Hôpital : adoption définitive de la proposition de loi pour un nombre minimal de soignants par patients
Urgences Hopital Pasteur 2, Centre Hospitalier Universitaire, Nice FRANCE - 31/12/2024//SYSPEO_sysB018/Credit:SYSPEO/SIPA/2501011839

Urgences : la moitié des patients y reste plus de 3 heures, un chiffre en forte augmentation

Une enquête de la DREES pointe un allongement général de la durée d’attente aux urgences par rapport à 2013, plus important dans les services de grande taille. De plus en plus de patients ont aussi des difficultés à trouver des rendez-vous auprès de médecins généralistes.
Louis Mollier-Sabet

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Ces derniers mois, plusieurs drames ont mis le sujet sur le devant de l’actualité. Lucas, 25 ans, était notamment décédé sur un brancard aux urgences d’Hyères en septembre 2023, tout comme une patiente âgée à Nantes en janvier 2024, et le bébé d’une patiente à Bordeaux à l’été 2023, tous après plusieurs heures d’attente (voir notre article). L’enquête décennale de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) publiée ce mercredi permet d’objectiver la situation.

Une hausse des temps d’attente « disparate », mais bien « générale »

Tous les dix ans, le service statistique des ministères économiques et sociaux réalise une « photographie nationale » des urgences, en choisissant un jour représentatif, évitant notamment les fortes affluences des épidémies hivernales ou des lundis, chargés par le reflux des week-ends. Le mardi 13 juin 2023, l’enquête Urgences a donc été menée auprès des 58 000 patients s’étant présentés dans les quelque 700 services d’urgences du territoire.

Le constat est clair. En 2023, un jour moyen en semaine, la moitié des personnes prises en charge passent plus de 3 heures aux urgences, soit 45 minutes de plus qu’en 2013. L’enquête précise que cette moyenne cache des hausses disparates selon les types de pathologies des patients (hospitalisation de courte durée, retour à domicile, hospitalisation en dehors des urgences), mais que la hausse est bien « générale. »

De même les patients passent davantage de temps dans les gros services par rapport aux « points d’accueil » qui reçoivent moins de 40 patients en 24 heures. Enfin, les personnes âgées passent souvent beaucoup de temps aux urgences, parce que leurs parcours de soins nécessitent des examens plus nombreux et supposent plus souvent une hospitalisation dans un autre service, où il peut parfois être difficile de trouver des lits.

21 % des patients justifient leur passage aux urgences par une difficulté à obtenir un rendez-vous avec un médecin

Pour tenter de mieux identifier les causes de cet allongement de la durée d’attente aux urgences, la DREES a aussi interrogé les patients sur ce qui les avait amenés à se présenter aux urgences ce jour-là. La moitié des personnes interrogées environ ont été adressées aux urgences directement par un médecin ou un service de secours (pompiers, SAMU), tandis que 35 % des patients ont estimé que seules les urgences pouvaient prendre en charge leur problème médical. En revanche, 21 % des patients justifient leur passage aux urgences par une difficulté à obtenir un rendez-vous avec un médecin de ville, contre 14 % en 2013. « De fait, la densité de médecins généralistes en France a baissé entre 2013 et 2023 », précise la DREES.

À l’inverse, en bout de parcours, les patients sont de moins en moins hospitalisés en sortie des urgences, et ce même en prenant en compte les hospitalisations de courte durée. En 2023, 15 % des patients sont sortis des urgences en étant hospitalisés dans un autre service, contre 20 % en 2013 (20 % contre 23 % en prenant en compte les hospitalisations de courte durée). « Plusieurs motifs pourraient être à l’origine de cette baisse : des modifications des pratiques médicales, des différences de l’état de santé des patients, la moindre disponibilité de lits à la suite de la baisse continue de la capacité d’hospitalisation complète des établissements de santé. En dix ans, le nombre de lits d’hospitalisation complète a en effet décru de 11 % (soit 43 000 lits en moins) », analyse l’enquête de la DREES, dans un contexte budgétaire de « coup de frein » dans les dépenses de la Sécurité sociale (voir notre article).

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