Paris : Protest against anti semitism after the rape of a jewish child
During the protest against anti-Semitism on the square in front of the Town Hall of Paris following the rape in Courbevoie of a twelve-year-old child because she was Jewish. In the midst of the general election campaign, political reactions are multiplying after the indictment on June 18, 2024, of two 13-year-olds for gang rape, death threats, anti-Semitic insults and violence against a 12-year-old girl.Hotel de Ville de Paris, France, June 19, 2024.//ACCORSINIJEANNE_JEWISH.002/Credit:JEANNE ACCORSINI/SIPA/2406192259

7 octobre, un an après : 73 % des Français sont préoccupés par l’antisémitisme et 61 % par l’islamophobie, selon un sondage

Une étude du think thank Destin Commun « bat en brèche la vision d’une France polarisée autour du conflit au Proche-Orient ». La plupart des Français n’ont pas choisi de camp et ont autant de compassion envers la communauté juive que des victimes civiles à Gaza. Ils se déclarent également inquiets par l’antisémitisme et l’islamophobie dans l’hexagone.
Quentin Gérard

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Les Français seraient moins polarisés que ce que l’on croit sur la situation au Proche-Orient. Une étude du think thank Destin Commun apporte un éclairage tout en nuance sur leur opinion un an après les massacres du 7 octobre et la réponse menée par Israël dans la bande de Gaza. Elle décrypte les perceptions chez les Français dans leur ensemble mais aussi dans chacune des deux communautés concernées vis-à-vis de l’antisémitisme et de l’islamophobie.

7 Français sur 10 ne veulent pas choisir de camp

Dans ce conflit, sept Français sur dix n’ont pas choisi de camp. On observe quand même une « légère augmentation du soutien envers les Palestiniens », note le think thank. Une hausse de quatre points par rapport à févier 2024. 60 % des Français déclarent que le 7 octobre a renforcé leur empathie à l’égard de la communauté juive. Dans le même temps, plus de six personnes sur dix déplorent l’invisibilisation médiatique des victimes civiles à Gaza. Une opinion majoritaire dans tous les électorats, sauf dans celui du Rassemblement national. Sur l’existence d’Israël, 64 % des sondés considèrent que le pays a le droit d’exister en tant que « patrie du peuple juif ». Les deux tiers de ceux qui déplorent l’invisibilisation des morts civiles palestiniennes reconnaissent aussi ce droit à l’Etat hébreu. A noter l’exception des 18-24 ans qui ne sont que 34 % à partager cet avis.

« Si des distinctions importantes se dessinent, les Français partagent majoritairement une inquiétude pour les populations de confession juive et musulmane en France », indique Destin Commun. Les trois quarts des personnes interrogées déclarent qu’elles seraient tout aussi ouvertes à avoir des amis juifs ou musulmans que des amis d’autres groupes de la société. 73 % des Français sont préoccupés par l’antisémitisme et 61 % par l’islamophobie. Si cinq Français sur dix considèrent que la France est un pays sûr pour les juifs, seulement 34 % le pensent pour les musulmans. Chez ses derniers, 63 % considèrent que la France est un pays sûr pour leur propre communauté. Une distinction s’impose dans les manières de caractériser l’hostilité que peuvent rencontrer les musulmans et les juifs dans l’hexagone. Pour les premiers, il s’agit de « discriminations assimilées à du racisme », indique l’étude, alors que pour les seconds ce sont davantage « des atteintes à leur intégrité et au risque sécuritaire ».

Un attachement à la liberté d’expression

Ces préoccupations n’empêchent pas les Français de rester attachés à la liberté d’expression. Ils sont plus de 70 % à déplorer que toute critique envers les juifs ou les musulmans soient assimilée à de l’antisémitisme ou à de l’islamophobie. Seuls les plus jeunes adhèrent majoritairement à une liberté d’expression encadrée pour ne heurter personne. Juifs et musulmans regrettent des plaisanteries « souvent déplacées » à leur égard, qui « alimentent un climat d’hostilité ».

Au sujet des causes de l’antisémitisme, les Français citent d’abord la politique de l’Etat d’Israël à l’égard des Palestiniens. Vient ensuite les dynamiques communautaires ou les discours politiques. Après un an d’un conflit particulièrement meurtrier et polémique, près de la moitié des personnes restent optimistes sur la capacité des juifs et des musulmans à coexister harmonieusement en France. « Hors des tensions liées au Proche-Orient, la cohabitation entre ces deux communautés semble globalement saine », souligne le think thank.

La « compassion étiolée » des musulmans à l’égard des juifs

Chez les juifs français, le 7 octobre 2023 a été un « traumatisme majeur ». Décrit comme une « Shoah bis », cet événement a réactivé un sentiment de menace existentielle. Très connectés aux médias israéliens, ils ont « embrassé le narratif de guerre de l’Etat hébreu et justifient ses agissements, y compris les développements actuels au Liban », note l’étude. Si les musulmans français expriment une « réelle empathie » à l’égard des juifs après les massacres du 7 octobre, leur « compassion est étiolée par l’asymétrie du rapport de force dans le conflit ». Le groupe de réflexion indique que de « nombreux musulmans s’identifient aux Palestiniens du fait d’une histoire coloniale partagée et d’une communauté de foi ». Sur les manipulations étrangères liées à l’antisémitisme, comme les mains rouges au Mémorial de la Shoah en mai 2024 orchestrée par la Russie, « les juifs peinent à faire la distinction entre les véritables actes antisémites et les entreprises de manipulation ».

Pour conclure, Laurence de Nervaux, directrice générale de Destin Commun, signale que « l’étude révèle que malgré un antagonisme irréconciliable au sujet du conflit israélo-palestinien dans leur vie en France, juifs et musulmans partagent des craintes et des frustrations communes, et ne sont pas hermétiques aux préoccupations les uns des autres ».

Méthodologie : enquête quantitative en ligne auprès de 2 0009 personnes, du 21 au 24 septembre 2024. Echantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Enquête qualitative de deux groupes de deux heures et de six participants réalisés les 24 et 25 septembres auprès des personnes de confession juive et musulmane.

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