Plus de 300 000 enfants bénéficient de l’aide sociale à l’enfance. Parmi eux, beaucoup sont en souffrance et nécessitent une prise en charge adaptée. C’est la démarche qu’a entreprise Thierry Trontin, cofondateur de « La Croix des Quatre Chemin », dans le Puy-de-Dôme, un lieu de vie où trois adolescents sont encadrés par sept éducateurs se relayant sept jours sur sept. Un modèle à suivre selon Perrine Goulet, député de la Nièvre, elle-même passée par l’aide sociale à l’enfance : « Dans les structures où il y a dix, quinze enfants, les crises de certains ne sont pas gérables. Il nous faut plus de structures plus petites pour arriver à remettre ces enfants-là sur le bon chemin ». Des enfants parfois qualifiés d’"incasables", une expression que Perrine Goulet et Annick Moine, assistante familiale, réfutent ensemble : « Ils ne sont pas incasables, c’est nous qui n’arrivons pas à trouver les cases qui leur conviennent ». Des cases, des prises en charge, ou des soins qui manquent essentiellement faute de moyen. Une honte pour Annick Moine : « Quand on nous dit qu’il n’y a pas de moyen pour les enfants, cela me gêne énormément. Quand on a besoin d’orthophonie, de psychomotricité fine, on nous demande de ne pas aller voir de médecins libéraux, parce que c’est plus cher et qu’il n’y a pas le budget. Mais pour nos enfants, on le fait, alors pourquoi pas pour eux ? ».
Des inégalités territoriales
Mais les difficultés de l’aide sociale à l’enfance, dont la compétence relève des départements, s’expliquent-elles uniquement par un manque de moyen ? « Les moyens ne sont pas illimités, c’est un fait. Néanmoins, en fonction de la volonté des politiques, on peut veiller à ce que ces moyens soient mis en place » nuance Véronique Martin Saint Léon, du Conseil Général du Puy-de-Dôme, qui cite son département en exemple : « Le président du Conseil départemental a souhaité en faire une grande cause de fin de mandat. Du coup, on a vu l’évolution de notre budget augmenter de 17% ». Perrine Goulet abonde dans ce sens : « Il y a des départements qui mettent les moyens comme ils peuvent, et d’autres qui ont les moyens mais qui ne les mettent pas. C’est le grand problème de la politique de la protection de l’enfance. En fonction de son département, un enfant ne sera pas pris en charge de la même manière ».
Les lieux de vie, une solution possible ?
D’autant plus que lorsque les moyens sont mis au service d’une véritable volonté de la part des départements, les lieux de vie portent leurs fruits. « Quand on a des enfants en rupture, il faut oser et innover » prône Véronique Martin Saint Léon, c’est le cas à la Croix des Quatre Chemins : « Ils ont des éducateurs en nombre, mais surtout une psychologue, qui est sur place. Et ça, ça joue beaucoup » insiste Perrine Goulet. C’est en tout cas ce que semble indiquer l’état de Maxime, l’un des adolescents pris en charge dans ce lieu de vie, comme en témoigne Thierry Trontin : « On ne le reconnaît plus du tout. Il est vraiment dans une bonne dynamique ». L'adolescent a ainsi renoué avec sa famille.
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