Affaire Bétharram : « Nous avons besoin de briser le silence », demande Sarah El Haïry

Accusé par la gauche d’avoir minimisé sa connaissance des faits de l’affaire Bétharram, François Bayrou sera auditionné le 14 mai à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête parlementaire sur « les modalités du contrôle par l’État des violences dans les établissements scolaires ». « Les violences sexuelles, en particulier sous institution, sont encore sous le poids du silence profond », déplore Sarah El Haïry, Haute-commissaire à l’Enfance, invitée sur Public Sénat ce mercredi 30 avril.
Théodore Azouze

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Une omerta à faire cesser. La Haute-commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry invite ce mercredi 30 avril les victimes de violences sexuelles lorsqu’ils étaient enfants à « libérer la parole ». Un appel qui intervient en pleines révélations sur l’affaire Bétharram, cet établissement scolaire catholique des Pyrénées-Atlantiques visé par 200 plaintes d’anciens élèves pour des agressions physiques ou sexuelles. « Ce qui est certain, c’est que nous avons besoin de briser le silence », souligne la vice-présidente du MoDem, invitée de la matinale de Public Sénat.

L’affaire secoue jusqu’au plus haut niveau de l’État : le Premier ministre François Bayrou est accusé par une partie de la gauche d’avoir minimisé sa connaissance des faits. Le responsable avait scolarisé plusieurs de ses enfants au sein de Notre-Dame-de-Bétharram. Son épouse y dispensait également des cours de catéchisme. François Bayrou nie l’ensemble des mises en cause qui lui sont reprochées. La semaine dernière, sa fille, Hélène Perlant, avait révélé avoir été rouée de coups par un prêtre lors d’un camp d’été organisé par la même congrégation religieuse que celle à la tête de l’établissement, sans avoir prévenu sa famille de son agression. 

« Il y a 30 ou 40 ans, on écoutait moins les enfants »

Le locataire de Matignon sera interrogé sur le sujet du scandale Bétharram le 14 mai prochain à l’Assemblée nationale. L’audition aura lieu devant la commission d’enquête parlementaire sur « les modalités du contrôle par l’État des violences dans les établissements scolaires ». Sarah El Haïry, proche du Premier ministre, n’a pas souhaité commenter précisément cette convocation, mais appelle à ce que « la politique de prévention de ces violences » sur mineurs « soit plus forte ». « Les violences sexuelles, en particulier sous institution, sont encore sous le poids du silence profond », argumente l’ex-ministre déléguée chargée de l’Enfance dans le gouvernement de Gabriel Attal. « Il y a 30 ou 40 ans, on écoutait moins les enfants. »

Sarah El Haïry rappelle que tout soupçon sur des faits suspectés de violences sur mineurs peut être remonté en composant le numéro 119, la ligne du service national d’accueil téléphonique pour l’enfance en danger. La responsable salue par ailleurs l’annonce de la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, sur l’expérimentation d’une distribution de questionnaires destinés aux élèves des internats ou étant partis plusieurs jours en voyage scolaire. Une démarche qui devrait être généralisée d’ici à la rentrée prochaine.

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