Invitée de la matinale de Public Sénat ce vendredi, la sénatrice écologiste des Français de l’étranger Mélanie Vogel s’est exprimée sur le procès des viols de Mazan, en cours en ce moment à Avignon. Elle a ainsi plaidé pour l’inscription de la notion de consentement dans la définition pénale du viol.
20 ans de documentaires sur Public Sénat : « Les documentaires questionnent le monde où nous vivons »
Par Pierre Bonte-Joseph
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Des milliers de films, comme autant de regards. Pour Emmanuel Kessler, les documentaires sont essentiels pour « illustrer les débats du Parlement ». En 20 ans, Public Sénat s'est imposé comme un acteur important de ce secteur, rencontre avec son PDG.
En 2015, à votre arrivée, la question de la poursuite de l’effort financier de Public Sénat dans la production de documentaires s’est très vite posée… ça a été une surprise pour le nouveau PDG que vous étiez ?
D’abord, je tiens à préciser que l’engagement de Public Sénat dans le documentaire a été initié dès la création de la chaîne en 2000. Comme Jean-Pierre Elkabbach, puis Gilles Leclerc, accompagnés à l’époque par Mireille Thibault, je crois que ces films amènent un nouveau public à s’intéresser à nos programmes. Ils attirent une large audience. Les nouveaux téléspectateurs, venus pour voir des documentaires, peuvent prolonger leurs questionnements en regardant ensuite les débats, dans l’hémicycle ou en commission, que nous diffusons. C’est une porte d’entrée vers le travail parlementaire. En 2015, j’ai tout de suite perçu l’importance de notre chaîne dans l’écosystème du film documentaire. Même si notre contribution financière peut paraître modeste par rapport aux grands groupes médias, elle est essentielle pour permettre à des projets singuliers d’exister.
Nous sommes au documentaire ce qu’est le label « art et essai » au cinéma. Notre engagement aux côtés des réalisateurs, souvent des réalisatrices, permet de faire émerger des films exigeants, sensibles, dérangeants aussi.
Je pense au film Rachel de Marion Angelosanto sur l’autisme. L’histoire de cette mère à qui la justice soustrait ses enfants pour maltraitance et dont on découvre finalement qu’ils sont autistes et que la mère elle-même l’est… C’est un sujet difficile, traité avec retenue et qui nous questionne collectivement. Sans notre soutien, pas sûr que le film aurait existé.
C’est pour toutes ces raisons que, malgré le gel de notre budget global, j’ai décidé dès mon arrivée d’augmenter de 10 % l’effort financier de la chaîne en faveur du documentaire.
Au milieu de l’actualité parlementaire, qu’apportent les documentaires… des regards subjectifs, une part d’émotion aussi ?
Ces films, ces regards singuliers et humains, offrent des illustrations - captées au plus près du réel - aux grands débats qui se déroulent dans l’hémicycle. C’est une chambre d’échos à nos grands questionnements politiques. Une émotion utile pour saisir les enjeux des décisions prises par le Sénat, et plus largement par le Parlement.
Je pense par exemple au film Le Gendarme et le territoire de Xavier Champagnac. Ce documentaire illustre parfaitement à la fois l’attachement des agents du service public à leur mission quotidienne dans des zones difficiles, mais aussi les fractures territoriales qui traversent notre pays. C’est un des sujets de préoccupation récurrents des sénateurs.
Quelle est la spécificité des documentaires diffusés sur la chaîne ?
Nos limites financières nous obligent à l’audace. Sur notre antenne, outre la diversité des sujets traités, que ce soit l’économie, les sujets de société ou l’histoire politique, Jean-Philippe Lefevre, directeur de l’antenne et des programmes, et ses équipes, laissent libre cours à la singularité des regards. Chez nous les documentaires ne sont pas formatés comme ça peut parfois être le cas ailleurs.
Une liberté de ton et de style, au service du questionnement. C’est d’ailleurs la promesse de la chaîne : « Des questions à vos réponses ».
Le service des documentaires, piloté par Hélène Risser et Elise Aicardi, accompagne les auteurs dans leurs projets. Un suivi très fin salué par les productions elles-mêmes. Si les films s’appuient sur le regard personnel des auteurs, ils doivent aussi conserver une part de nuance, ouvrir sur un questionnement. C’est la règle du jeu. C’est pourquoi d’ailleurs la plupart des films sont suivis d’un débat, avec l’émission Un monde en docs animée par Jérôme Chapuis.
Quel est le dernier film qui vous a marqué et pourquoi ?
Je pense à deux films. Celui, intime, réalisé par Hélène Risser sur son enfance passée à proximité de l’hôpital psychiatrique de Strasbourg où ses parents travaillaient : Le monde normal. Une histoire très personnelle qui nous amène à questionner la politique de prise en charge des troubles mentaux. On est passé de l’ouverture d’esprit, à une politique plus carcérale ; c’est un film habile et complexe. Le bon exemple de cet aller-retour entre sensibilité et questionnement politique.
Je pense aussi au Souffle du canon de Nicolas Mingasson, film magnifique sur le stress post-traumatique qui touche les soldats revenus d’opérations extérieures, au Mali par exemple. C’est un documentaire émouvant sur le coût humain des guerres. Ce film est emblématique de nos productions inédites. L’état-major de l’armée de terre a soutenu ce projet qui, certes, met en valeur la prise en charge par l’armée de ses blessés psychiques, mais dans le même temps, souligne combien parfois leurs blessures invisibles peuvent rester profondes.