Magistrat spécialiste du droit des enfants, cela fait 20 ans que le juge Edouard Durand se dédie corps et âme à la lutte contre les violences sexuelles sur mineurs. Si les enfants sont plus considérés qu’ils ne l’étaient à l’époque, l’écart entre les plaintes et les condamnations reste criant. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit le magistrat Édouard Durand, dans « Un monde un regard ».
A Brionne, le Printemps, enfin !
Par Pierre-Henri Gergonne
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Une première depuis 52 jours. A Brionne (Eure), en attendant le « grand » du dimanche, le « petit » marché du jeudi s'est tenu. Presque comme d'habitude sous un ciel bleu de printemps. Derrière les masques, les sourires sont visibles et les conversations vont bon train. Les distances devant les étals sont plutôt respectées par des clients à l'évidence heureux de retrouver leurs habitudes.
A quelques pas, l'œil (bienveillant) des gendarmes n'entame pas la bonne ambiance de cette nouvelle étape du déconfinement normand.
Depuis lundi, des signes avant-coureurs avaient souligné le dégel brionnais. Plus de voitures dans les rues, des vélos en plus grand nombre, quelques timides réouvertures de magasins et déjà des urgences. Comme ces queues sages et disciplinées devant les vitrines des coiffeurs aux habits de chirurgiens. Ou encore les plannings soudain complets pour quinze jours de la clinique vétérinaire…
Sous les masques, Brionne respire à nouveau. « On sentait une grande impatience de la population » explique Valery Beuriot, le maire du bourg normand qui lui aussi admet volontiers avoir traversé une période pour le moins atypique. Aujourd’hui la mairie de Brionne a retrouvé un visage de tous les jours. Ou presque. L'on y travaille masqué, chaque bureau protégé par de larges vitrines de plexiglas. La sécurité sanitaire qui l'a été pendant toute la période de confinement reste une absolue priorité pour l'élu.
Pénurie de masques : une bataille gagnée
Et tout n'a pas été simple. Comme partout en France la pénurie des masques a marqué et contraint à faire preuve d'une ingéniosité sans limite. Dès lundi, l'ensemble des 5 000 habitants de Brionne auront bénéficié d'un masque. « Nous avons bénéficié d'un formidable réseau de couturières bénévoles. Un atelier de fabrication a été installé dans les locaux municipaux. Une commande à la société Arabesque et la dotation du département nous a permis d'être au niveau des attentes » se félicite le maire. Une petite mais belle victoire.
Mais il y en a d'autres qu'il faudra mener pour enfin tordre le cou de la crise. Comme celle d'un retour à la normale du fonctionnement des deux écoles publiques (maternelle et primaire) de la ville. Et force est de constater que les « directives et protocoles » du gouvernement ne facilitent guère les choses… après concertation avec les parents et la « communauté éducative », décision a donc été prise d'une réouverture le lundi 18 mai.
Dans ce contexte, un quart seulement des enfants seront accueillis mais des conditions de sécurité optimales respectant les consignes venues d'en haut.
L'avenir du petit commerce demeure incertain
Mais d'autres nuages planent encore sur Brionne et assombrissent la bonne humeur ambiante du déconfinement.
Si une majorité de commerces retrouve petit à petit une activité normale, quelques-uns ont déjà définitivement baisse leurs rideaux victimes d'un confinement financièrement mortel. Comme cette fleuriste installée à Brionne depuis 5 ans et dont les jours à venir serviront à liquider ses stocks. « Il est vrai que la période est difficile pour nos commerçants et artisans, admet Valery Beuriot conscient de la fragilité du tissu commercial du bourg. « Mais force est de reconnaître que l'accès au Fonds de solidarité comme l'annulation des charges sociales ont été des outils qui ont eu leur utile ».
Reste aussi un « grand point d'interrogation ». Celui de l'avenir de l'entreprise Tramico, sous-traitant automobile, l'un des gros employeurs du secteur avec ses 250 salariés.
Une source fiscale aussi non négligeable pour Brionne via les rétrocessions de l'intercommunalité. « Tout dépendra de la relance du secteur automobile… » soupire l'élu visiblement inquiet.
En attendant la vie communale reprend ses droits et ses usages. Le 27 mai, le nouveau conseil municipal sorti des urnes le 15 mars (une éternité…) sera officiellement installé conformément aux souhaits du gouvernement. Une satisfaction pour Valéry Beuriot, réélu haut la main et impatient de retrouver une « collégialité » que les vidéos conférences n'approchent que de loin.
D'ici là les Brionnais retrouveront - pour la promenade seulement - leur « base de loisir » pour profiter des beautés de la vallée de la Risle.
A Bionne, le virus reste absent. A ce jour aucun cas de contamination n'a été détecté.
La loi Fauchon suffit, estime le maire de Brionne
A Brionne comme ailleurs, les maires sont en premières lignes pour mettre en œuvre les mesures de déconfinement. « Il faut éviter les positions dogmatiques, souligne le maire Valéry Beuriot. Le pragmatisme et la concertation doivent être les règles ».
Et dans cette période, la responsabilité des élus reste un sujet sensible. Sur ce point le maire de Brionne se veut rassurant. « Nous sommes en responsabilité et chacun de mes collègues maires partagent ce sentiment. Nous avons de contacts entre nous comme avec les services de l'Etat et nous avons eu des débuts de réponses sur ces questions de responsabilité. Je pense que la loi Fauchon - du nom du sénateur Pierre Fauchon aujourd'hui disparu - qui régit la responsabilité des maires est suffisante. N'oublions pas que la responsabilité pénale des élus ne peut-être engagée que s'il existe une faute intentionnelle et délibérée ».
Des dispositions confortées par la jurisprudence.