Une étude du think thank Destin Commun « bat en brèche la vision d’une France polarisée autour du conflit au Proche-Orient ». La plupart des Français n’ont pas choisi de camp et ont autant de compassion envers la communauté juive que des victimes civiles à Gaza. Ils se déclarent également inquiets par l’antisémitisme et l’islamophobie dans l’hexagone.
Alcool, drogues, chemsex : les alertes d’un addictologue
Par Public Sénat
Publié le
Alors que Le Parisien a fait, la semaine dernière, sa une sur le GHB, Le Monde alerte, au même moment, sur le développement du chemsex, le sexe sous drogues.
Invité sur Public Sénat pour en parler, le professeur Michel Reynaud, psychiatre, addictologue et président du Fonds Actions Addictions, tient à préciser d’emblée, certains faits. Si le GHB est souvent présenté comme « la drogue du violeur », l’addictologue est catégorique : « La vraie drogue du violeur, c’est l’alcool. »
« La vraie drogue du violeur, c’est l’alcool. »
En revanche, le GHB, utilisé parfois, effectivement, pour faciliter les agressions sexuelles, est de plus en plus consommé comme drogue récréative, de façon volontaire. « Le GHB qui facilite l’empathie, qui rend heureux, décontracte, est de plus en plus utilisé (…) On a vu augmenter les overdoses à ce produit (…) C’est moins utilisé que les autres produits graves, néanmoins c’est en train de monter dans un contexte inquiétant » explique-t-il.
Les gens essaient de plus en plus « un tas de produits » pour « se sentir plus forts, désinhibés ». Être désinhibé sexuellement est souvent recherché. Pour « booster la libido », « tenir la nuit », des personnes prennent du GHB, tout en prenant de la cocaïne, du LSD, de l’ecstasy…Les mélanges sont légion.
Des drogues de plus en plus faciles d’accès
Et toutes ces drogues sont de plus en plus faciles d’accès. Il suffit parfois des les commander sur le net : « Les moins de 18 ans, dans un tiers des cas, disent qu’ils peuvent avoir accès à la cocaïne, au GHB, à l’ecstasy (…) C’est un premier indicateur et ça risque de monter » prévient Michel Reynaud.
L’addictologue évoque également les dangers du chemsex, sexe sous drogue qui peut durer plusieurs jours, avec une multitude de partenaires : « Ce [sont] des grands week-ends de baise à tout va, sans limite (…) Ces drogues agissent à la fois sur le désir sexuel et sur l’empathie (…) Ce [sont] des produits qui dans un premier temps, exaltent, augmentent le plaisir. Les utilisateurs ont l’impression de contrôler, de faire la fête, avec une sexualité débridée (…) Ce [sont] évidemment des pratiques souvent non protégées parce que tellement débridées (…) ça augmente les risques d’infections sexuellement transmissibles : hépatites, VIH (…) C’était une pratique dans certaines communautés homosexuelles et qui est en train de passer dans la communauté hétérosexuelle, dans le monde de la nuit. »
Pour lutter contre ces fléaux, la marge de manœuvre n’est pas grande : « L’important est de former les communautés utilisatrices que ça n’est pas sans risque, comme [elles] l’imaginaient au début (…) Il doit y avoir une autorégulation de la communauté avec ces comportements, qui, lorsqu’ils dépassent les limites deviennent très toxiques, pour ceux qui les vivent »
L’alcool, « le plus dangereux » des psychotropes
Mais pour Michel Reynaud, le plus grand des dangers reste l’alcool. L’addictologue a d’ailleurs cosigné ces dernières semaines, deux tribunes sur ses ravages et souhaite ardemment être entendu, tant le problème est sournois :
« L’alcool, tout le monde le connaît et tout le monde sait que c’est le (…) plus agréable, le plus raffiné, le plus culturel des psychotropes. C’est aussi le plus dangereux. Tant qu’on n’aura pas compris, qu’en même temps qu’il y a la face très positive, il y a la face la plus terrible, des violences familiales, conjugales, des maladies mentales, des maladies hépatiques, des cancers, des maladies fœtales…C’est la plus grosse catastrophe sanitaire, une épidémie non repérée, parce que justement, on ne veut voir que le côté positif. Je pense qu’il faut informer, qu’il faut essayer de limiter les dégâts. Il faut savoir que quand même, 75% des Français boivent dans les dix verres par semaine, c'est-à-dire un niveau de risques très limité (…) Par contre les 25% restant, sont à la source de toutes les complications, de toutes les maladies. Mais le problème c’est que ces 25% consomment 80% de l’alcool vendu. Et que les 8% de dépendants consomment 50%. »
Avant de conclure : « Il y a un problème profondément économique, avec la filière, comme avec les grands alcooliers, qui savent, mieux que moi, à quel point ils ont besoin des très gros consommateurs. Tout en vantant l’alcool plaisir, le vin culture. »
Vous pouvez voir et revoir l’entretien avec le Pr Michel Reynaud, en intégralité :