En octobre, Alstom annonçait vouloir fermer son site de Belfort, qui emploie plus de 400 personnes, pour le déménager en Alsace. Le gouvernement s’était alors engagé sur une commande de 15 rames TGV, destinés à circuler sur la ligne Intercités Marseille-Bordeaux, afin de sauver le site belfortien. Trois mois plus tard, le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, était ce matin devant les sénateurs.
Confrontés aux rumeurs remettant en cause la commande du gouvernement, il a dit avoir « toute confiance [dans le] gouvernement » pour qu’il respecte ses engagements."
Récemment, en effet, une note des services juridiques de Bercy consultée par la lettre spécialisée Mobilettre a considéré comme non viable le montage juridique imaginé par le gouvernement pour assurer la commande. De quoi la remettre en cause? Non, assure le secrétariat d'Etat chargé de l'Industrie. "La commande n'est en rien remise en cause."
Henri Poupart-Lafarge a a par ailleurs assuré que les investissements dans le site de Belfort auxquels l’entreprise s’est engagée avaient commencé à être mis en œuvre. Le site de Belfort devrait être diversifié au niveau des services proposés, aussi bien que des produits, notamment la locomotive de manoeuvre.
Henri Poupart-Lagarde, PDG d'Alstom : "Alstom est bien positionné sur un marché en croissance"
Avec 34 milliards de commandes, pour un chiffre d’affaires annuel de 7 milliards d’euros l’année passée, l’entreprise présente aujourd’hui une forte croissance – de 5% par an, qui devrait se poursuivre au moins jusqu’en 2020. En effet, a expliqué le PDG, elle surfe sur un marché en pleine expansion. Alors que l’urbanisation du monde accélère le besoin ferroviaire, la transition écologique des grandes villes occidentales booste la demande en transports publics. « On est sur un marché aux fondamentaux très sains. », assure Henri Poupart-Lafarge.
« La France est le pilier du groupe. », a-t-il renchéri. Mais il a prévenu les sénateurs des deux « défis » qui intéressent, conjointement, Alstom et la France.
Henri Poupart-Lafarge : "Alstom est à la croisée de deux défis français : celui du transport, et celui de l'industrie"
Le premier est ferroviaire. « Il y a un lien direct entre la situation ferroviaire, et notamment du fret en France, et celle d’Alstom. » a-t-il expliqué. « Tant que le fret sera secondaire par rapport aux passagers, il y aura un retard. »
Le second est industriel. Henri Poupart-Lafarge a reconnu la place centrale d’Alstom dans l’industrie française et dans l’emploi, notamment à travers ses réseaux de sous-traitants. Mais il a pointé le danger de la concurrence internationale accrue. « Dans ces grands contrats, l’équipe de France a vraiment du mal à exister par rapport au Japon, Corée, Chine. Nous n’avons pas la structure financière et la taille, face à ces grands marchés qui sont très tirés par de grandes stratégies d’Etat à Etat. »
Il a récusé les critiques quant aux importants dividendes reçus par les actionnaires, et le montant de la commande publique exigée de l’Etat pour conserver le site de Belfort. « Par définition nous vivons de la commande publique » a-t-il déclaré. « Ce qui est important c’est que nous ne vivions pas que de la commande publique française. »