Agressions sexuelles : « A partir de 22 heures, je m’interdis de prendre les transports en commun » confie cette étudiante.

Agressions sexuelles : « A partir de 22 heures, je m’interdis de prendre les transports en commun » confie cette étudiante.

D’après les chiffres du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, 9 femmes interrogées sur 10 adoptent des conduites d’évitement pour ne pas subir d’actes sexistes de la part des hommes. Depuis qu’elle a été victime d’agressions sexuelles dans l’espace public, Jeanne, étudiante de 21 ans, a mis en place des stratégies sécurisantes. Elle témoigne dans l’émission « dialogue citoyen ».
Kenza Lalouni

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« J’ai déjà été suivie dans la rue, et un homme a déjà essayé de prendre une photo sous ma jupe ». C’est ce que raconte Jeanne, 21 ans, étudiante en ingénierie. « A toute heure de la journée, quand je prends les transports en commun j’aime bien me mettre à l’avant. Je suis proche du conducteur si jamais il y a un problème » détaille-t-elle. Mais lorsque la nuit tombe, « il y a généralement moins de monde ». Prendre les transports en commun n’est alors même plus envisageable.

Lorsqu’elle sort le soir, l’étudiante privilégie le taxi et décrit comment s’est mise en place une solidarité féminine entre amies. « On garde toujours un peu de sous de côté pour rentrer en taxi. Grâce aux applications qu’on a maintenant, on peut partager le coût ». Lorsque la sénatrice LR de l’Essonne Laure Darcos lui demande si ses amis masculins attendent qu’elle soit dans un taxi pour partir, Jeanne relève que « ça arrive qu’il y ait des oublis ».

« Moi aussi, j’ai subi des agressions sexuelles »
Laure Darcos, sénatrice

Le témoignage d’une sénatrice

« On a tous subi ces types qui sont derrière vous et qui se frottent contre vous » renchérit Laure Darcos, qui avoue avoir aussi « subi des agressions sexuelles. J’étais furieuse de m’être fait avoir. J’ai réagi en me disant jamais plus ». Elle raconte être devenue « dominante » pour ne plus être la cible d’auteurs de violences sexistes et sexuelles.

Les chiffres du rapport annuel du Haut conseil à l’égalité entre les hommes et les femmes sont alarmants. Ils témoignent d’un phénomène massif. La quasi-majorité des femmes contournent voire renoncent à certaines situations, pour ne pas prendre de risque. 8 femmes sur 10 disent, comme Jeanne, avoir peur de rentrer chez elles le soir. 55 % des sondées renoncent parfois à sortir. Le vêtement est aussi sujet à stratégies. 52 % disent ne pas s’habiller comme elles le voudraient, par peur. Dans l’espace public, Jeanne « opte pour des tenues couvrantes », et craint de porter des décolletés.

Des stratégies généralisées

Le rapport sur l’état du sexisme du HCE conclut qu’il existe un décalage entre la conscience du risque encouru par les femmes lorsqu’elles sortent, et les mesures qui existent pour les protéger. Ce qui explique qu’elles continuent à intégrer des mécanismes de protection « dès le plus jeune âge et tout au long de la vie ».

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