Automobilistes : « vaches à lait » ou  générateurs de dépenses ?

Automobilistes : « vaches à lait » ou générateurs de dépenses ?

En début d’année, le gouvernement a annoncé l’abaissement à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires. Une mesure qui a mis en colère les associations d’automobilistes, déjà bien remontées.
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En début d’année, le gouvernement a annoncé l’abaissement à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires. Une mesure qui a mis en colère les associations d’automobilistes, déjà bien remontées.

Maître Eric de Caumont, avocat spécialiste en droit routier et président de l’association des avocats de l’automobile, est de ceux qui soutiennent que les automobilistes sont utilisés pour remplir les caisses de l’État, avec ce type de mesures : « Il y a six mois (…), on a privatisé les voitures- radars banalisées (…) Abandon de pouvoir régalien (…) à des sociétés privées (…) Il y a trois ans, on a baissé la vitesse maximale sur le périphérique de 80 à 70 (…) Dans les 10 années précédentes, où les radars avaient été installés sur les périphériques parisiens, il y avait 7 radars. Dans les 6 mois précédents la mesure, bizarre, on passe à 16 radars d’un seul coup. Résultat des courses, en 2013, il y avait 4 morts sur le périph, en 2014, il y en a eu 7. Donc ça ne donne rien. Par contre, on est passé de 138 000 PV par an à 461 000 les deux années suivantes. »

« Ça me navre d’entendre les propos que je viens d’entendre » réagit Emmanuel Renard, directeur de l'éducation et de la formation à l'association Prévention Routière. « On sait très bien que la réduction de la vitesse a un impact positif sur la baisse des accidents. C’est absolument évident. Dire que ça fait remplir les caisses de l’État, c’est faux (…) Il y a des règles. On sait très bien comment respecter le 80. Et je rappelle quand même qu’il y a 80% des gens qui ont plus de 11 points. Donc ça veut dire que les gens sont capables de garder leurs points. Et les femmes gardent encore mieux leurs points que les hommes » explique-t-il.

Lorelei Limousin, responsable des politiques de transport au sein du Réseau Action Climat, voit, dans ces mesures de prévention, des avantages pour tous, y compris les automobilistes :

« Ces mesures ont des bénéfices pour (…) la société, les automobilistes. La baisse des vitesses (…) a un impact sur la baisse de l’insécurité routière (…) Cela a aussi des impacts sur la pollution de l’air, sur les émissions de gaz à effet de serre. On voit qu’il y a un impact direct entre une baisse de vitesse et une baisse de consommation de carburant (…) C’est chiffré à plus de 120 euros d’économie par an, pour l’automobiliste. Donc il y a finalement un gain financier pour l’automobiliste grâce à la baisse des vitesses. »

 

Où va l’argent des amendes des automobilistes ?

 

Selon un rapport annexé à la loi de finances 2018, l’an dernier, les radars automatisés ont rapporté à l’État, 920 344 041 euros. 91,8% de la somme ont été réinjectés dans les routes et les 75 millions d’euros restants ont été consacrés au désendettement de l’État. 

Pour Maître Eric de Caumont, c’est la preuve que l’automobiliste est ponctionné à tout va, pour pallier tout : « Il est clair que l’automobiliste est non seulement la vache à lait mais la bouée de secours. C’est : « Où est-ce qu’on pourrait trouver de l’argent ? (…) L’automobiliste ?  (…) bonne idée. Il y a 40 millions de contribuables, allez ! On va en prendre un petit coup au passage ». »

Face aux chiffres de ce rapport, Lorelei Limousin a une autre analyse : « Ça montre bien, le coût faramineux de la route » juge-t-elle.  « Et si ce n’est pas l’automobiliste qui paye, c’est le contribuable. Donc, c’est nous tous (…) En tréalité, les automobilistes ne couvrent pas les coûts qu’ils causent sur la société. Que ce soit l’usage des infrastructures, la pollution de l’air, les changements climatiques. »

 

 

Vous pouvez (re)revoir le débat OVPL, en intégralité :

Automobilistes : « vaches à lait » ou générateurs de dépenses ?
25:01

 

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