Après l’audition de Judith Godrèche, les sénateurs socialistes demandent une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma

Ce jeudi, Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, a demandé au Président du Sénat la création d’une commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma, le spectacle vivant et les médias.

« Il nous a semblé que nous ne pouvions pas ignorer la demande de Judith Godrèche »

Après avoir porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon pour viol sur mineur, Judith Godrèche, auditionnée le 29 février dernier par la délégation aux droits des femmes du Sénat, en avait fait la demande. « Il nous a semblé que nous ne pouvions pas ignorer la demande de Judith Godrèche », a expliqué à Public Sénat Colombe Brossel, sénatrice socialiste de Paris, « elle est venue interpeller le Sénat, nous ne pouvons pas ignorer à la fois les témoignages qu’elle a reçus, et ce dont elle a elle-même témoigné ». La présidente de la délégation aux droits des femmes du Sénat, Dominique Vérien, soutient cette demande. « Le groupe socialiste avait déjà demandé la mission d’information sur les violences sexuelles sur mineurs dans les institutions, pour lesquelles Marie Mercier, Michelle Meunier et moi-même avions été rapporteures, à la suite du scandale dans l’Eglise et avant que la CIASE se mette en place, il y a donc une continuité dans leur démarche », a-t-elle expliqué, « le fait de s’intéresser au cinéma et au cas particulier des enfants qui travaillent permet d’avoir un prisme différent et complémentaire ».

Violences sexistes et sexuelles : « Tous les milieux peuvent être concernés »

Les sénateurs socialistes, avec cette commission d’enquête, espèrent « mettre fin à un système destructeur », dans un « milieu où les violences sont systémiques, tues, et où règnent une impunité et une omerta », expliquent-ils dans un communiqué. Pour Colombe Brossel, « c’est un sujet qui touche tous les secteurs, par exemple les écoles de théâtre ». C’est la raison pour laquelle le spectacle vivant et les médias ont été rajoutés à l’intitulé de la potentielle commission d’enquête. C’est un point de vue partagé par Dominique Vérien : « Le fait d’élargir au spectacle vivant est intéressant. Le mode opératoire [au théâtre] est le même qu’au cinéma. La danse est également concernée : qu’est-on est prêt ou prête à accepter pour faire partie du film, de la pièce ou du ballet ? Les médias sont peut-être un sujet plus éloigné où le processus est différent mais pourquoi pas. […] Tous les milieux peuvent être concernés. Le sujet est le pouvoir et ce qu’on en fait d’un côté et la dépendance et ce qu’on est prêt à sacrifier de l’autre pour obtenir ce dont on rêve : une place, une médaille (dans le sport) ».

Une commission d’enquête similaire a été menée à l’Assemblée nationale sur les violences sexistes et sexuelles dans le sport, dont le rapport a été remis en décembre dernier. « Elle avait permis de faire affluer une multitude de témoignages, avait abouti à des recommandations fortes et a eu un très gros impact », se souvient Colombe Brossel.

Une demande qui doit être soumise au vote du Sénat

Les socialistes ont déjà utilisé leur droit de tirage, le pouvoir qui est accordé à chaque groupe politique de constituer une commission d’enquête, pour travailler sur les influences étrangères. Il faudrait donc que la demande, après avoir été examinée par les commissions de la culture et des lois, soit mise à l’ordre du jour du Sénat sous la forme d’une résolution, et adoptée.