Alors que 14 personnes ont été renvoyées, le 16 mai, devant la justice dans le cadre du procès de l’assassinat de Samuel Paty, la famille du professeur souhaite avancer et « continuer le combat ». C’est en tout cas la démarche défendue par l’association « Unité Laïque » qui organisait, ce lundi 12 juin, une conférence de presse au Sénat en présence de la sénatrice LR du Val d’Oise, Jacqueline Eustache-Brinio. Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité Laïque, tient à relayer la parole et le combat de la sœur de Samuel Paty, Mickaëlle, en faveur de la mémoire de son frère. Jean-Pierre Sakoun affirme avoir « rencontré Mickaëlle Paty après l’assassinat » et explique que cette dernière « a senti un soutien sans discussion chez Unité Laïque ».
« Demander à tous les maires et conseils régionaux de nommer une rue au nom de Samuel Paty »
A travers une lettre de Mickaëlle Paty, lue durant la conférence de presse, Jean-Pierre Sakoun a appelé à « rendre public et honorer le nom de Samuel Paty, un héros du quotidien qui a fait son travail ». Depuis la mort du professeur d’histoire géographie, quelques dizaines de rues et de voies ont été renommées pour porter le nom de Samuel Paty. Une priorité pour les organisateurs puisque « deux ans et demi après l’assassinat, tout n’a pas été fait pour garantir la liberté d’expression », juge Jacqueline Eustache Brinio. Unité Laïque entend donc porter le combat mémoriel et porter l’initiative de « demander à tous les maires et conseils régionaux de nommer une rue au nom de Samuel Paty ». Pour accompagner ce travail de mémoire, l’association lance une carte interactive des lieux et voies renommées en hommage à Samuel Paty et propose de réaliser des entretiens avec chaque élu acceptant cette démarche. Tandis que la lettre de Mickaëlle Paty fustige une inversion des valeurs au détriment des victimes, Jacqueline Eustache-Brinio se dit « choquée que le collège de Samuel Paty ne porte toujours pas son nom ».
Une commission d’enquête ou une mission d’information devrait voir le jour à l’automne
Malgré un plaidoyer fort, Jean-Pierre Sakoun explique que « la mémoire et le fait d’honorer sont presque secondaires dans le combat de Mickaëlle Paty. Elle est dans une démarche de combat ». L’occasion de rappeler que Mickaëlle Paty a déjà sollicité les sénateurs, fin mai, pour la création d’une commission d’enquête afin de « sortir du doute sur les défaillances de l’Etat ». Alors que le président du Sénat Gérard Larcher avait souhaité que la demande soit traitée avec « attention et empathie respectueuse », Jacqueline Eustache-Brinio a confirmé « la création d’une commission d’enquête ou d’une mission d’information, a priori en octobre ». Chaque groupe du Sénat, une fois par session parlementaire, dispose du droit de créer une commission d’enquête. « On attend beaucoup d’une commission d’enquête ou d’une mission d’information afin de mettre au clair la chronologie des événements », affirme Jacqueline Eustache-Brinio. La sénatrice du Val d’Oise a émis plusieurs interrogations sur les difficultés que Samuel Paty a pu rencontrer pour mobiliser sa hiérarchie. La création d’une commission d’enquête a pour objet de recueillir des éléments d’information, sur des faits déterminés, sur la gestion des services publics ou des entreprises nationales. La création d’une commission d’enquête ne peut se faire sur des faits pour lesquels une enquête judiciaire est en cours.