À Pantin, des médecins généralistes en première ligne contre le Covid
Ilham Najem, Pierre Sixou et Yohan Saynac sont médecins généralistes, ils travaillent à la maison de santé de Pantin, en Seine-Saint-Denis, un des départements les plus touchés par le coronavirus. En première ligne face à la crise, Ils nous racontent comment ils ont dû s'adapter entre le manque de moyens et le peu de coordination avec les hôpitaux.
Par Cécile Sixou
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« J'ai envie de poser mon stéthoscope pour écouter leurs poumons , mais comme je ne peux pas , je leur demande de compter jusqu'à 50 ». Ilham Najem, l'un des 3 médecins de la maison de santé de Pantin, ne fait plus de la médecine comme avant. Depuis 3 semaines, avec ses deux collègues Pierre Sixou et Yohan Saynac, ils sont passés à la téléconsultation, et ne voient leurs patients que par écrans interposés. « L'idée, c'est de voir physiquement le moins de monde possible pour éviter d'infecter des gens qui ne le sont pas ». Aujourd'hui, les trois médecins généralistes ne traitent quasiment que des cas de Covid-19 : « sur 30 consultations, 3 sont classiques, les 27 autres, c'est pour le Covid ». Pierre n'est pas convaincu par la méthode, « on ne voit pas grand-chose », et Ilham a toujours peur de passer à côté de quelque chose. Les trois médecins n'ont pas pour autant arrêté de recevoir les patients dans leur cabinet mais se limitent aux malades pour lesquels ils ont des doutes, ceux qui présentent des difficultés respiratoires : « on veut les examiner cliniquement ».
« Je vais travailler la boule au ventre »
Des doutes, Ilham en a eu la semaine dernière, pour un patient de 35 ans : « Quand il est arrivé ici, il n'arrivait plus à parler, c'est sa femme qui parlait pour lui, il avait appelé le Samu mais comme il n'avait pas d'antécédent et vu son âge, on lui avait dit de rester chez lui ». Ilham a rappelé le Samu, 20 minutes d'attente au téléphone et 1h30 avant qu'un véhicule non pas du Samu mais de la croix rouge n'arrive. « ça prouve que c'est complètement saturé, il n'y a plus de moyens, au téléphone, on m'a dit que je devais m'estimer contente d'avoir eu un moyen de transport et qu'il fallait que je m'habitue ». Mais pour Ilham impossible de s'habituer, elle a dû laisser son patient, extrêmement affaibli, marcher seul jusqu'à l'ambulance : « je me suis dit c'est pas possible, c'est pas vrai, la normalité aurait été de le porter, de l'aider, malheureusement on n'est pas assez équipé pour se protéger ». L'homme de 35 ans a été intubé 48 heures plus tard en réanimation : « pour sa femme c'est horrible, elle ne peut pas voir son mari, elle doit rester confinée, elle vit un cauchemar seule, à distance ». Depuis, Ilham va travailler avec « la boule au ventre » : « je me demande tous les matins combien de fois je vais devoir appeler le Samu et je me prépare aussi à ce qu'ils ne puissent plus venir. Je ne suis pas devenue médecin pour laisser des gens sur le bord du chemin ».
Masque 3D
Cécile Sixou (Public Sénat)
Pourtant, pas question d'arrêter, même s'ils manquent de moyens. Comme la plupart des médecins de ville, ils n'ont pas reçu de masques : « on n'est pas du tout équipé, c'est un scandale, les personnels soignants vont forcément finir contaminés à 100% ». Du coup, ils se débrouillent. Ilham a « pleuré » à la pharmacie en bas de chez elle pour en récupérer, Pierre en a obtenu grâce à un ami qui travaille aux pompes funèbres et Yohan a lancé un appel sur twitter. Appel visiblement reçu par les patients qui leur ont cousu des masques et des charlottes « et on a même reçu un masque fabriqué grâce à l'imprimante 3D d'un patient ». Grâce à la solidarité, ils tiennent le coup, mais se demandent pour combien de temps : « on est en train de voir si potentiellement on peut stériliser les masques en les mettant au four ».
« Nous à Pantin , ça va encore »
En Seine-Saint-Denis, depuis vendredi, les hôpitaux sont saturés. Une situation pas étonnante pour les trois médecins : « il y a des patients avec qui c'est compliqué parce qu'ils ne parlent pas français, ils ne comprennent pas bien les consignes, les gestes barrière et le confinement », même si par rapport à d'autres communes de la Seine-Saint-Denis ils s'estiment heureux : « nous à Pantin, ça va encore, mais à Drancy, la Courneuve ou le Bourget, ça doit être la cata ».
Pierre Sixou, médecin généraliste à Pantin
Public Sénat
« On n'est pas préparé à ça »
La catastrophe, pourtant, ils s'y préparent déjà. Yohan participe régulièrement à des réunions de coordination entre des médecins généralistes, des soignants des hôpitaux et l'Agence Régionale de Santé, l'ARS : « ce qui va arriver, c'est que pour désengorger les hôpitaux ils vont faire sortir des gens qui sont en train de mourir ou qui ont encore des symptômes respiratoires et on va nous demander, à nous les généralistes, de s'en occuper ». Accompagner des patients en fin de vie, tous l'ont déjà fait au cours de leurs études, mais ne se sentent pas préparés : « nous demander ça, c'est comme demander à un gardien de but de jouer attaquant, il comprend le foot, mais il ne va pas marquer de but, nous c'est pareil, on n'est pas préparé à ça, on ne va pas bien faire notre travail ». Les trois médecins sont aussi inquiets de ne plus voir leurs patients qui ont des maladies chroniques et qui n'osent plus les contacter ou venir au cabinet : « toutes ces personnes qui ont besoin de soins, si ça dure, ça va faire autant de morts collatérales ». Les trois médecins s'attendent également à « une deuxième vague » liée au confinement : « ça va créer des traumatismes psychiques chez certaines personnes et ça va laisser des séquelles ».
Un mur invisible entre la ville et l'hôpital
Pour eux, si la situation perdure, il va falloir réfléchir à autre mode de fonctionnement entre la médecine de ville et l'hôpital. Aujourd'hui, nous dit Ilham, « il y a un mur invisible entre l'hôpital et la ville, je ne comprends pas par exemple que quand un patient est hospitalisé en réanimation, on ne demande pas au médecin traitant d'être présent, c'est lui qui a les informations sur le patient, c'est celui qui le connaît le mieux ». Elle souhaiterait également que l'on donne plus de moyens aux médecins de villes : « ils sont en première ligne, il pourrait tester les gens, leur donner des masques , faire de la prévention ». Tous reconnaissent tout de même que la crise du Covid les forcent déjà à créer des ponts entre la ville et l'hôpital : « en deux mois on a gagné 10 ans »
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