pose des enjeux de souveraineté numérique.

Le

« Aucune mesure n’est taboue » : au Sénat, la quête d’économies pour réduire le trou de la Sécu ne fait que commencer
9min

Santé

« Aucune mesure n’est taboue » : au Sénat, la quête d’économies pour réduire le trou de la Sécu ne fait que commencer

Les rapporteurs de la commission des affaires sociales entament un difficile travail pour formuler des propositions susceptibles de redresser les comptes dégradés de la Sécu. La rapporteure générale veut cheminer avec le souci de créer une majorité suffisante pour permettre au futur projet de loi de financement de passer toutes les haies parlementaires.

Le

Visite de l’usine Perrier a Vergeze
6min

Santé

Scandale des eaux en bouteille : la commission d'enquête sénatoriale épingle la « stratégie de dissimulation » du gouvernement face aux dérives de Nestlé Waters

Le Sénat présente ce lundi les conclusions de sa commission d’enquête sur « les pratiques des industriels de l'eau en bouteille ». Ce travail fait suite à une série de révélations sur le contournement de la réglementation des eaux minérales par plusieurs géants du secteur. Le rapport des élus, consulté par Public Sénat, vise tout particulièrement Nestlé Waters, mais brocarde également l’absence de réactivité des pouvoirs publics, informés de la situation depuis plusieurs années.

Le