« Aux heures de pointe, la distanciation sociale sur la ligne 13 ou le RER B, ça va être très compliqué »

« Aux heures de pointe, la distanciation sociale sur la ligne 13 ou le RER B, ça va être très compliqué »

La ligne 13 du métro parisien et le RER B se sont retrouvés bien trop remplis aux premières heures du déconfinement. Ces lignes, qui desservent la Seine-Saint-Denis, transportent beaucoup de travailleurs qui n’ont pas le choix du télétravail. RATP et SNCF assurent que les choses seront réglées. Le port du masque est respecté, mais des élus de gauche demandent sa gratuité.
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Pour les autorités, R.A.S., ou presque. Cette première matinée de déconfinement s’est bien déroulée dans les transports en commun d’Ile-de-France. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d’Ile-de-France Mobilités, a salué une « première matinée de déconfinement réussie ». Elle a présenté son plan pour le déconfinement dans les transports, la semaine dernière. Pour la PDG de la RATP, Catherine Guillouard, « comme il y avait plus d'offres, forcément les flux étaient mieux gérés, mieux maîtrisés ». « C'est une première journée qui pour l'instant se déroule correctement », a salué le secrétaire d'Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

Correctement ? Tôt ce matin, la situation n’était pourtant pas aussi bonne que cela sur certaines lignes. Si le port du masque obligatoire est bien respecté, certaines rames de la ligne 13 et du RER B se sont retrouvées bien trop remplies. Dans ces conditions, impossible de respecter la distanciation sociale, comme l’ont constaté plusieurs journalistes. Un vrai risque d’augmenter la propagation du virus, alors que tout le monde craint une deuxième vague.

Concernant la ligne 13, la RATP a apporté une explication un peu plus tard, évoquant « des infiltrations d'eau en début de service ». Quant au RER B, « les premiers trains du matin étaient un peu plus chargés, mais la situation est restée sous contrôle », a affirmé à l’AFP un porte-parole de la SNCF.

« Tout ça n’est pas simple à gérer »

Pour les élus de la région, la situation n’est « pas une surprise », souligne Philippe Dallier, sénateur LR de Seine-Saint-Denis. Il « espère que ça va se caler. Ce sont les premiers jours ». Le vice-président du Sénat se montre compréhensif. « C’est une organisation difficile à mettre en place. Il va falloir quelques jours pour arriver à une situation qui soit la meilleure possible. Il faut avoir conscience que tout ça n’est pas simple à gérer. On peut toujours dire de faire comme ci ou comme ça, mais on va voir quelles conclusions tirent la RATP et la SNCF » affirme Philippe Dallier.

Les entreprises ont reconnu les problèmes mais se montrent rassurantes pour la suite. Constatant « qu'une partie des voyageurs a bien intégré nos messages sur la nécessité d'éviter les heures de pointe et s’est levée plus tôt que d'habitude, d'où une fréquentation plus forte qu'attendue sur les premiers trains », un porte-parole de la SNCF assure que l’entreprise va « en tirer les leçons évidemment dès demain [mardi] matin ». Ile-de-France Mobilités a confirmé de son côté avoir relevé « quelques problèmes ponctuels très tôt le matin, dans la première demi-heure », qui ont vocation à être réglés en adaptant le service.

« Sur ces lignes, ce sont tous les métiers qui ont tenu bon pendant la crise, beaucoup habitent en Seine-Saint-Denis »

Mais face à la situation, certains élus demandent plus. « Dans les transports, on sait qu’il y a des difficultés. Ce que propose Valérie Pécresse ne va pas assez loin. Son plan doit être amélioré, même si je mesure la difficulté pour les usagers et Ile-de-France Mobilités. Mais respecter la distance entre les gens dans des rames hyper chargées est difficile » souligne Rachid Temal, sénateur PS du Val-d’Oise. Des filtrages à l’entrée des gares ont été annoncés la semaine dernière. Ils étaient censés éviter ce genre de problème… « Mais la difficulté avec le filtrage, c’est quand les gens ont obligation d’aller travailler », remarque le socialiste.

Le sénateur PCF de Seine-Saint-Denis, Fabien Gay, rappelle que les lignes concernées sont déjà des lignes à problèmes. « Je suis usager quotidien du RER B. Ce sont déjà des lignes surchargées en temps normal. Il y a besoin de travaux ». Alors dans le contexte, ça complique les choses, craint aussi le sénateur communiste : « Aux heures de pointe, la distanciation sociale sur la ligne 13 ou le RER B, comme sur d’autres, ça va être très compliqué ».

L’une des solutions vient de l’étalement des heures d’embauche, comme l’a décidé dans un accord la région, l’Etat et les partenaires sociaux. Mais encore faut-il que ce soit appliqué et applicable. Et bien sûr, la prolongation du télétravail, qui est aussi en vigueur. « Mais sur ces lignes, qui desservent la Seine-Saint-Denis, ce sont des gens qui sont obligés de venir au travail, car l’employeur leur a demandé. Et pour beaucoup, ils étaient au travail avant le 11 mai et utilisaient les transports. Ce sont tous les métiers qui ont tenu bon pendant la crise, beaucoup habitent en Seine-Saint-Denis. Je rappelle qu’un cadre sur deux était en télétravail, quand moins de 5 % des ouvriers l’étaient » pointe du doigt Fabien Gay.

« L’obligation du port du masque va de pair avec la gratuité »

Autre question : si le port du masque obligatoire est bien respecté au premier jour, les usagers pourront-ils tenir la longueur ? Des masques ont été distribués gratuitement ce matin, et encore demain, dans 220 gares, comme l’a prévu la région Ile-de-France. Mais pour les élus de gauche, il faut aller plus loin. « L’obligation du port du masque va de pair avec la gratuité » selon le socialiste Rachid Temal. Il ajoute :

50 masques pour 45 euros, quand on a une famille, c’est impossible à ce prix-là. On ne peut pas demander à des gens de choisir entre bouffer et mettre un masque.

Le sénateur PS demande « une distribution massive de masques par la puissance publique. Mais en termes de masques, comme de tests, on n’est pas au niveau en France ».

Même conclusion pour Fabien Gay, qui demande « de rendre les masques gratuits pour tout le monde, ou de les rembourser par la Sécu. Avec un masque chirurgical qui dure 4 heures, pour une famille de 4 personnes, c’est presque 200 euros par mois ». Et si on ne sait pas encore combien de temps il sera nécessaire de porter le masque, cette situation pourrait durer.

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