Pollution, alimentation, pandémies, les principales causes de mortalité sont directement liées à l’activité humaine

Dans le cadre de la délégation sénatoriale à la prospective, les sénateurs auditionnaient, Jean-David Zeitoun, sur les risques de maladies causés par l’homme et donc la mortalité. Médecin et auteur du livre “le suicide de l’espèce”, Jean-David Zeitoun dresse un constat alarmant en détaillant les principales causes de décès à l’échelle mondiale.
Henri Clavier

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Sur environ 50 millions de décès chaque année dans le monde, la plupart sont directement liés à l’activité humaine explique Jean-David Zeitoun puisque « la pollution c’est 9 millions de morts par an dont 50 000 en France, le tabac entre 7 et 8 millions par an, l’obésité 5 millions, l’alcool entre 2 et 3 millions ». Au regard des causes de mortalité, Jean-David Zeitoun estime que la plupart des décès au niveau mondial sont causés par l’activité humaine, en particulier économique.

La plupart des décès mondiaux produits par les activités humaines

Au-delà du tabagisme, de la consommation d’alcool ou de drogues dont Jean-David Zeitoun estime qu’ils n’apportent rien à la société, certaines activités humaines, utiles à la société, créent des situations à risque. Parmi les activités humaines à l’origine d’une grande partie des décès mondiaux, Jean-David Zeitoun identifie la mauvaise alimentation et l’obésité comme l’une des principales raisons de l’augmentation du nombre de décès pour certaines causes. L’industrialisation de l’alimentation et la consommation de produits transformés ont notamment causé une forte augmentation du nombre de cancers, de maladies respiratoires ou cardiovasculaires dans les pays les plus riches et font aujourd’hui partie des principales causes de mortalité. « L’obésité est associée à un sur-risque de 14 cancers. En tant que gastro-entérologue, on constate une grosse augmentation du cancer colorectal de plus en plus jeune entre 35 et 50 ans alors qu’avant c’était inenvisageable d’avoir ce type de cancer avant 50 ans », alerte Jean-David Zeitoun. Ce dernier avance « la possibilité que la croissance économique soit devenue trop mauvaise pour la santé » et surtout que la recherche de croissance économique a poussé à accepter la création de risques pour la santé.

« L’émergence des nouveaux pathogènes est en croissance linéaire depuis les années 1960 »

Des menaces sanitaires essentiellement liées à une logique économique exorbitante par rapport à la santé. « Le sucre est utilisé par les industriels pour augmenter le caractère attractif et addictif du produit, or c’est un des composants négatifs du système alimentaire mondial, largement responsable de l’augmentation de l’obésité. Une difficulté également issue de la consommation des produits transformés et l’utilisation de pesticides sur les aliments », détaille Jean-David Zeitoun. Par ailleurs, la création de ces risques est sous-tendue par une logique de rendement dans le cas des pesticides notamment.

La destruction des habitats naturels et de la biodiversité génère également une augmentation importante des risques pour la santé humaine. « L’émergence des nouveaux pathogènes est en croissance linéaire depuis les années 1960, c’est lié à la pression exercée sur les espèces animales et la destruction de leurs habitats naturels, les virus sautent sur d’autres espèces quand une espèce est menacée, chaque pandémie commence comme ça », analyse Jean-David Zeitoun, tout en rappelant que quatre pandémies ont déjà eu lieu au XXIe siècle.

La régulation plutôt que la responsabilité individuelle

Si les difficultés sont multifactorielles, la solution, pour Jean-David Zeitoun est excessivement simple, il faut réguler sévèrement. Ce dernier considère que des régulations strictes sont indispensables pour protéger notre santé. Par ailleurs, les tentatives de responsabilisation individuelle parfois prônées pour protéger la liberté économique se révèlent largement inefficaces. « A chaque fois que les risques ont été réprimés, comme avec le tabagisme qui est en baisse, ça a été par une intervention légale et économique mais là aussi on a cherché à dire que c’était difficile de trouver un équilibre », affirme Jean-David Zeitoun.

D’autre part, en appeler à la responsabilité individuelle et à une consommation engagée est illusoire et néglige un certain nombre de réalités contemporaines, au premier rang desquelles « le fait que beaucoup de gens ne sont pas libres d’acheter ce qu’ils veulent à manger, les aliments transformés sont ubiquitaires, envahissent la vision et biaisent nos choix ». Puisque « face au risque, l’offre sculpte la demande », la solution la plus efficace reste la régulation, martèle Jean-David Zeitoun. Sans interdire totalement les produits les plus discutables, Jean-David Zeitoun évoque des pistes de compromis inspirées du succès du Nutri-Score « On pourrait imaginer que les produits avec un mauvais Nutri-Score soient interdits de publicité, ne puisse pas avoir des emballages attrayants, c’est une atteinte aux libertés, mais quand on est malade on n’est pas très libre. Ce sont des pistes qui ne sont pas violentes mais auraient un effet considérable ».

 

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Pollution, alimentation, pandémies, les principales causes de mortalité sont directement liées à l’activité humaine
5min

Santé

Fin de vie : Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique salue un projet de loi « proche » de ses recommandations

Alors que le projet de loi sur la fin de vie arrive en Conseil des ministres, le président du Comité consultatif national d’éthique Jean-François Delfraissy a salué sur le plateau de « Bonjour Chez Vous » le texte, « sur une ligne de crête intéressante ». Mais le médecin présage que ce ne sera pas le dernier texte sur la fin de vie.

Le

Paris: Weekly cabinet meeting at Elysee Palace
7min

Santé

Soins palliatifs : les sénateurs « dubitatifs » sur les objectifs affichés par la ministre

Le gouvernement entend doter l’ensemble des départements français d’une unité hospitalière de soins palliatifs d’ici deux ans. Il prévoit également de rehausser l’effort budgétaire de 1,1 milliard d’euros sur dix ans. Auprès de Public Sénat, plusieurs sénateurs estiment que les ambitions affichées risquent de se heurter rapidement aux pénuries de personnels.

Le