Le président Trump affirme que le paracétamol pris par les femmes enceintes augmenterait fortement le risque d’autisme chez l’enfant. L’OMS récuse ces allégations de manière catégorique. Que disent les études scientifiques sérieuses sur ce point ?
Les données dont il se prévaut sont contradictoires, incomplètes et insuffisamment fondées. Différentes recherches ont été menées à l’international récemment, par exemple au Japon avec une publication en septembre dernier. Certaines études trouvent un lien potentiel, mais elles sont hétérogènes et présentent de nombreuses faiblesses méthodologiques. On ne peut pas changer les pratiques médicales sur une telle base.
L’ensemble des experts, notamment le CRAT (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes), qui fait autorité sur les médicaments pendant la grossesse, s’accordent à dire qu’il n’existe pas de preuve d’un risque avéré pour le neurodéveloppement de l’enfant. Plus les études sont rigoureuses et maîtrisent les biais, moins elles confirment une association.
Trump a même évoqué l’idée que Cuba, où le paracétamol serait rare, connaîtrait peu de cas d’autisme. Y a-t-il une base scientifique ?
La récente étude japonaise, par exemple, utilise ce qu’on appelle une analyse « sur fratrie » : on compare plusieurs grossesses chez une même mère, l’une exposée au paracétamol, l’autre non. Dans ce cadre, l’association entre paracétamol et autisme disparaît. Cela montre bien qu’il existe vraisemblablement des facteurs socio-économiques, familiaux, environnementaux et une part d’héritabilité qui, s’ils ne sont pas pris en compte, faussent les résultats. Les propos de Donald Trump ne s’appuient pas sur des résultats scientifiques rigoureux.
Peut-on en conséquence exclure tout lien de causalité entre prise de paracétamol pendant la grossesse et autisme chez l’enfant ?
Les données actuelles ne permettent pas de parler d’un lien de causalité. Les États-Unis s’appuient sur une synthèse publiée dans la revue Environmental Health, qui analysait 46 travaux antérieurs et concluait à l’existence d’une association. Cette synthèse mise en avant par l’administration Trump suggère que l’acétaminophène pris pendant la grossesse augmenterait les risques de pathologie chez l’enfant. Mais cette année, l’équivalent du CRAT au niveau européen, le réseau européen des services d’information en tératologie (ENTIS), a passé en revue la littérature scientifique et a conclu qu’il n’existait pas d’association solide.
Donald Trump et son ministre de la Santé remettent aussi en cause la sécurité des vaccins. Il a appelé à modifier le calendrier vaccinal des enfants et assuré que les personnes qui ne se faisaient pas vacciner et ne prenaient pas de médicaments n’avaient pas d’autisme. La science a-t-elle tranché cette question ?
Il est essentiel de maintenir les recommandations vaccinales actuelles. Les vaccins, notamment le ROR (rougeole-oreillons-rubéole) ou ceux contre l’hépatite B, sont très efficaces et protègent durablement la santé des enfants. Ces recommandations reposent sur des travaux solides validés par la Haute Autorité de Santé, dans une logique de santé publique. Si les États s’en détournent, comme semble l’indiquer la ligne du comité vaccins de Donald Trump, on peut redouter des conséquences dramatiques : une recrudescence de maladies comme la rougeole, qui provoque encore des décès chez les enfants. Ce serait catastrophique.
En définitive, quels sont alors les risques réels connus du paracétamol pour les femmes enceintes et leurs bébés ?
Le paracétamol reste l’antalgique de référence pendant la grossesse, notamment pour la fièvre ou les douleurs. L’essentiel est d’éviter l’automédication : il faut utiliser ce médicament à la dose minimale efficace, pour la durée la plus courte possible, et toujours sous conseil médical.