« Ascoval : la bataille de l’acier » : Un an, au cœur de l’aciérie aux côtés des ouvriers
Sujet sensible à Bercy, le dossier d’Ascoval usine menacée de fermeture est au centre des inquiétudes. Alors que l’avenir des salariés de l’entreprise reste incertain, Eric Guéret a filmé pendant un an le combat des employés dans son documentaire « Ascoval : la bataille de l’acier ». Rencontre.

« Ascoval : la bataille de l’acier » : Un an, au cœur de l’aciérie aux côtés des ouvriers

Sujet sensible à Bercy, le dossier d’Ascoval usine menacée de fermeture est au centre des inquiétudes. Alors que l’avenir des salariés de l’entreprise reste incertain, Eric Guéret a filmé pendant un an le combat des employés dans son documentaire « Ascoval : la bataille de l’acier ». Rencontre.
Public Sénat

Par Pierre Bonte-Joseph et Yanis Darras

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’envie de faire ce film, est née comment ?

Ce film est arrivé un peu par hasard. J’étais parti pour faire un film sur une usine qui allait fermer, celle d’Ascoval à Saint-Saulve dans le Nord. Miraculeusement, l’usine a survécu et j’ai transformé l’idée de départ du film, en estimant que c’était plus intéressant de faire un documentaire sur la survie de l’usine plutôt que sur sa mort. L’intrigue a alors changé et a soulevé une nouvelle question : est-ce que la désindustrialisation en France est une fatalité ? Et toute l’histoire de cette usine pose la question du sauvetage du travail et de cette lutte contre la désindustrialisation. Est-ce qu’il y a une fatalité à ça ? S’il n’y a pas encore de réponse à cette interrogation, moi, je suis sûr que non. Tôt ou tard on aura besoin de nouveau de produire localement de l’acier. On ne pourra pas continuer à transporter de l’acier de Chine.


Qu’est-ce qui vous a le plus fasciné durant votre tournage : le combat des ouvriers ou l’usine en elle-même ?

Ce que j’ai trouvé fascinant, c’est l’enthousiasme et l’amour des gens pour leur travail. On a toujours l’impression qu’aller à l’usine, c’est difficile. Et pourtant, j’ai rencontré des gens passionnés par leur travail, heureux et terrorisés à l’idée de le perdre… Ce sont des gens qui ont un amour profond pour leur travail et c’est pour ça qu’ils se battent et ils se battront jusqu’au bout. Il y a une grande fierté parmi les ouvriers. D’autant qu’ils font un travail qui est hautement qualifié, car c’est extrêmement difficile de faire un acier de haute qualité. Je pense que l’amour qu’ils ont pour leur travail est incompréhensible si on ne va pas sur place, voir et un peu le toucher. Et c’est justement ce que j’ai essayé de faire à travers ce film.

« En réalité, dans la technostructure de Bercy, il y a des personnages qui ont joué un double jeu et qui n’ont pas soutenu autant le projet de reprise qu’ils le devaient. »

Dans le film Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, dénonce le double discours de l’État, qui en apparence soutient le projet de reprise d’Ascoval, mais qui ne ferait pas pression sur Vallourec pour qu’elle facilite la reprise de l’usine par un tiers… vous vouliez montrer la duplicité de l’État ?

Je raconte des choses très factuelles. Il se trouve que Bruno Lemaire s’est engagé, assez sincèrement selon moi, à soutenir cette industrie. Mais le personnel de l’entreprise a fini par se rendre compte qu’il y avait des grains de sable dans la machine et que finalement, ça ne fonctionnait pas. En réalité, dans la technostructure de Bercy, il y a des personnages qui ont joué un double jeu et qui n’ont pas soutenu autant le projet de reprise qu’ils le devaient. Encore une fois, ce n’était absolument pas prévu à l’origine mais il ne s’agit que d’un simple cas d’école, et je suis tombé dessus.
 

ascoval


Qu’est-ce que vous garderez de ce tournage, comme image forte ?

Je garderai comme image forte, l’acharnement de ces hommes et de ces femmes, à garder leur travail, à garder ce savoir-faire. C’est un très bel exemple d’acharnement et un très bel acte d’amour envers son usine. On dit souvent que les Français ne veulent plus travailler. Avec les salariés d’Ascoval, j’ai vu l’opposé. J’ai été fasciné par cette usine à laquelle les salariés sont attachés. Elle vit : il y a le bruit, la chaleur. C’est aussi un des personnages de mon film.

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

« Ascoval : la bataille de l’acier » : Un an, au cœur de l’aciérie aux côtés des ouvriers
7min

Société

Stade de France, terrasses, Bataclan : dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, une série d’hommages sous le signe de l'émotion à Paris

Avant le discours prononcé par Emmanuel Macron en fin de journée, une série de commémorations se sont tenues ce jeudi 13 novembre à Saint-Denis et à Paris. 132 personnes sont mortes dans les attentats de 2015 au Stade de France, sur les terrasses parisiennes et au Bataclan. Des épisodes empreints d’une intense émotion, une décennie après les faits.

Le

« Ascoval : la bataille de l’acier » : Un an, au cœur de l’aciérie aux côtés des ouvriers
4min

Société

Jeux vidéo : plus de femmes que d’hommes parmi les joueurs, se félicitent les syndicats du secteur devant le Sénat

La délégation aux droits des femmes du Sénat organisait une première table ronde sur les jeux vidéo avec les représentants de syndicats de l’industrie. Une question guide leurs travaux. Comment faire respecter l’égalité homme femme dans un secteur qui attire désormais majoritairement les femmes avec 55 % des joueurs de la génération des 16 -30 ans.

Le