« 5 millions de migrants sont arrivés en Espagne, et on a géré ça parfaitement ! » plaide cet eurodéputé espagnol

Au moment où au moins 78 migrants, qui tentaient de rejoindre l’Europe, ont péri au large de la Grèce, l’Union se voit une nouvelle fois confrontée au défi migratoire. Si, après des années de blocage, les 27 Etats membres européens sont parvenus à un accord en vue d’une réforme du Pacte asile et immigration, de fortes divergences persistent sur la question migratoire.
Marie Bremeau

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Historique pour certains, simple avancée pour d’autres, l’accord sur la politique migratoire trouvé par les 27 ministres de l’intérieur le 8 juin dernier à Luxembourg -malgré l’opposition acharnée de la Pologne et de la Hongrie – prévoit de nouvelles obligations pour les États membres. Ainsi concernant l’accueil des demandeurs d’asile un objectif de 30 000 relocalisations chaque année a été fixé pour soulager les pays d’arrivée des migrants comme l’Italie, la Grèce et l’Espagne. « Un accord qui va dans le bon sens », selon Javier Moreno Sanchez. Pour l’eurodéputé socialiste espagnol, « la gestion des flux migratoires est un défi européen auquel il faut apporter une réponse concertée. « Quand un migrant ou un demandeur d’asile arrive aux Canaries, il arrive en Europe. » détaille-t-il.

Aucune obligation d’accueillir des relocalisations de réfugiés

Si les 27 se sont quittés le 8 juin en actant qu’aucun Etat ne sera jamais obligé d’accueillir des relocalisations de réfugiés, ceux qui refuseront de recevoir sur leur territoire des demandeurs d’asile, devront toutefois verser une compensation financière à la hauteur de 20 000 euros par personne. « On va devoir payer 20 000 euros pour ne pas accueillir des gens. Comme ils sont des millions à vouloir venir ça va coûter extrêmement cher ! » s’insurge le député européen du Rassemblement national, Philippe Olivier. L’élu français rejette en bloc la politique migratoire même par l’Union européenne. « On balade les gens avec de la poudre aux yeux. Le vrai débat c’est une conception idéologique qui veut faire de l’Europe un hall de gare alors que nous, nous avons une vision enracinée de défense des nations. Pourquoi est-ce que tous les migrants de la terre et tous les réfugiés de la terre devraient venir en Europe ? »

« L’extrême-droite fait plus de bruit que nous »

L’élu espagnol regrette la récupération de ces sujets par les partis d’extrême-droite et dénonce un récit qui n’a rien à voir avec la réalité. « Entre 2000 et 2005, 5 millions de migrants sont arrivés en Espagne, c’est 10 % de la population, et on a géré ça parfaitement ! La droite et l’extrême-droite utilisent ces sujets-là comme un bouillon de culture électoral. Les peurs, les craintes, ils alimentent ça mais quand on voit la réalité ce n’est rien du tout ! C’est en fait des questions idéologiques, où ils font plus de bruit que nous. Il faut peut-être qu’on monte le ton. » Monter le ton en vue des prochaines élections européennes qui se tiendront en juin 2024 ? La Commission européenne et les Etats membres espèrent en tout cas une adoption définitive de la réforme du Pacte asile et immigration avant cette échéance électorale.

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